Francis Tans : "C’est un retournement complet ; un gros succès"

Outre sa participation à la Journée Découverte entreprises ce dimanche, la société Idem Papers fête aussi sa première année d’existence. Le 1er octobre 2009, un Management buy out rachetait les sites nivellois et ittrois dont la société multinationale Arjo-Wiggins voulait se séparer . Avec cette volonté d’Arjo, les 370 membres du personnel craignaient alors pour leur emploi. Francis Tans, l’actuel CEO d’Idem Papers se rappelle que personne ne croyait à sa reprise. Il a pu convaincre les banques, la Région wallonne...

So.De.

Outre sa participation à la Journée Découverte entreprises ce dimanche, la société Idem Papers fête aussi sa première année d’existence. Le 1er octobre 2009, un Management buy out rachetait les sites nivellois et ittrois dont la société multinationale Arjo-Wiggins voulait se séparer . Avec cette volonté d’Arjo, les 370 membres du personnel craignaient alors pour leur emploi. Francis Tans, l’actuel CEO d’Idem Papers se rappelle que personne ne croyait à sa reprise. Il a pu convaincre les banques, la Région wallonne...

Aujourd’hui, il se félicite : "aujourd’hui, le carnet de commandes est rempli jusqu’à la fin de l’année. Nous n’avons pas eu un seul jour de sous-activité. Au contraire ! Arjo-Wiggins avait perdu 23 millions d’euros en 2008, et 17 millions en 2009. Après un an, en termes d’EBITBA, nous sommes proches de l’équilibre. C’est un retournement complet, c’est un gros succès, compte tenu de la difficulté du marché : que le coût de la pâte à papier ait augmenté, la pénurie à cause du tremblement de terre au Chili, l’effet de change euro-dollar..." Il met en évidence les changements qui ont eu lieu au sein de l’entreprise depuis un an. Le cœur, pour lui c’est le changement de culture d’entreprise au niveau du personnel. Idem Papiers mise, dit-il, sur la formation à la polyvalence, sur l’implication et "le fait que le personnel se sente partie prenante de l’entreprise" : "Arjo c’était le site d’un groupe multinational, qui a connu ses heures de gloire, dans les années 80 et au début des années 90, et qui a connu un déclin progressif et violent depuis le milieu des années 90. Dans le secteur, d’une vingtaine de producteurs, on est passé à 5. La demande a décru de 7 à 10 % par an pour le papier autocopiant. Pour le site, il y a eu une dizaines de restructurations ces dernières années, sur ces 5 dernières années, 5 directeurs différents, 4 directeurs financiers... Il n’y avait donc aucune continuité d’approche. Il n’y avait aucun dialogue et une méfiance complète entre le personnel et la direction du groupe... Avec les restructurations, il y a eu une perte d’expertise et de bonnes pratiques. On a eu beaucoup de chance d’avoir Pierre Marneffe, un expert reconnu au niveau européen." Pour Francis Tans, la présence de ce "development director" a permis d’aider à la diversification de l’entreprise et de développer plus rapidement de nouveaux produits. "L’innovation, c’est un autre critère de retournement. Nous avons une gamme de nouveaux produits dans des secteurs en croissance pour la plupart. Nous, nous sommes des "petits joueurs" au niveau du secteur global. Donc, on se spécialise dans des niches de produits à haute valeur ajoutée. Les autres n’ont pas la technicité, ou bien ce sont des secteurs trop petits pour eux." Francis Tans énumère quelques-uns de ses produits : "le papier couché une face, dans le segment de l’adhésivage, de l’étiquette. Il y a aussi le papier qui résiste à l’humidité, comme les affiches que l’on retrouve à l’extérieur, sur les autoroutes... Les étiquettes de bouteilles d’eau ou de bière... Il y a aussi cette nouvelle gamme de support pour les étiquettes autocollantes... Cela demande une grande technicité." L’entreprise a aussi modifié les équipes commerciales et la société a réussi aussi à faire des économies dans les achats, qu étaient faits de manière centralisée par Arjo.Les achats s’élèvent à plus de 100 millions par an, la moitié allant à la pâte à papier.

L’entreprise entend aussi faire face au déclin de l’autocopiant, ce type de papier utilisé, par exemple lors de signature de recommandés, formulaires de location de voitures ou pour des documents de transport de marchandise. Même si ce genre de papier est toujours utilisé, il subit l’arrivée des nouvelles technologies : imprimante laser, signature électronique sur écran, selon Francis Tans... "Aujourd’hui, nous produisons 70 % d’autocopiant et 30 % de couché une face, soit nos produits de niche. L’idée, c’est au fur et à mesure du déclin, d’aller vers le segment du "une face". L’idée n’est pas de sortir volontairement de l’autocopiant." S’il semble satisfait de la situation après un an, il se montre cependant prudent. Par exemple, "Au niveau performance, on est encore loin du compte : il faudra améliorer l’efficacité des machines". Mais le patron "n’envisage pas de plan social, mais il pourrait y avoir des ajustements de l’organisation : ça se peut qu’il y ait des licenciements, on ne peut pas se permettre qu’il y ait des tire-au-flan et des incompétents dans la société." Cette année, Idem espère commencer "à dégager du profit, car il faut être capable de réinvestir." Le chiffre d’affaires est de 150 millions d’euros, et les investissements prévus de l’ordre de 20 millions sur trois ans, tandis que la production de papier atteint les 125 à 130 tonnes annuelles. Idem Papers, qui emploie quelque 400 personnes, écoule sa production pour 3 % en Belgique, pour 90 % en l’Europe et pour 7 % dans le reste du monde.

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