"De la poudre aux yeux"
Avant la catastrophe de Buizingen qui a causé le décès de 19 personnes en janvier 2010, l’installation du système de freinage d’urgence TBL1 + n’en était qu’à ses premiers balbutiements.
- Publié le 26-02-2011 à 04h32
Avant la catastrophe de Buizingen qui a causé le décès de 19 personnes en janvier 2010, l’installation du système de freinage d’urgence TBL1 + n’en était qu’à ses premiers balbutiements.
Depuis, les choses se sont accélérées et l’ensemble des lignes ferroviaires du Brabant wallon devraient en être équipées pour juin 2012. "Auparavant, il n’y avait pas de freinage d’urgence en cas de franchissement d’un feu rouge, confie Luc Lallemand, administrateur-délégué du groupe Infrabel. Nous sommes d’ailleurs le seul pays d’Europe dans cette situation. Dans le futur, les trains en tort s’arrêteront automatiquement. C’est une belle avancée pour la sécurité."
Concrètement, deux balises seront disposées sur les voies.
L’une à 300 m en aval du feu. Si un train circule à plus de 40 km/h, le système de freinage s’enclenchera et le train s’arrêtera. Idem si le train circule à moins de 40 km/h mais qu’il franchit la seconde balise, située quelques mètres avant le feu.
Un système qui, selon Infrabel, doit garantir une meilleure sécurité mais qui ne convainc pas certains cheminots. Qui ne s’en cachent pas pour dire tout le mal qu’ils pensent de ce système. "Cette solution n’apportera rien pour la sécurité, assure ainsi Léopold Scaillet, conducteur de train. C’est de la poudre aux yeux. Parce que, lancé à 160 km/h, il faut 600 à 700 m pour qu’un train s’arrête. On aura donc dépassé le feu de signalisation de plus de 400 m ! Vous pouvez imaginer ce que cela donnera si un train arrive en face "
De même, si, 300 m avant le feu, le train roule à moins de 40 km/h et que son conducteur accélère ensuite, rien ne pourra alors empêcher un carnage. "La France a installé ce système il y a 17 ans, poursuit Léopold Scaillet . Aujourd’hui, tous les pays limitrophes ont opté pour des systèmes plus performants tels que le KVB (NdlR : qui contrôle en permanence le respect de la vitesse en fonction du lieu où le train se trouve) ou l’ETCS (NdlR : qui permet de transmettre au conducteur les infos relatives à la vitesse permise et de contrôler qu’il respecte les indications.). Ce dernier système ne sera mis en service qu’en 2030 en Belgique. Soit avec 37 années de retard par rapport à d’autres pays d’Europe."