"L’intégration du centre est réussie"
Il y a précisément 5 ans, le5 octobre 2005, le centre commercial de l’Esplanade était inauguré. Si Devimo gère le centre depuis 2005, il a également reçu une mission de commercialisation deux ans avant de recevoir les clés du centre. Jean-Michel de Walque, qui fut directeur pendant pratiquement la totalité de ces 5 ans et Carine De Bruycker, directrice commerciale chez Devimo Consult, reviennent sur cette arrivée qui a changé Louvain-la-Neuve.
- Publié le 05-10-2010 à 04h16
- Mis à jour le 05-10-2010 à 13h10
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Entretien Il y a précisément 5 ans, le5 octobre 2005, le centre commercial de l’Esplanade était inauguré. Si Devimo gère le centre depuis 2005, il a également reçu une mission de commercialisation deux ans avant de recevoir les clés du centre. Jean-Michel de Walque, qui fut directeur pendant pratiquement la totalité de ces 5 ans et Carine De Bruycker, directrice commerciale chez Devimo Consult, reviennent sur cette arrivée qui a changé Louvain-la-Neuve.
Quelles étaient les réactions du secteur avec cette installation ?
C.D.B. : Les gens voyait cela comme la construction d’un centre commercial au milieu d’un champ de patates ! Ils estimaient qu’on ne faisait pas un centre commercial pour étudiants, et qu’il n’y avait que des étudiants à Louvain-la-Neuve. Mais ceux qui connaissait vraiment la zone, le Brabant wallon étaient beaucoup moins dubitatifs. Mais les gens à l’extérieur du Brabant wallon n’y croyaient pas. Il y a même un groupe de retailers qui a réalisé une étude, où l’étude disait clairement que ce n’était pas le meilleur endroit pour installer un centre commercial !
J.M.W : Ce qui était aussi difficile à l’époque du projet, c’est qu’il n’y avait pas de grosse ville en Brabant wallon. C’était atypique. Souvent les centres commerciaux s’installent près des grandes villes... Même le propriétaire français se posait des questions.... Mais avec l’accessibilité, on touche l’Est de Bruxelles jusque Namur ! Nous étions convaincus. Au niveau purement socio-économique, démographique, il y avait des éléments concrets. Louvain-la-Neuve a une situation idéale, d’accès, de pouvoir d’achat, de typologie de clientèle... Tous les ingrédients y étaient. Ce qui est frappant, c’est que c’est que la zone de chalandise projetée s’avère la zone de chalandise réelle. Elle est confirmée voir dépassée. La zone visée à l’origine était de 670 000 personne, on est passé à 700 000.
CDB : C’est aussi une zone très développée au niveau habitat. On comptait dessus. L’évolution démographique est une tendance lourde dans le Brabant wallon. Au niveau concurrence, on est aussi relativement à l’aise, il n’y a pas de grosses concurrences, il faut aller au centre-ville de Namur et ce n’est pas un shopping, ou bien il y a Nivelles ou Bruxelles.
Il y a eu une manifestation le jour de l’inauguration, notamment par des sympathisants altermondialistes. Certains craignaient aussi pour l’esprit un peu “soixante-huitard” de LLN... Avez-vous été étonné de cet accueil?
JMW. On savait que l’on arrivait dans un environnement particulier, mais de là à avoir une telle hostilité, c’était un peu surprenant. Mais cela n’a été que le jour de l’inauguration... Cela dit, on était surpris de l’ampleur de la réaction, mais le message a été bien reçu. Car un de nos principaux succès, c’est que, de notre point de vue, on a réussi l’intégration du centre. Il y avait le défi commercial et économique, car c’était un investissement dans un gros bateau. Mais en parallèle, on avait compris ce message, il fallait réussir l’intégration dans la ville. Et là, on peut se regarder dans le miroir, il n’y a pas d’ombre au tableau... Un de nos axes de travail a été de faire en sorte que le centre soit intégré dans la vie culturelle, sociale... du site. On a beaucoup travaillé dans la Gestion Centre-Ville. On fait à présent partie des acteurs anciens qui accueillent les nouveaux...
Le centre commercial a-t-il changé la vie et l’esprit de la ville?
J.M.W: Le constat, c’ est que le centre accueille 8 millions de visiteurs par an. C’est énorme. C’est plus de 25 000 personnes, un stade de foot, tous les jours. Je n’ai pas l’impression que cela ait nui à l’esprit de village de LLN. La vie de LLN, l’esprit de LLN ne s’est pas altéré. Pour le changement, je vois surtout la dynamique le samedi. Auparavant, à LLN le samedi, il n’y avait que des louveteaux, et des étudiants qui avaient oublié de prendre le train. Et à la place de la rue Charlemagne, il n’y avait rien.
Et quant au tissu commercial local ?
J.M.W.: Dès notre arrivée, on a pris contact avec M. Echement, qui était à l’époque président de la NACL ( NdlR : association des commerçants hors Esplanade). On a beaucoup travaillé avec lui avant l’ouverture. C’est sûr que quand 130 commerces arrivent d’un coup, cela perturbe le commerce existant.
CDB: Je ne suis pas persuadée qu’il y a eu tellement de casse. Il y a au aussi plusieurs éléments, comme la durée des travaux avant. Certains commerces devaient se remettre en question et et ne l’avait pas forcément fait. Une mise en question était indispensable. Mais ici au centre, comme à l’extérieur, il y a des commerçants pas toujours bien adaptés, pas toujours bien gérés...
J.M.W. : En tous cas, on a pris un soin particulier à ne pas mettre trop d’horeca, on essaie de différencier... Il n’y a pas eu de sandwicherie, par exemple. Mais il y a aussi eu une redynamisation du commerce en centre-ville. On le voit par exemple avec la galerie Saint-Hubert. Il y eu des déplacements, des nouveaux commerces, des enseignes plus spécialisés. Cela fait une complémentarité. Et cela fait aussi l’attractivité de la ville...
Cinq ans après, ce “gros bateau” a-t-il atteint sa vitesse de croisière ?
J.M.W: On est toujours en accélération ! Alors, que selon l’expérience, normalement après 4 ans environ, le centre atteint sa vitesse de croisière. Cette évolution concerne le chiffre d’affaires et la fréquentation. (Ndlr : pour les responsable de Devimo, cela s’explique par l’extension de la zone de chalandise, ceci à cause de l’attractivité du centre).
C.D.B. : Le mix commercial arrive à maturité. Au début, on a proposé une offre commerciale, en fonction des attentes précisées par les études. Inévitablement, il y a eu des ajustements, une sélection naturelle... Il y a eu les enquêtes clientèles. Au fur et à mesure, on a amélioré le mix commercial. Le centre est 100 % loué et qualititativement loué. En adéquation avec les demandes, ce qui renforce l’attractivité.
J.M.W : La progression a été très linéaire. Y compris pour 2010. On a terminé 2009 avec 7 650 000 clients (NdlR : + 8,7 % par rapport à 2008). En 2010, notre projection est de plus de 8 millions. Le chiffre d’affaires est en 2009 était de 174 millions d’euros ( NdlR : + 7, 5 % par rapport à 200), projection 2010 est d’ajouter 5 à 6 % à ce chiffre. On espère garder cette accélération le plus longtemps possible ! Il faut pas oublier qu’il y a eu la fermeture des cinémas. L’impact a été amorti. Ils sont à présent rouverts. De leur côté, ils sont apparemment un peu au-dessus de leur objectif de fréquentation. Au point de vue dynamique, cela ne peut qu’apporter du positif. Enfin, les magasins recrutent en permanence. On est à un peu plus de de 1000 emplois, contre un petit 800 à l’ouverture. Un chiffre à mettre directement en corrélation avec le chiffre d’affaires !