A 40 ans, victime de son succès
J e suis né à Louvain-la-Neuve, j’ai un boulot, j’ai fait des études . Je cherche à acheter un logement dans la ville, mais impossible ! On dit que je dois attendre au moins 3 ans, mais la demande sera plus forte que l’offre ! Il n’y aura rien en-dessous de 250 000 euros ! Que dois-je faire ?", s’interroge ce jeune Néolouvaniste.
Publié le 02-02-2011 à 04h17 - Mis à jour le 02-02-2011 à 10h56
:focal(115x89:125x79)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/6RJUC3OVMRBXRMJQYD7FKBPNLI.jpg)
J e suis né à Louvain-la-Neuve, j’ai un boulot, j’ai fait des études . Je cherche à acheter un logement dans la ville, mais impossible ! On dit que je dois attendre au moins 3 ans, mais la demande sera plus forte que l’offre ! Il n’y aura rien en-dessous de 250 000 euros ! Que dois-je faire ?", s’interroge ce jeune Néolouvaniste. LLN fête ce 2 février ses 40 ans (voir pages Belgique et Ripostes). Mais l’attractivité de la "cité nouvelle" a des revers, comme le coût du logement : "Au niveau du cadastre, les prix des maisons ont doublé à Ottignies-LLN entre 2003 et 2008 , note André Ransart, président de l’association des habitants (AH). Dans la mesure où il y aurait encore des terrains disponibles à LLN, car ce n’est plus le cas. Les derniers terrains vendus aux Bruyères l’ont été à 155 euros le m2. Il y a des projets immobiliers, mais chers, qui permettront de répondre à un certain type de demandes, mais pas de réorienter la situation. Ce sont aussi des terrains pour des logements collectifs. Les familles ne trouvent plus à se loger, car ils sont peu adaptés à leurs besoins, en termes de taille et de prix. Elles quittent ou renoncent. LLN est proche de ses limites. Et il y a peu de disponibilité de développement immobilier. Il faudra réfléchir et utiliser au mieux ce qui reste en terme de répartition étudiants/habitants, de classe d’âge " A l’invitation de l’AH, plusieurs centaines de personnes était réunies pour en discuter ce lundi soir. Yves Hanin, directeur du CREAT, Centre d’étude en aménagement du territoire, a ainsi rappelé que dans le projet de LLN, l’objectif de départ était d’accueillir 50000 habitants. Il a été revu à 25000. "Aujourd’hui, on approche de ce seuil des 25000. Cette population n’est pas venue en une fois. Il y a eu d’abord les pionniers. Puis la crise immobilière, et la diversification des logements. Des personnes attirées par le projet se sont installées à Lauzelle, par exemple. Dans les années 80, on a aussi fait des logements sociaux. Et puis il y a eu un quatrième marché, avec le locatif pour les personnes qui n’étaient pas en lien avec l’université. Elles louaient car le projet les séduisait, et était une alternative à la "quatre façades" sur un petit terrain. Et, maintenant, il y a cet engouement qui fait que l’on arrive à saturation. Ces dernières années, beaucoup de personnes ont investi à LLN, et il y a eu beaucoup de nouvelles constructions. De manière générale, le marché des appartements s’est fort développé en Wallonie ces dernières années."
Yves Hanin épingle aussi les particularités propres à LLN. Elle est en effet conçue sur le système de l’emphytéose. Ce qui signifie que le terrain est concédé par le propriétaire (l’UCL) aux privés pour une période fixe et déterminée, en général 100 ans. Au terme de ce bail, le propriétaire prend possession du terrain et de tout ce qu’il contient. Dans le cas des maisons, l’UCL renouvelle le bail emphytéotique lors de chaque vente. "Car pour ces terrains achetés avec des fonds publics, l’Etat n’avait pas envie de voir l’argent aller dans les poches de promoteurs privés, avec une plus-value très importante. A présent, rien n’empêche d’intégrer une clause pour modérer le prix à la revente. Je ne dis pas que cela doit être fait, mais rien ne l’empêche." Yves Hanin remarque "q ue le renouvellement de la population est difficile à avoir, car les terrains sont déjà occupés par les habitants. Dans vingt ans, il y aura un phénomène de vieillissement. Certains vont peut-être devoir aller habiter dans des appartements à LLN et mettre leur maison à disposition d’autres. A quel prix allez-vous mettre ces logements ?", demande-t-il aux habitants actuels. Il avertit : "Il y a quelques projets, mais ils ne satisferont pas la demande. LLN marche très bie n, c’est un modèle d’urbanisme en vogue qui a été lent à démarrer, mais à présent tout le monde y adhère. Pour freiner le phénomène à LLN, pourquoi ne pas importer le projet ailleurs, par exemple autour de la gare d’Ottignies. Petite parcelle, voiries piétonnes C’est un modèle à développer ailleurs en Brabant wallon ! En 2025, il y aura 50000 habitants de plus en Brabant wallon. LLN n’est pas la solution de tout le BW : il faut inventer d’autres LLN ailleurs !"
De son côté, le juriste Nicolas Bernard suggère deux idées proches de l’emphytéose afin de maîtriser le coût foncier et de rendre accessible la propriété aux personnes à revenus modestes : la vente en droit de superficie - moins chère que la propriété classique - et le "community land trust", où une organisation acquiert des terres et des bâtiments et les gère comme un bien commun, un système qui sépare le foncier et le bâti.