Terres fertiles et promontoire ont séduit à la Préhistoire

Bernard De Leener, historien, et spécialiste du Michelsberg, guidera les visiteurs au bois des Bruyères, ces samedi et dimanche à 14 heures 30.

Sophie Devillers

Entretien Bernard De Leener, historien, et spécialiste du Michelsberg, guidera les visiteurs au bois des Bruyères, ces samedi et dimanche à 14 heures 30.

Comment ce site a été découvert ?

C’était plus ou moins connu par quelques villageois. A la fin du XIX e siècle, l’archéologue, M. de Loë, avait fouillé un peu partout dans le BW, et aussi à Chaumont-Gistoux. Mais le site est tombé dans l’oubli jusqu’à la moitié du XX e siècle. Jusqu’au moment où le notaire du village et un professeur du secondaire qui, en se baladant dans le bois des Bruyères et en voyant le relief, se sont posé des questions. Il y avait une forme qui ressortait du paysage, qui paraissait ne pas en faire partie, une levée de terre. Un archéologue leur a dit qu’il s’agissait de vestiges ajoutés par l’être humain. Il s’agit en fait des restes d’une levée de terre, dont on ne trouve plus des vestiges que dans le bois. Le reste a été arasé par l’agriculture. Elle date de 3500 ans avant notre ère, du Néolithique moyen, de la culture du Michelsberg. Cette levée de terre est le vestige d’une levée de terre beaucoup plus longue. Ce qui reste est d’une longueur de 700 m, d’une largeur de 12 m et d’une hauteur jusqu’à 2,5 m. On se trouve sur une hauteur en forme de promontoire, une sorte de presqu’île, terminée aux extrémités par une pente abrupte. En revanche, sur ce promontoire, la langue de terre du côté du plateau est ouverte géographiquement. Cette levée de terre est en position d’éperon barré du côté non protégé. Les gens du Michelsberg ont donc fait une enceinte protégée du côté plateau.

Quelle est sa fonction ?

Le premier rôle de ces enceintes ne serait pas défensif. Des archéologues français ont fait des fouilles dans d’autres sites du Michelsberg, et ont trouvé aux abords des ouvertures sur les levées de terre des débris de poterie, des os fracassés, brisés intentionnellement. Il s’agirait de vestiges de cérémonie. On n’a en revanche jamais retrouvé de flèches ou d’armes, donc on croit que le rôle primordial de cette enceinte, de cette levée de terre, est cultuel Cela dit, à Chaumont-Gistoux, il est difficile de ne pas croire qu’il n’y a pas d’aspect défensif aussi car la levée est à l’endroit où il faut se défendre.

Pourquoi les hommes du Michelsberg se sont-ils installés à cet endroit ?

A l époque, pour l’agriculture, et il fallait des terres fertiles. En Brabant wallon, et dans les alentours du promontoire, il y a des terres fertiles. En outre, s’installer sur une hauteur permet de voir venir les assaillants. Il fallait aussi de l’eau et il y a une source, tarie maintenant, à cet endroit. On trouve d’ailleurs d’autres sites du Michelsberg en Brabant flamand et wallon, à Maubroux (Genval), à Enines, à Ottembourg Ces gens vivaient probablement de manière tribale. Il se pouvait aussi qu’ils se servaient de la levée de terre pour les rituels et habitaient plus loin. Mais pour Chaumont-Gistoux, j’en doute, on a retrouvé dans les champs environnants pas mal de silex taillés pour la peau, les os, le bois, donc on pourrait en déduire qu’ils se sont installés là aussi. Mais c’est une période très éloignée ; on n’a aucune certitude... On a aussi trouvé du charbon de bois, des poteries en forme de tulipe typiques du Michelsberg.

Le site est-il bien préservé ?

Pour la Belgique, c’est un site encore bien préservé. Il y a des tas de sites Michelsberg sur un promontoire, où il n’y a plus rien à voir. Par exemple à Genval, tout a été loti. A Enines, on ne voit plus que les "falaises". Ici, on voit très clairement la levée, grâce au bois qui l’a protégée. Le site est classé mais pas comme site archéologique, mais il l’a été à l’époque du professeur comme site naturel. C’est suffisant pour qu’on n’y touche plus, mais il faudrait donc beaucoup de procédures pour recommencer des fouilles. Certains sites ont été fouillés à fond en Belgique, mais pas Chaumont-Gistoux, mais je ne sais pas dans quelle mesure ça peut encore intéresser les archéologues

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