George Dantzig, l’étudiant en retard qui a révolutionné l’histoire des mathématiques
Dans notre série "Les étudiants qui ont marqué l'Histoire", nous allons vous raconter comment des hommes et des femmes sont devenus célèbres et ont impacté l'histoire alors qu'ils étaient encore étudiants. Pour ce premier numéro, "La Libre Etudiant" s'est intéressée à George Dantzig.
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- Publié le 08-07-2022 à 12h17
- Mis à jour le 15-07-2022 à 08h58
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Nous sommes en 1939. George Dantzig, alors âgé de 25 ans, est déjà détenteur d'un bac en mathématiques et en physique. Il décide tout de même de reprendre des études de statistiques à l'Université de Californie. Mais il a beau être très brillant, il n'en reste pas moins un étudiant comme les autres… qui arrive parfois en retard au cours. Cette fois-là, George Dantzig est tellement en retard qu'il se contente de recopier à la va-vite les deux problèmes qu'il voit sur le tableau noir de la salle de classe. Il pensait, assez logiquement, qu'il s'agissait d'un devoir à rendre pour le prochain cours.
Après s'être cassé la tête dessus pendant plusieurs jours, il finit par rendre sa copie à son professeur et s'excuse d'avoir pris du temps. "Cela me semblait plus difficile que d'habitude", déclarera-t-il plus tard. Rien d'étonnant : il s'agissait des deux problèmes non résolus les plus célèbres en statistiques. Après avoir lu sa démonstration, son professeur, Jarzy Neyman, stupéfait, débarquera un dimanche chez l'étudiant afin de l'encourager à publier un article sur le sujet et à s'en servir pour sa thèse de doctorat. Ce qu'il fera.
Cette histoire, abondamment partagée, souvent déformée et enjolivée, a contribué à sa légende. Elle a même inspiré le film Good Will Hunting, avec Matt Damon dans le rôle de l'étudiant. Pour certains, elle est le symbole de la pensée positive. S'il avait su que ces problèmes étaient "impossibles", peut-être qu'il n'aurait même pas cherché à les résoudre. En réalité, cela prouve simplement à quel point le mathématicien était brillant. Durant toute sa carrière, il ne cessera d'ailleurs de se dépasser.
Un algorithme très utile
Ignace Loris, professeur au département de mathématiques de l’ULB donne un cours d’optimisation dans lequel il relaie toujours les théories de George Dantzig.
“L’optimisation consiste à minimiser les coûts en tenant compte de certaines contraintes”, explique le professeur. “Un exemple que je cite souvent est le transport d'électricité. Les centrales électriques produisent de l'électricité, mais la consommation ne se fait pas sur place, mais plutôt dans les villes et dans les communes. Il y a des centaines de villes et communes en Belgique. Pour déterminer la quantité d’électricité qu’il faut transporter depuis la centrale X vers la ville Y, il faut résoudre un problème d'optimisation. Ce problème est ce qu’on appelle un problème d’optimisation linéaire, comme ceux qu’a étudiés George Dantzig.”
Le mathématicien est en effet resté célèbre pour avoir développé l'algorithme du simplexe, bien après ses études. "Il permet de minimiser le coût ou d'une autre façon de maximiser les revenus des entreprises sur base d'un problème avec beaucoup d'inconnues", poursuit Ignace Loris. "L'arrivée des ordinateurs a encore donné une autre dimension à cet algorithme puisqu'il a permis de gérer des problèmes composés de milliers ou de millions d'inconnues", note le professeur. "Cet algorithme est très important dans une économie libérale. Il fait d'ailleurs partie des algorithmes les plus célèbres."
Mort en 2005, à l’âge de 90 ans, Georges Dantzig a donc révolutionné son domaine d'études. “On peut dire que George Dantzig a marqué de son empreinte les mathématiques”, conclut Ignace Loris.
