Soyez "architectes du futur"

Jean-Louis Dethier est spécialiste en développement territorial et en prospective. Il est président du comité de pilotage de la démarche "Ottignies 2050".

Sophie Devillers
Soyez "architectes du futur"
©D.R.

Jean-Louis Dethier est spécialiste en développement territorial et en prospective. Il est président du comité de pilotage de la démarche "Ottignies 2050". Cette initiative propose à chaque Ottintois, ce samedi à partir de 8h30 à LLN, d’être "un architecte du futur et un manager des générations futures" en "dessinant" Ottignies-LLN en 2050. Depuis 2009, un groupe de citoyens pluraliste, avec le soutien de la Ville et d’autres acteurs locaux (UCL, associations ), s’est prêté au jeu de la prospective et a identifié les évolutions possibles d’ici 2050 dans la ville. Une nouvelle étape est "d’identifier ce que nous pouvons faire, dès aujourd’hui, pour construire le futur que nous souhaitons". Les participants partiront de la synthèse des réflexions déjà menées autour de quatre thématiques "porteuses d’avenir" (les mutations énergétiques, le "vivre ensemble", l’économie et l’emploi local, ainsi que le patrimoine, la nature et l’environnement). A la fin de la journée, les citoyens auront produit de courts textes qui donneront une bonne "image" de la vie et du cadre local qu’ils attendent. Ceux-ci seront présentés à tous les acteurs (politiques, privés, industriels, associatifs, administratifs ), avec cette question : "qu’allez-vous faire pour qu’Ottignies se rapproche de cette vision ?"

Quelle est la spécificité de ce projet ?

C’est une première au niveau communal, à ma connaissance. Ce type de projet a déjà été mené ailleurs, mais à d’autres niveaux territoriaux. Par exemple, la Wallonie picarde a créé une stratégie à moyen terme au départ de prospectives. Cela a été fait dans le Nord-Pas-de-Calais, au niveau de la Wallonie aussi. Mais ça ne s’est jamais fait au niveau communal. Ce qu’on fait au niveau communal, ce sont des plans d’aménagement du territoire, des schémas de structure Mais pas de réflexions prospectives qui s’enclenchent ensuite sur des stratégies destinées à préparer l’avenir, particulièrement sur des délais aussi longs. L’objectif, c’est une démarche de sensibilisation de tout le monde - la population, la commune, l’université, l’hôpital, le CPAS - aux différents enjeux d’Ottignies en 2050 et qu’il faut préparer

Quelques exemples de ces enjeux ?

On peut en identifier une dizaine : la coopération et l’intégration de l’université dans la commune, la valorisation d’Ottignies en tant que gare. On le regarde dans une optique 2050. Comment est-ce que la mobilité fonctionnera à ce moment-là ? On aura la ligne RER vers Bruxelles, mais il y aura peut-être d’autres possibilités. On parle d’une ligne Bruxelles-Luxembourg-Strasbourg-Bâle. Elle passerait par Ottignies. Les trains vont-ils s’y arrêter ou pas ? Autre enjeu, tout à fait différent, celui de la mixité sociale : est-ce qu’on veut une commune de 60 000 à 80 000 habitants - si on continue à urbaniser, on peut y arriver -, est-ce qu’on veut une ville où il y a différents styles d’habitants ou veut-on attirer les hauts revenus, est-ce qu’on veut encourager le brassage interculturel ? Si oui, cela a des conséquences en matière de "vivre ensemble". Il y a aussi l’enjeu des espaces verts : on en a une surface importante en bois et agriculture; qu’en fera-t-on en 2050 ? Un des postulats est qu’on se déplacera moins, donc on pourrait retrouver des activités locales de délassement, ou de production alimentaire Des questions sont aussi liées à l’évolution mondiale : le pic énergétique, les questions d’immigration pour la mixité sociale, l’environnement sur l’exploitation du patrimoine naturel existant dans la commune Nous avons aussi réfléchi à des scénarios, à partir de cela. Par exemple, si on roule moins en voiture, que fera-t-on des parkings souterrains, qui seront en partie vides : des ateliers, des entreprises, des halls de stockage ? Mais on ne sait pas si c’est comme ça que ça va se passer. Ce n’est qu’un scénario

Il s’agit d’une démarche citoyenne. Qu’en est-il de la représentativité ?

Oui, c’est une démarche citoyenne. Même si certaines études ont été examinées. Et que des experts ont alimenté cette deuxième étape. Cette réflexion a réuni une septantaine de citoyens. Ce n’est pas mal; ils ont réfléchi, compulsé des données Pour ce week-end, on attend une centaine de personnes. Cela peut paraître peu de chose sur une ville de 30 000 personnes. Mais ce n’est tout de même pas mal. Si le projet impliquait une décision, la représentativité serait fondamentale. Si on devait décider et s’engager au niveau de l’avenir communal Ici, l’idée c’est plutôt de sensibiliser. C’est donner le reflet d’un échantillon de la population, ce qu’elle souhaite ou est prête à envisager comme sacrifice. C’est surtout révélateur d’un état d’esprit. Après, on sollicitera les acteurs.

Il y a déjà des implications actuelles…

Ce qu’on préconise, c’est d’être attentif aux différents enjeux. Que les projets actuels ne les compromettent pas. Et faisons aussi en sorte que les projets actuels y contribuent positivement. Ainsi, si on choisit la formule de la coexistence interculturelle, il a des choses à faire dès aujourd’hui comme, par exemple, éviter de créer des ghettos.

Infos : www.olln2050.be

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