"LLN est un vrai pôle régional"

Le promoteur immobilier Peter Wilhelm est l’administrateur-délégué du groupe Wilhelm&Co qui a développé le "morceau de ville" de l’Esplanade (centre commercial, mais aussi parkings, rue Charlemagne, cinéma...).

Sophie Devillers
"LLN est un vrai pôle régional"
©D.R.

Entretien Le promoteur immobilier Peter Wilhelm est l’administrateur-délégué du groupe Wilhelm&Co qui a développé le "morceau de ville" de l’Esplanade (centre commercial, mais aussi parkings, rue Charlemagne, cinéma...).

Avec ce projet immobilier de l’Esplanade, il y avait plusieurs objectifs à atteindre : urbanistique, socio-économique…

Au milieu des années 90, les autorités de l’UCL s’étaient fixé pour objectif de transformer le campus de la plus grande université du pays - un campus avec une ébauche de ville - en un véritable pôle urbain régional. Michel Woitrin avait toujours eu l’ambition de faire de LLN une ville à part entière. Mais il y avait d’énormes contraintes engendrées par la ville sur dalle. A Louvain-la-Neuve, on s’était rendu compte que si le cœur de ville ne se développait pas, c’était notamment dû au coût pharaonique des infrastructures urbaines liées à la dalle. Pour chaque mètre carré "vendable", vous deviez construire des voiries souterraines, des parkings sous-terrains, résoudre des problèmes techniques liés au désenfumage, à la sécurité, la protection contre les incendies Nous étions donc confrontés à un objectif et une contrainte, avec comme principal enjeu : résoudre l’équation financière liée à la ville sur dalle. Mais si on voulait transformer LLN en un pôle urbain régional, il fallait attirer des gens qui ne viendraient pas uniquement dans le cadre de l’Université. Il fallait les attirer avec d’autres fonctions. Et là, nous avons tiré parti d’une opportunité; le Brabant wallon était sous-équipé en matière de commerces. Depuis la fin des années 60, on a assisté à un exode des habitants de Bruxelles vers la périphérie, mais le commerce ne s’est pas adapté et le pouvoir d’achat des habitants du BW s’évadait vers Bruxelles. De toutes les fonctions, c’est de loin le commerce qui attire le plus de monde ! Le centre commercial de l’Esplanade attire aujourd’hui plus de 7 millions de personnes par an. Le cinéma, 6 à 700 000 personnes. A titre de comparaison, le musée Guggenheim qui a métamorphosé l’image de Bilbao, génère 700000 entrées par an. Je suis convaincu que l’attractivité d’une ville, est directement liée au flux des gens qu’on y voit !

Le projet a fait polémique, il y a eu des manifestations lors de l’inauguration… Ces réactions sont-elles enterrées ?

Pour moi, la polémique n’existe plus. Il y a toujours des nostalgiques, mais plus personne ne conteste le bien-fondé du centre. Plus personne qui mette le succès en question, l’apport que L’esplanade a amené à la renommée de la ville et le fait qu’elle a largement contribué à transformer l’image de la ville. Si les gens de la région qui n’ont rien à voir avec l’université viennent à LLN, c’est parce que commercialement la ville s’est adaptée. Un sous-objectif était aussi de modifier le profil socio-économique et culturel très monolithique de LLN. Auparavant, les gens qui venaient habiter à LLN, avaient presque toujours "à voir" avec l’université qu’ils soient enseignants, travailleurs, jeunes couples, ou anciens étudiants qui trouvaient la ville agréable, mais les bourgeois brabançons wallons allaient plutôt habiter à Rixensart, Lasne, Grez-Doiceau Aujourd’hui, cela a totalement changé. Lorsque l’on regarde à qui on a vendu les logements de la rue Charlemagne ou à qui on vend ceux des Jardins de la Source, le profil des acquéreurs est totalement différent. Les anciens étudiants-jeunes parents sont toujours là, mais l’éventail est beaucoup plus large. Il y a des gens de ma génération qui avaient une maison en Brabant wallon avec un jardin; leurs enfants sont devenus adultes, ont quitté la maison et ils en ont marre de tondre la pelouse ! Beaucoup de personnes de ce type s’installent à LLN ! C’est une ville conviviale, "à portée de main". Cette mutation dans la population de la ville, est un effet induit du centre de commerces et de loisirs. La population ressemble à présent à celle des autres communes du Brabant wallon ! De ce point de vue, L’esplanade est incontestablement une réussite. C’est là que résidait le véritable défi : faire que socio-économiquement la population, représente le plus large éventail. Le reste n’était que moyens pour atteindre cet objectif !

Mais cela a entraîné une hausse dans le prix des logements !

Du point de vue immobilier, il y a eu un effet de rattrapage, car LLN était moins chère que les autres villes. C’est d’une certaine manière la rançon de la réussite. Si un produit devient attractif, sa demande augmente et les prix s’adaptent. A présent, on atteint les prix de communes comme Waterloo Et puis il faut voir le problème dans son ensemble, cela permet aussi de construire des bâtiments de meilleure qualité. Quand on regarde les bâtiments du début de LLN, on constate qu’ils ne vieillissent pas très bien. Cela dit, les fondateurs de la ville ont fait, à l’époque, des miracles financiers ! En conclusion, je dirais que l’objectif d’apporter de nouvelles fonctions attractives, est atteint, et qu’aujourd’hui Louvain-la-Neuve est une vraie ville avec un éventail de population qui ressemble aux autres villes du BW. Et il s’agissait aussi d’élever LLN au rang de pôle régional majeur. Avec l’université, LLN l’était déjà pour les jeunes et le monde académique, mais à présent, tous les gens de l’est et du centre du BW ont une raison de venir à LLN : culturelle, commerciale, universitaire Car il s’y passe toujours quelque chose. C’est un vrai pôle régional

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