"Pas embourgeoisée; populari sée"

Le projet de l’Esplanade a engendré des débats très vifs…

Le débat sur l’Esplanade a été le plus intense depuis 1971. Il y a eu des remous à tous niveaux. Tous les partis politiques étaient en faveur du projet. Autant l’expression politique était unanime, autant il n’y avait pas de consensus dans la population. Du côté des opposants, un argument était de dire que LLN devait être essentiellement un centre culturel, d’enseignement Du commerce soit, mais pour les habitants et pas au-delà. Que le projet était surdimensionné et mono fonctionnel. Ceux qui étaient en faveur disaient qu’il y avait aussi un projet à 3-4 km de là, et si on le refuse, il se ferait là, et ce serait la mort de LLN. En fait, c’est Jean-Marie Lechat (UCL) qui a contacté les promoteurs en disant, venez voir à LLN, il y a une ville qui se construit. Et ils ont dit : "on veut bien". Peter Wilhelm a pris le risque de construire le centre commercial greffé à un centre urbain. C’était un risque financier. Ça faisait 15 ans que la dalle piétonne n’avait plus bougé. Ça fait partie de l’âme de LLN, mais c’était impayable. Fin 80, l’UCL commençait à s’interroger sur l’opportunité de la poursuite du projet de LLN avec la dalle. Avec la ville, on convient qu’il fallait continuer; il y avait une stagnation inquiétante de l’hyper-centre et il fallait un gros projet pour le dynamiser. Mais le débat a eu la vertu d’apporter deux modifications essentielles, la nouvelle rue et la modification de l’implantation des cinémas (NdlR : qui devaient être du côté de la pompe Total). L’Esplanade s’est greffée au centre urbain sans l’envahir. La Rue Charlemagne n’a jamais été contestée, ça a été un plus urbanistique, on a à présent deux connexions et on peut faire le tour du centre-ville. Avant l’inauguration, il y a eu aussi deux ans de travaux. Et cela n’a pas été une situation facile. L’image de LLN pouvait en souffrir. Au moment de l’inauguration, cela a été les convergences de toutes les appréhensions. LLN était sous le stress. On disait : LLN s’embourgeoise, et on utilisait plein d’arguments pour illustrer cela. Il y avait eu l’incendie du squat de la Baraque et on avait pris des mesures pour mettre fin progressivement à ce squat. Certains y ont vu une volonté d’uniformisation des modes de vie, mais le quartier de la Baraque existe toujours, plus sécurisé. L’Aldi devait partir; il a trouvé un nouvel emplacement après Tout faisait farine au moulin On parlait donc d’uniformisation, que LLN avait cédé aux sirènes du marché

Et ?

Je m’inscris en faux La volonté politique, mon engagement pour Ottignies-LLN, c’est d’avoir une ville mixte, avec un mélange de fonctions, de la tolérance, de la diversité. Je l’ai réaffirmé. C’est l’Esplanade qui attire l’attention, mais il y a eu des investissements culturels de manière incroyable. LLN ne s’est pas embourgeoisée, mais popularisée. Les gens qui n’osaient pas venir, qui nourrissaient quelques appréhensions, sont venus à LLN.

Il y a eu beaucoup de craintes : parkings, commerces… Qu’en est-il ?

Les parkings devenaient payants. D’Arlon à Ostende, on entendait LLN est une ville chère, inaccessible En fait, ils étaient moins chers qu’à Namur ou Bruxelles. Et depuis LLN a mis en place des parkings gratuits. Les parkings, ça reste un problème, mais à la marge. Dans les enquêtes de satisfaction, cela intervient comme un bruit de fond microscopique. LLN ne manque pas de parkings. Il est inutile de faire encore des parkings. Et les parkings gratuits sont occupés à 80 %. Et la zone bleue destinée à prévenir l’afflux de voitures dans les parties résidentielles, atteint pleinement son objectif. Il y a quelques points plus problématiques, dans les quartiers de Lauzelle, à la Baraque... Tout n’est pas résolu, mais ça évolue plutôt bien. Pour le parking payant, il faudrait un forfait pour toute la soirée; et je suis sûr qu’il y aurait plus de fréquentation dans les parkings. Du côté des commerçants, ça marche du tonnerre. Aussi bien les anciens que les nouveaux, c’est au-delà des espérances. Il a fallu des adaptations. La galerie Saint-Hubert a été fortement secouée dans les mois qui ont suivi l’ouverture. Mais il y a eu une amélioration de l’offre dans le "vieux" tissu, et ça l’a dopé, même s’il y a eu des modifications structurelles dans certains types d’offre. Il y a eu des fermetures. C’était essentiellement des commerces qui ne s’étaient pas préparés. Certains ont fermé ou revendu. Au point de vue commerce, c’est la ville qui a pris l’initiative de la gestion centre-ville, avec l’objectif principal d’organiser le dialogue entre les nouveaux et anciens commerçants. A présent, si l’on regarde les enquêtes de satisfaction des chalands, c’est l’un des taux les plus élevés de Wallonie. A l’époque, il y avait donc une grande attente, une grande inquiétude. Les premières fermetures ont amplifié le stress, et il a fallu un an et demi-deux ans pour que les choses se calment à tous points de vue. Pour moi, la liste LLN est l’expression de ce stress sur LLN. A présent, elle est complètement dépassée.

Et pour l’avenir ? Quels sont les défis ?

Depuis quelques années, Ottignies -LLN est passé d’un stade de pôle culturel à un stade de pôle à part entière, qui exerce son influence sur un large hinterland. Par ailleurs, maintenant, la dalle n’est plus une problématique, ça devient un atout. Il y a des projets pour la dalle. Parmi les projets à venir à LLN, il y a le musée de LLN, des projets entre la grande Aula et l’église Saint-François (hôtel et logements), l’antenne communale Il y a un engouement pour la dalle. Il y a aussi la fin des quartiers résidentiels. Et là, il faut réussir un défi, qui est le coût du logement. Il faut dans les projets, une mixité, une diversité d’offres. Un peu de social, des moyens Et dans les logements aux prix du marché, aussi une diversité de l’offre. Dans les deux ans, il y aurait une centaine de logements moyens sur LLN. D’ici 4 ou 5 ans, sur le territoire communal, on pourrait avoir 400 logements moyens en plus. Il faut continuer à maintenir la diversité de la population. Qui existe encore Le nombre d’adultes de 35-45 ans, et d’enfants de 0-10 ans diminue, sur les 15 dernières années, et les plus de 65 ans, augmentent très fort. C’est une pyramide plus normale, mais si on n’y prête pas attention, les 35-45 ans pourraient continuer à baisser. Et il y a aussi les abords immédiats hors rocade, mais sur le territoire de Louvain-la-Neuve, le rectangle d’or (NdrR : la zone N4-E411),la zone la plus attractive du pays. Il faut accorder la priorité au parc scientifique, mais aussi pouvoir y instiller des ingrédients différents. L’UCL est preneuse d’une clinique. A terme il est sans doute pertinent d’avoir dans cette région-là une clinique. En 2006, j’avais proposé une grande salle. Il y a des idées... J’aimerais bien en tout cas un "phare architectural". Le plan de secteur imagine aussi du logement de l’autre côté du boulevard de Lauzelle. Le boulevard de Lauzelle était conçu comme une voie de transit à l’extérieur de la ville, ça doit devenir une voirie à vocation locale. On pourrait envisager de la réduire à deux fois une bande, avec du parking sur le côté, avec une urbanisation plus proche. Il faut avoir une nouvelle vision. L’intérêt d’avoir eu un concept urbanistique fort, cela mettait des balises, cela a alimenté le débat sur l’avenir de LLN, mais ça ne doit pas empêcher de faire évoluer même le concept Je ne suis pas sûr que la galerie commerçante était prévue telle qu’elle existe aujourd’hui dans le schéma directeur de 1970-71. Certains disent oui, certains disent non. Sans doute pas comme ça. Donc le débat "oui ou non à l’Esplanade", c’était aussi une confrontation de points de vue sur le concept de LLN