Le retour de Sœur Emmanuelle, via Pierrette Dupoyet

La grande salle du Centre culturel d’Ottignies avait pratiquement fait le plein, vendredi soir, pour la représentation de "L’amour est plus fort que la mort" la pièce créée en hommage à "la chiffonnière du Caire" par la comédienne française Pierrette Dupoyet.

Christian Laporte
Le retour de Sœur Emmanuelle, via Pierrette Dupoyet
©Didier Bauweraerts

La grande salle du Centre culturel d’Ottignies avait pratiquement fait le plein, vendredi soir, pour la représentation de "L’amour est plus fort que la mort" la pièce créée en hommage à "la chiffonnière du Caire" par la comédienne française Pierrette Dupoyet. Dans la salle, pratiquement toutes celles et ceux qui depuis la Belgique mais aussi se rendant en terre d’Egypte et au Soudan ont suivi pas à pas depuis trois décennies l’aventure peu commune d’une religieuse hors normes qui nous a malheureusement quittés il y a un peu moins de deux ans à la veille de son centième anniversaire. Une "femme de Dieu" qui à l’âge où elle aurait pu prendre un repos bien mérité après une carrière dans l’enseignement dans l’environnement aisé des écoles religieuses huppées du Proche-Orient avait décidé de vivre pauvre parmi les pauvres, fût-ce sans avoir vraiment l’aval de ses supérieures.

Comme la veille à Gilly et comme le lendemain à Liège, Pierrette Dupoyet, une artiste qui se double d’une maîtresse femme connue notamment pour ses prestations au "off" du Festival d’Avignon et pour ses pièces toujours très costaudes parce que venant à la fois du cœur et des tripes sur de grands auteurs français (Maupassant, Balzac, Camus, etc) ou sur des faits de société (l’affaire Dreyfus, Auschwitz), a livré un merveilleux témoignage sur la célèbre religieuse autour de ce qui fut finalement le plus grand bonheur de sa vie : partager le destin des plus rejetés des rejetés dans les bidonvilles cairotes. Un temps de joie mais aussi de colères et d’interrogations sur la destinée de l’homme qui en une heure vingt nous a rappelé les grands axes de sa vie : dans un monologue jamais lassant, Pierrette Dupoyet rappelle comment la jeune Madeleine Cinquin se détourna finalement de son milieu bourgeois et de ses plaisirs futiles pour se consacrer au Christ après avoir connu la mort inattendue de son père. Une vocation qu’elle aurait voulu placer sous le signe de l’aide aux lépreux mais qui l’amena, bien malgré elle à l’enseignement.

Pierrette Dupoyet avait présenté son texte à Sœur Emmanuelle qui lui avait donné sans hésiter son "imprimatur". Et c’est évidemment cet accord qui nous rapproche de nouveau de la religieuse même si elle n’est plus de ce monde. Eût-il fallu y ajouter une dimension plus spirituelle qui n’émerge guère dans la pièce ? La remarque faite par notre confrère de "Dimanche", le P. Charles Delhez tient sans nul doute la route mais en n’insistant pas sur cette dimension qui, on en convient, fut évidemment essentielle dans la vie de Sœur Emmanuelle, le texte de Pierrette Dupoyet n’en est que plus universel. Et est aussi un extraordinaire message de tolérance et d’humanisme.

Sœur Emmanuelle est retournée à la maison du Père mais vendredi soir, elle était au Centre culturel d’Ottignies Et son combat continue, notamment à travers Face, une association créée pour aider les enfants abandonnés du Caire à partir du Brabant wallon par Flavia Shaw-Jackson, elle-même jeune mère de trois enfants. Bref, l’aventure est loin d’être finie, elle prend même un nouveau départ comme l’avait rappelé dans une intervention aussi forte dans l’émotion que le spectacle, le président de l’Association, Michel Verhulst.

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