Des prix qui ont triplé en vingt ans

Un logement accessible à tous dans l’est du Brabant wallon, est-ce impossible ? C’était la question du débat organisé vendredi par l’ASBL Crabe (Coopération recherche et animations en BW de l’Est).

So. De.
Des prix qui ont triplé en vingt ans
©D.R.

Un logement accessible à tous dans l’est du Brabant wallon, est-ce impossible ? C’était la question du débat organisé vendredi par l’ASBL Crabe (Coopération recherche et animations en BW de l’Est). Tout d’abord, note-t-on au Crabe, depuis les années 70, l’est du BW a a gagné plus de 30000 habitants. La croissance de population est, depuis les années 80, plus forte que dans le centre et l’ouest. Les prix moyens des terrains et des maisons rattrapent à présent ceux du centre : en 20 ans, ils se sont multipliés par 6 pour les premiers, et ont plus que triplé pour les secondes, avec une très forte croissance entre 2009 et 2010. Et s’il y a, entre 2000 et 2008, une augmentation de + 3,8 % des revenus de plus de 50 000 euros, on compte de plus en plus de personnes à très faibles revenus (+ 4,3 % de moins de 10000 euros).

Autre aspect : "la part en logement locatif est nettement moindre dans l’est que dans le reste de la province. (19, 4 % pour 27, 6 %, chiffres de 2007). Le BW lui-même étant en dessous du pourcentage de la Wallonie (30,1). Conséquence de la loi du marché : demande forte, offre faible, on a donc une augmentation des prix à la hausse", note le coordinateur du Crabe, Jean Delespesse, qui épingle aussi la situation en matière de logement public. Même s’il est difficile d’obtenir les chiffres exacts, certains plans d’actions étant par exemple parfois reporté sur la période suivante, le pourcentage moyen dans l’est n’atteindrait pas 2, 82 %, à l’issue des plans communaux 2009-2010 (3, 63 à Chaumont en tête, mais 0, 49 % pour Walhain, en queue). Mais de toute façon, s’il faut ajouter des logements à ces chiffres, cela porterait sur moins d’1 % supplémentaires. On vient de très bas, (Ndlr : 1,96 % en 2008, alors que le centre et l’Ouest en étaient à 5,9) . En tout état de cause, c’est nettement insuffisant. Même s’il y a beaucoup plus que des frémissements en matière de logements publics dans les communes de l’Est."

Jacques Otlet le confirme. Le président de l’immobilière publique du centre et de l’est du BW a pris contact après les élections de 2006 avec les collèges communaux pour des collaborations : "On a eu un magnifique résultat, et il y a eu une belle évolution." Résultat : une vingtaine de logements à Beauvechain, douze à Chaumont-Gistoux, une quarantaine à Grez-Doiceau, 34 à Incourt, trente à Hélécine, 3 à Jodoigne, 34 à Orp-Jauche, où il n’y en avait pas, 3 à Ramillies, qui n’en comptait aucun. "Il n’y a donc pas moins de 200 logements sociaux à construire dans l’Est dans les mois qui viennent", souligne Jacques Otlet. La société avait bien besoin de la collaboration des communes. Celles-ci lui ont fourni des terrains communaux via des baux emphytéotiques. Impossible en effet d’acheter des terrains aux prix du marché. "Mais le gros enjeu sera de retrouver des terrains pour construire du logement. On a consommé beaucoup de terrains en vue des différents projets. Faute de cela, on ne saura plus rien faire. Il faut encore beaucoup de logements, et il doit être possible de les faire." Il compte donc sur la Région et les zones d’aménagement différées (ex-extension d’habitat). L’IPB a reçu environ 200 demandes en 2010 dans l’est. Mais en BW, ce sont 3 500 familles qui sont en attente d’un logement social, dit-on au MOC.

Outre les logements sociaux, il existe aussi l’agence immobilière sociale. Elle intervient comme intermédiaire entre les locataires et les propriétaires. Le but, selon son président Alain Trussart : "favoriser la réinsertion par le logement pour des familles à revenus modestes. Il y a un suivi social des lo cataires, on fait une pédagogie de l’habiter. Et les propriétaires ont la garantie de percevoir un loyer, et des avantages fiscaux. Il existe des propriétaires qui font ce choix volontairement". Actuellement, 303 logements sont répartis sur 25 des 27 communes. Et 404 ménages ont fait une demande de logement. Il existe des "projets novateurs", tel celui de la fabrique d’église de Tubize qui souhaite mettre certains des bâtiments dont elle est propriétaire en location à l’AIS. Celle-ci réfléchit aussi à des habitats kangourous, selon le modèle d’une AIS bruxelloise.

Dans l’Est, il y a aujourd’hui 68 biens en location, et des projets en cours pour 25 ménages. A Jodoigne, l’AIS a par exemple repris 17 logements vides qui appartenaient autrefois au CPAS. A Hélécine, la commune, dans le cadre de son plan d’ancrage, a réalisé un inventaire des logements inoccupés. L’AIS devrait se voir confier la gestion de trois de ces logements. A Orp-Jauche, un projet est aussi en cours avec la paroisse, pour un immeuble qui serait transformé en 4 ou 5 logements. Des projets existent aussi à Walhain, Chaumont-Gistoux, Perwez "La réponse reste petite. Mais il y a eu un doublement des moyens (pour combler la différence entre le prix donné au propriétaire et celui payé par le locataire) . Et depuis 4 ans, il y a eu triplement des biens mis sur le marché. L’AIS dont j’ai héritée n’était pas bien gérée. Il a fallu refaire une image, auprès des autorités publiques, et des propriétaires. On espère arriver à 400 logements à la fin de la législature." Pour le moment, l’AIS gère les demandes qu’elle reçoit, mais ne mène pas de campagne de pub généralisée Avec l’équipe actuelle, elle ne pourrait gérer un afflux brusque des offres, explique Alain Trussart.

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