Les trésors verts du domaine Solvay
Les 227 ha de verdure, de bois et d’étang du domaine régional Solvay seront mis à l’honneur ce week-end par l’ASBL Valorisation touristique des parcs et jardins exceptionnels de Wallonie. Parmi diverses animations, les guides nature du Brabant seront présents pour faire découvrir la faune et la flore de ce domaine légué par Ernest-John Solvay à l’Etat en 1968.
Publié le 13-05-2011 à 04h15 - Mis à jour le 13-05-2011 à 09h44
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Balade Les 227 ha de verdure, de bois et d’étang du domaine régional Solvay seront mis à l’honneur ce week-end par l’ASBL Valorisation touristique des parcs et jardins exceptionnels de Wallonie. Parmi diverses animations, les guides nature du Brabant seront présents pour faire découvrir la faune et la flore de ce domaine légué par Ernest-John Solvay à l’Etat en 1968. Christian Paquet, responsable des guides nature du Brabant, est un habitué et un amoureux des lieux. "Le site fait partie du réseau Natura 2000. Les pays européens doivent classer des sites, pour créer une sorte de maillage vert. Car cela ne sert à rien d’avoir des zones protégées au milieu de nulle part s’il n’y a pas de relations avec d’autres sites. Il ne faut pas forcément un couloir physique, car les échanges peuvent se faire par le vent, les insectes. Ici, c’est vraiment un noyau, un gros maillon de ce réseau." Jumelles au cou, il invite à débuter la balade à la grille de la chaussée de Bruxelles. "Le site est très intéressant. Il y a beaucoup d’espèces végétales indigènes, mais le domaine a aussi été aménagé par la main de l’homme. Et donc il y a beau coup d’arbres qui ont été plantés." Exemple : ce séquoia géant, planté le long du chemin de l’entrée principale, mais qui existe en plusieurs exemplaires et figure parmi les nombreux arbres remarquables du domaine. Sans oublier les rhododendrons en pleine floraison. "Fin XIXe siècle, début XXe, c’était la mode des plantes exotiques. Ce qui est remarquable c’est que c’est une espèce "naturalisée"; elle s’est parfaitement adaptée au climat et au sol local. En outre, elle ne constitue pas une menace pour la biodiversité, ce n’est pas une espèce invasive."
Autre particularité à remarquer dès l’entrée : les prairies non fauchées. "Seuls les deux premiers mètres sont fauchés, pour donner une impression de propreté. Le reste sera fauché plus tard dans l’année. Ces zones sont très intéressantes pour la reproduction des insectes, qui sont le début de la chaîne alimentaire..." Un peu plus loin, voici la preuve que l’on se trouve bien en fond de vallée et en zone humide, avec l’étang de la Longue Queue, ou la rivière L’Argentine qui traverse le site. "L’eau est très claire, elle bénéficie de l’installation de la station d’épuration. Avant, elle était polluée ". Sur ses étangs, le domaine accueille foulque, grèbe huppé, héron, canard mandarin. L’étang de la Longue Queue est fréquenté par les libellules. Et par les oies du Nil, qui sont une espèce invasive. "Elles empiètent sur l’espace des espèces indigènes, sont agressives et chassent les autres espèces qui nichent. Heureusement, ici, ces oies ne sont pas trop nombreuses. De toute façon, tous les oiseaux sont protégés, et il faut une dérogation pour les neutraliser." Le nom de l’étang renvoie à un ancien triage de la forêt. Le domaine a été créé au XIXe sur une partie de la forêt de Soignes, qui a été déboisée. "Cela n’aurait pas eu d’impact si cela avait été la seule propriété. Mais toute la périphérie de la forêt a été déboisée pour créer des beaux domaines... Cela dit, ça a apporté autre chose..."
La pièce d’eau est dominée par le château au pied duquel s’étend une pente douce, soigneusement tondue. Le site est géré par le DNF, avec l’appui des jardiniers de l’ASBL du domaine. "Toute la gestion du domaine est naturelle. Pas d’engrais, de pesticides, de fongicides..." L’esplanade, tondue, "reste un espace vert, mais ce n’est pas très bon au niveau biodiversité. Il n’y a pas de renouvellement de faune, pas d’insectes... Mais il faut faire des compromis. Il y a une pression humaine qu’on essaie de canaliser. Les gens ne peuvent pas quitter les chemins, mais il y a des endroits spécifiques prévus pour eux. Le but est tout de même d’attirer des gens, donc il faut leur donner des lieux pour se détendre. Il faut gérer dans un souci de conservation de la nature, mais s’il n’y a que de la "friche", les gens ne viendront pas. Au-delà, la nature reprend ses droits. Il y a les zones non fauchées, et les prairies où un fermier local met ses vaches..."
Direction à présent l’ancienne ferme - en activité jusque dans les années 70 - où se trouve la fondation Folon. La traversée de la cour, qui permet d’apercevoir plusieurs créations de ’artiste, mène au verger conservatoire. Soit 5 ha et des centaines d’arbres fruitiers (pommiers, poiriers, cerisiers...). Leur caractéristiques : ce sont des "hautes tiges", par opposition aux "basses tiges", plus rentables car plus adaptés à la cueillette. Pour protéger les variétés anciennes à hautes tiges, la Région wallonne a créé une "réserve", qu’elle a choisi de dupliquer sur divers sites, comme ici. "C’est donc un satellite de cette banque de données génétique. Si quelqu’un veut une variété ancienne, il suffit de couper un rameau et d’en faire une greffe." Le fond du verger abrite un rucher, dont les abeilles contribuent à polliniser les fleurs des arbres. Et c’est aussi une prairie à vaches, qui se chargent d’une tonte écologique, et de manger les pommes tombées. "A cet endroit, il y avait déjà un verger semi-industriel, dont on vendait les fruits. A présent, les fruits ne sont plus commercialisés, mais en octobre, les gens peuvent venir les ramasser. Il y a une journée portes ouvertes où du jus est aussi pressé et vendu." Retour au château, d’où l’on peut observer la percée rectiligne qui débouche sur l’obélisque de 36 m ou encore le jardin français. Un château où la biodiversité se cache aussi. "Les tourelles recouvertes de lierre, cela constitue une façade verte ! Cela fournit un milieu de refuge pour les insectes, c’est idéal pour les coccinelles et ça permet aussi aux merles de nicher !" Le trajet de retour pénètre dans la forêt et ses espèces indigènes d’arbre comme les hêtres. Les tamias s’y montrent moins farouches que les écureuils roux présents aussi comme les chevreuils et les lapins.
Les visiteurs plus courageux et qui souhaitent admirer le domaine dans son ensemble pourront aussi monter au belvédère, en empruntant l’imposant escalier qui y conduit.