La guerre aux pucerons

Il faut faire confiance à la nature.." Et pour éviter les pesticides, la réponse est peut-être aussi dans la nature elle-même. C’est en tous cas l’avis du Jodoignois Eric Detaille qui a lancé il y a peu la société Adavalue. Elle pratique la lutte biologique, avec une arme : les coccinelles.

So. De.
La guerre aux pucerons
©D.R.

Il faut faire confiance à la nature.." Et pour éviter les pesticides, la réponse est peut-être aussi dans la nature elle-même. C’est en tous cas l’avis du Jodoignois Eric Detaille qui a lancé il y a peu la société Adavalue. Elle pratique la lutte biologique, avec une arme : les coccinelles. "En ce qui concerne la lutte contre les pucerons, les coccinelles peuvent tout à fait remplacer les pesticides. Mais les coccinelles sont mono-régime, elles ne mangeront que les pucerons, même pas les plantes, d’ailleurs. Une autre variété, de coccinelles plus rare, ne mange que des cochenilles. On ne peut remplacer l’ensemble des pesticides avec les coccinelles. Mais pour d’autres variétés d’insectes, pour la rouille, il y a d’autres moyens que mettre des produits chimiques. Le purin d’orties s’utilise, par exemple. Il y a forcément une alternative à tout ! Il faut se renseigner, la nature a réponse à tout." Lui-même dit ne travailler "contre personne", mais dans son carré de jardin à Jodoigne, il a tout de même éliminé tout pesticide et utilise ses coccinelles évidemment. Et la société se dit ravie d’une initiative comme la Semaine sans pesticides, qui débute ce 20 mars. Car moins de pesticides cela permet notamment "d’épargner nombre d’insectes, et par là, de coccinelles "

Adavalue ne commercialise que des coccinelles amatrices de pucerons. " C’est vraiment efficace. Les larves peuvent attaquer des pucerons deux à trois fois plus gros qu’elles ! Et les larves à certains stades, peuvent manger jusqu’à 150 pucerons par jour (contre 90 pour un adulte)." Comment le jardinier doit-il procéder ? Une boîte en plastique lui est livrée où l’on peut observer des petits points noirs - de jeunes pucerons - mélangés avec des petits papiers. L’utilisateur en prend une pincée et les met dans un sachet livré avec avant de fixer ceci aux plantes. "On travaille en curatif", prévient Eric Detaille. "Les larves de coccinelles vont se nourrir avec les pucerons qui se trouvent sur la plante. Comme elles ne savent pas voler et qu’elles perçoivent mal, elles seront attirées par les pucerons, et ramperont pour aller les manger." En outre, la présence des phéromones des pucerons leur donne au coléoptère envie de pondre, les générations suivantes étant ainsi assurées. Mais si les larves peuvent être placées à l’extérieur, les coccinelles adultes, elles, devront rester confinées dans une véranda ou une serre. Car si la larve ne pense qu’à manger et nettoyer la plante sur laquelle elle se trouve, la coccinelle adulte tente plutôt de pondre. Rien ne garantit qu’elle n’ira pas se déplacer plus loin, et prendre son dîner chez le voisin

En terme de biodiversité, introduire ces "bêtes à Bon Dieu" dans les jardins ne serait pas néfaste. Au contraire : "On trouve à présent beaucoup de coccinelles asiatiques, mais plus beaucoup de coccinelles européennes. Il est donc urgent de les réintroduire. Si on ne le fait pas, on va perdre des variétés de coccinelles." Celles d’Adavalue sont bien européennes, et produites en Belgique. Les coccinelles naissent et grandissent dans une ferme spécialisée de Herstal. La création et la commercialisation des produits liés à ces "Adalia bipunctata" relèvent, elle, de la société où la gestion est assurée par Eric Detaille et Pascal Duchesne, son associé.

L’an dernier, Adavalue a vendu un million de coccinelles (dont une grosse partie pour l’aspect didactique, voir sous-papier). 2010, assez froide, n’avait pas vu la prolifération du puceron. La société espère donc un temps plus chaud en 2011 Les clients actuels sont des particuliers jardiniers. Le produit est aussi vendu via le site adavalue.com, dans les jardineries et dans des magasins, dont le nombre augmente. Les commerçants ne gèrent pas de stocks de coccinelles, mais vendent des cartes. Les clients seront ensuite livrés chez eux par la poste. L’accueil du public est plutôt bon, constate Eric Detaille, même s’il faut aussi continuer d’informer. La société est encore jeune et a aussi dû faire pas mal d’investissements, mais est à l’équilibre. Et pour lui, il y a du potentiel dans le domaine : " Il y a un vent contre les pesticides qui est en train de souffler et c’est une alternative efficace", dit-il. "Notre discours est pragmatique et raisonné : il faut faire confiance à la nature - il y a assez d’outils dedans - et arrêter de la polluer."

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