Une base martienne dans le désert israëlien
Dans un cratère de 500 mètres de profondeur perdu dans l’étendue ocre du désert du Néguev, les astronautes équipés de leurs combinaisons avancent d’un pas lourd. But de leur mission ? Simuler dans le Sud israélien les conditions de la vie sur Mars.
Publié le 11-10-2021 à 18h38
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Dans ce décor singulier du Makhtesh Ramon, plus grand cratère d'érosion du monde qui s'étire sur 40 km de long, le Forum spatial autrichien (OeWF) a planté une "base martienne", en partenariat avec l'agence spatiale israélienne, dans le cadre de leur mission Amadee-20, prévue initialement l'an dernier mais reportée d'un an en raison du Covid.
Le cratère, le désert caillouteux et les teintes orangées de l'horizon se rapprochent du paysage martien, l'apesanteur et le froid en moins. "Ici nous avons des températures qui sont de 25-30 °C, sur Mars il fait moins 60 °C et l'atmosphère est irrespirable", explique l'Autrichien Gernot Grömer, qui supervise la mission.
Pendant presque un mois et jusqu’à fin octobre, six "astronautes analogues", originaires du Portugal, d’Espagne, d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Autriche et d’Israël, vont vivre coupés du monde dans cette "station martienne". Et ils ne pourront en sortir qu’en scaphandre, comme s’ils étaient sur la planète rouge.
"C'est un rêve qui se réalise", s'extasie Alon Tenzer, astronaute israélien de 36 ans. "C'est quelque chose sur lequel on travaille depuis plusieurs années, je suis très heureux d'être ici" , confie-t-il.
À l’occasion de l’inauguration de la station dimanche, Alon a revêtu ses plus beaux atours : sa combinaison argentée pèse, souligne-t-il, environ 50 kilos, et prend deux à trois heures à enfiler.
Tous les membres de "l’équipage" se sont portés volontaires. Mais ils ont dû passer de nombreux tests physiques et psychologiques pour participer à cette mission et mener à bien toute une série d’expériences.
Le Forum spatial autrichien, organisation privée regroupant des spécialistes de l’aérospatiale, avait déjà organisé 12 missions similaires dans le monde, dont la dernière, Amadee-18, dans le sultanat d’Oman il y a trois ans.
À l’intérieur, le confort est spartiate avec une petite cuisine et des lits superposés car l’essentiel de l’espace est réservé aux expériences scientifiques. Leurs résultats pourraient se révéler un jour essentiels, l’agence spatiale américaine, la Nasa, envisageant une première mission habitée sur Mars dans les années 2030.