Comment gérer les millions de débris spatiaux ? Les gouvernements belges pressés à agir
Une proposition de résolution sera examinée ce vendredi au Sénat.
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Publié le 17-12-2021 à 14h18 - Mis à jour le 17-12-2021 à 15h29
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Mi-novembre, la Russie avait tiré volontairement sur l’un de ses anciens satellites, à l’aide d’un missile, générant des milliers de "débris spatiaux" tournant à une vitesse de 27 000 km/h, et poussant les astronautes de la station spatiale internationale à se réfugier dans leur navette pour éviter une potentielle collision avec l’un de ces débris. L’incident a remis au devant de l’actualité la questions de ces débris spatiaux, en orbite autour de la Terre. Ce sont au total, selon l’Agence spatiale européenne, 36 500 déchets de plus de 10 cm, un million d’une taille comprise entre 1 et 10 cm, et 330 millions entre 1 mm et 5 cm, qui se trouvent en orbite terrestre. Un problème de plus en plus prégnant alors que la dépendance des Terriens envers les satellites pour de nombreux domaines (météo, communications…) va croissant.
Une seule voix européenne
En Belgique, plusieurs sénateurs ont déposé une proposition de résolution afin de presser les différents gouvernements belges à prendre au sérieux et lutter contre ce risque, via la diplomatie ou encore en soutenant la recherche sur des solutions de réduction des débris spatiaux. La proposition portée principalement par Gaëtan Van Goidsenhoven (MR) sera prise en considération ce vendredi au Sénat. Le texte demande par exemple au gouvernement fédéral d'œuvrer "avec la plus grande intensité" au sein des Nations unies afin "de faire respecter davantage" les 21 lignes directrices (non contraignantes) de l'Onu sur les utilisations pacifiques et durables de l'espace, en particulier celles consacrées aux débris spatiaux. Même chose pour les guidelines de l'IADC, le Comité de coordination Débris regroupant les agences spatiales : avoir un plan pour éliminer les satellites en fin de mission, des mesures pour limiter les risques de panne d'un satellite dans l'espace…" Les recommandation de l'Onu ne sont pas juridiquement contraignantes, mais gagneraient à être appliquées et complétées, tandis que celles du Comité mériteraient d'être mises davantage en pratique, soulignent la résolution.
La proposition demande aussi à la Vivaldi de mettre cette discussion à l’ordre du jour au niveau européen afin que l’Union européenne puisse parler d’une même voix, ainsi que de pousser le Comité des Nations-Unies pour l’utilisation pacifique de l’espace à adopter "un cadre juridique et opérationnel visant à une exploitation des ressources spatiales judicieuses, équilibrée et respectueuse de l’environnement".
Mais aussi de faire pression sur les autres pays afin que les destructions de satellites se fassent sans générer de débris et de les pousser à adopter une législation similaire à celle de la Belgique qui lui permet d’immatriculer des satellites et organise un système de partage des responsabilités entre l’État et l’opérateur lorsque des dommages sont causés par un objet spatial.
Les gouvernements communautaires sont eux aussi par exemple pressés de soutenir la recherche scientifique visant à établir des solutions visant à la suppression et la limitation des débris spatiaux.
À la suite du tir russe, des experts avaient émis la crainte qu'à cause des débris spatiaux, l'orbite basse devienne à terme invivable, rendant impossible l'envoi d'une station spatiale ou un satellite sans qu'il soit détruit, mais exprimaient aussi l'espoir que les politiques prennent conscience de l'urgence d'établir des traités contraignants. Les États-Unis, par exemple, renâclent car les patrons du new space américain comme Jeff Bezos (Blue Origin) et Elon Musk (Space X) y sont opposés.
Au Sénat, la proposition de résolution devrait être soutenue au moins par le MR, l’Open VLD, Vooruit, le CD&V et le PS.