Qui est Klim Chipenko, le réalisateur russe du premier film tourné dans l'espace ?
Signe de l’importance de ce projet pour Moscou, les producteurs du film de Klim Chipenko sont Dmitri Rogozine et Konstantin Ernst, proches de Vladimir Poutine.
Publié le 06-10-2021 à 21h14 - Mis à jour le 06-10-2021 à 21h15
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/H7XLVEGYUZECVAP2GYZJPJ3JF4.jpg)
Le réalisateur russe Klim Chipenko, 38 ans, arrivé mardi à la Station spatiale internationale (ISS), en compagnie de son actrice Ioulia Peressild, a commencé à filmer avant même l'arrivée à bord de l'ISS, lors de l'arrimage. Il s'était envolé le matin même à bord d'une fusée Soyouz depuis le Kazakhstan.
Son objectif : réaliser le premier film jamais tourné dans l'ISS. Et à la clé, devancer le projet de long-métrage dans l'espace de la star américaine Tom Cruise (avec la Nasa et SpaceX), dans un contexte de tensions russo-américaines et de ruée "touristique" vers l'espace."On attendait ceci depuis tellement de temps que maintenant, on se sent un peu comme un rêve", a-t-il commenté à son arrivée dans la station spatiale.
Chipenko a douze jours pour tourner les séquences spatiales d'un film provisoirement intitulé Le Défi, dont le budget est gardé secret. L'histoire raconte celle d'une chirurgienne, incarnée par Ioulia Peressild, envoyée dans la station spatiale pour sauver un cosmonaute nécessitant une opération urgente.
Klim Chipenko est entre autres connu pour avoir réalisé le film Salyut 7 (2017) inspiré de l'accident de 1985 dans la station spatiale russe du même nom.
Ce premier long-métrage dans l'ISS aura valeur d'"expérience", a-t-il estimé lundi lors d'une conférence de presse. Il maniera la caméra, le maquillage et l'éclairage dans l'espace exigu du segment russe de la station. "Je n'ai personne à qui demander des conseils. Je n'ai aucun cadreur à qui demander comment filmer à la lumière du hublot", a-t-il relevé.
Comme figurants pour son film, il aura à disposition le cosmonaute russe qui les accompagnait pour le voyage, de même que ses deux collègues déjà sur place, dont l'un jouera d'ailleurs le patient à opérer. Le matériel pour filmer, pesant 13 kg, avait été envoyé par un vaisseau cargo russe en juillet.
Si les images ont toujours accompagné les missions dans l'espace, des premiers pas sur la Lune en 1969 aux publications sur les réseaux sociaux, jamais un long-métrage de fiction n'a été tourné en orbite. Comme son actrice, le réalisateur a suivi un entraînement accéléré pour apprendre à supporter la violente accélération du décollage ou à se mouvoir en apesanteur. Fidèles à une tradition des cosmonautes russes, ils ont regardé dimanche Le Soleil blanc du désert, film soviétique de 1970. Avec sa taille d'un mètre nonante, le réalisateur s'attendait à un vol difficile dans la petite capsule qu'est le Soyouz. Mais il a déjà dit qu'il rêvait d'une suite au film… sur Mars.