"Prendre sa place dans la société"

Dans son sac de professeur, Michèle Couvreur amène pour le cours d’aujourd’hui un tambourin, et un jeu encourageant à l’improvisation. Cette formatrice donne cours au Collectif des femmes de Louvain-la-Neuve, qui fête demain ses 30 ans à l’Aula Magna (voir épinglé). L’objectif du cours : orienter ses "élèves" vers un projet professionnel mais aussi leur redonner confiance en elles. Marie-Gisèle, 30 ans, l’une des élèves, vient de quitter la Côte d’Ivoire pour la Belgique, car son mari y travaille. Elle fréquente le collectif depuis février : "Je voulais améliorer mon français. Et puis m’intégrer aussi. J’étais toujours toute seule à la maison. Je m’ennuyais. J’habite Mont-Saint-Guibert, et je me sentais un peu comme dans une prison ! Je voulais voir des gens, avoir des amis. Depuis, je ne me sens plus en prison ! Je reste après les cours pour discuter avec les copines J’ai aussi réalisé que j’avais envie d’être commerçante en habillement. La formatrice m’a mis en contact avec Oxfam, qui donne des formations dans ce domaine "

So. De.

Dans son sac de professeur, Michèle Couvreur amène pour le cours d’aujourd’hui un tambourin, et un jeu encourageant à l’improvisation. Cette formatrice donne cours au Collectif des femmes de Louvain-la-Neuve, qui fête demain ses 30 ans à l’Aula Magna (voir épinglé). L’objectif du cours : orienter ses "élèves" vers un projet professionnel mais aussi leur redonner confiance en elles. Marie-Gisèle, 30 ans, l’une des élèves, vient de quitter la Côte d’Ivoire pour la Belgique, car son mari y travaille. Elle fréquente le collectif depuis février : "Je voulais améliorer mon français. Et puis m’intégrer aussi. J’étais toujours toute seule à la maison. Je m’ennuyais. J’habite Mont-Saint-Guibert, et je me sentais un peu comme dans une prison ! Je voulais voir des gens, avoir des amis. Depuis, je ne me sens plus en prison ! Je reste après les cours pour discuter avec les copines J’ai aussi réalisé que j’avais envie d’être commerçante en habillement. La formatrice m’a mis en contact avec Oxfam, qui donne des formations dans ce domaine "

Michèle constate la complicité entre profs et élèves : " On est dans l’accompagnement plus que dans l’apprentissage scolaire. Ici, on travaille l’expression corporelle, le verbal Il s’agit de donner les moyens de s’intégrer dans la société. Prendre sa place. Rien que regarder dans les yeux l’interlocuteur, pour certaines, c’est difficile. Il s’agit donc de retrouver l’estime de soi. Et puis faire le bilan de ce qu’on a, se dessiner un parcours, un projet. C’est le début de la marche vers l’emploi Mais c’est beaucoup de chemin " Le collectif, qui a pour objectif de "valoriser le potentiel des femmes", selon les mots de la fondatrice Christiane De Wan, propose à celles-ci diverses formations en insertion socioprofessionnelle (aide-soignante et auxiliaire de l’enfance avec un organisme de promotion sociale, informatique et langues ) mais aussi d’autres, plus proche de l’action sociale : stylisme, cours artistiques ou encore français. Les premières, intensives s’inscrivent, dans un projet professionnel, les secondes, une ou deux fois par semaine, ont plutôt "une visée d’intégration sociale", dit-on au Collectif, fondé initialement pour épauler les femmes des étudiants étrangers.

Leena, qui vient d’Inde, est dans le cas : elle a suivi son mari qui est post-doctorant à l’UCL. Elle a entamé des cours de français. "Je dois apprendre le français, si je veux trouver un travail ! " Comme elle, ses copines Myriam, venue d’Israël pour suivre son mari belge, et Heni, Indonésienne et qui a elle aussi épousé un Belge, expliquent que les cours permettent de se faire des connaissances : "On ne parle pas la même langue, et on n’a pas la même nationalité, mais tous ceux de la classe sont devenus des amis." Depuis 30 ans, le public du Collectif, a évolué, et compte à présent 20 % de femmes belges. Comme Dalhlia, 19 ans, qui a eu "un parcours difficile". "Je n’ai pas eu mon diplôme. C’est évidemment difficile pour trouver un métier. Je me suis renseignée pour le jury central, il y a une école privée sur LLN, mais c’est 500 euros par mois Ici, c’est gratuit. Je vais voir si ça me plaît d’être auxiliaire de l’enfance. Je vais avoir un stage dans une école pour enfants handicapés. Ca m’intéresse, d’aider les enfants en difficulté "

Pour elle, se retrouver exclusivement entre femmes est positif : "Pour pouvoir partager notre vécu, notre vie quotidienne. Les plus âgées peuvent aussi m’apprendre des choses " Karine Hanssens, qui accompagne les stagiaires en formation, rappelle que certaines femmes fréquentant le collectif ont été confrontées à des maltraitances de la part des hommes. Et c’est aussi plus adapté à certaines formations : " Par exemple, pour les cours d’alphabétisation décentralisés dans les quartiers sociaux, avec des femmes notamment maghrébines, c’est important qu’elles se retrouvent entre femmes. C’est un endroit d’échanges, où elles peuvent parler de leurs soucis, se lâcher, ne pas être contrôlées dans ce qu’elles disent Pour d’autres formations c’est moins important. Il y a d’ailleurs des hommes en aide-soignant et en auxiliaire de l’enfance." Le centre a lancé la formation d’aide-soignante, puis récemment celle d’auxiliaire, notamment pour répondre à la demande des femmes, mais aussi pour le potentiel au niveau emploi. "Environ 90 % des aides soignantes formées trouvent un emploi. C’est moins facile pour celles en informatique-langues, mais cela ne donne pas un diplôme, plutôt une compétence de plus Mais certaines trouvent un emploi après le stage". En 30 ans, le Collectif a accueilli quelque 15 000 femmes.

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