Cette question inattendue à laquelle les agences spatiales doivent répondre "d'urgence"

Les agences spatiales du monde entier travaillent à une “heure lunaire” commune en prévision des dizaines de missions à venir, notamment habitées.

La pleine Lune brille sur la Belgique
Les agences spatiales du monde entier travaillent à une “heure lunaire” commune en prévision des dizaines de missions à venir, notamment habitées. ©Bernard Demoulin

Quelle heure est-il sur la Lune ? Alors que les missions lunaires vont se multiplier dans les années à venir, l’Agence spatiale européenne (Esa) souhaite octroyer à la Lune son propre “fuseau horaire”. Cette semaine, l’Esa a annoncé que les agences spatiales mondiales réfléchissaient à la meilleure façon de définir l’heure sur la Lune. Lors d’une réunion aux Pays-Bas fin 2022, les participants se sont accordés sur le besoin "urgent" d’établir “un temps de référence lunaire commun”, a précisé Pietro Giordano, ingénieur en système de navigation à l’Esa. “Un effort international conjoint est lancé pour y parvenir.”

Pour l’instant, une mission lunaire fonctionne à l’heure du pays qui exploite le vaisseau spatial. Mais selon l’Esa, un temps “qui serait internationalement accepté et auquel se référeraient tous les usagers et les systèmes” devient indispensable. En effet, de plus en plus de pays et même d’entreprises visent la Lune, avec des robots mobiles, des atterrisseurs logistiques, des satellites… Et dans les prochaines années, le programme américain Artemis, auquel participe l’Europe, y enverra des astronautes, qui vivront dans un camp de base lunaire. “Ces missions ne seront pas seulement sur ou autour de la Lune en même temps, mais elles interagiront souvent – relayant potentiellement les communications les unes pour les autres, effectuant des observations conjointes ou des opérations de rendez-vous”, insiste l’Esa. La question du temps dans l’espace s’est déjà posée précemment. Dans la station spatiale internationale, qui n’a pas son propre fuseau horaire, les astronautes suivent le temps universel coordonné, ou UTC, qui est méticuleusement basé sur des horloges atomiques. Pour appeler leurs familles sur Terre, les astronautes européens ont donc plus de facilité que les Américains, car il n’y a qu’une heure ou deux de “décalage”, selon le moment de l’année.

L’équipe internationale travaillant sur l’heure lunaire débat déjà de plusieurs sujets : une seule organisation doit-elle être responsable du réglage et du maintien de l’heure lunaire ? Cette heure doit-elle être réglée sur une base indépendante sur la Lune ou être synchronisée avec la Terre ?

Cette équipe devra aussi affronter des problèmes techniques “considérables”, selon l’Esa. Ainsi, les horloges sur la Lune tournent plus vite que leurs équivalents terrestres et gagnent environ 56 millionièmes de seconde par jour. Leur vitesse exacte dépend de leur position sur la Lune, leur “tic-tac” étant différent à la surface ou en orbite.

“Bien sûr, le système de temps convenu devra également être pratique pour les astronautes”, ajoute Bernhard Hufenbach, de la Direction de l’exploration humaine et robotique de l’Esa, qui prévient : “Ce sera tout un défi sur une surface planétaire où dans la région équatoriale, chaque jour dure 29,5 jours terrestres, dont une nuit lunaire glaciale de deux semaines. Mais après avoir établi un système de temps pour la Lune, nous pourrons continuer à faire de même pour d’autres destinations planétaires.”

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