La gare d’Ottignies, un enjeu régional

En plus de réussir l’accessibilité de la gare, il faut y créer un lieu de vie.

L. Dm.
La gare d’Ottignies, un enjeu régional

Faire passer à deux bandes le rond-point de la Libération des Camps - un chantier prévu cet été -, c’est la toute première étape d’un projet de grande envergure qui vise à donner à la gare et à ses abords un tout autre visage. Un nouveau visage a été esquissé - les détails doivent encore être affinés - par l’étude d’orientation pour des améliorations urbanistiques de la gare d’Ottignies et de ses alentours menée par le bureau d’études Eurogare et financée par la Ville, la SNCB et Infrabel.

Une étude présentée vendredi matin par des représentants du collège communal et de l’opposition… Une première qui s’explique par l’importance de l’enjeu.

Première étape : en 2017, la réalisation d’un parking sur la partie la plus proche des voies de la ligne 140 de l’actuel parking des droits de l’homme. Un parking à étages (en hauteur ou souterrain) de 1 300 places (1 000 SNCB et 300 pour des tiers contre les 430 places actuelles).

Le reste de l’actuel parking en contrebas du clos de la Rivière devrait accueillir des bureaux, commerces et logements. Un parking qui sera enterré puisque tout le plateau de la gare sera six mètres plus bas qu’actuellement. "Un important travail de génie devra être réalisé puisque la future esplanade - entourée par des bâtiments destinés à l’habiter - sera au même niveau que l’actuel rond-point de la Libération des Camps", précise Cédric du Monceau, l’échevin de l’Urbanisme.

La future esplanade d’une surface triplée par rapport à l’actuelle sera très allongée et accessible aux bus articulés, aux piétons et modes doux. Les accès voitures se feront uniquement vers les parkings (Droits de l’homme et Villas. 600 places dont 500 pour la SNCB contre 330 actuellement) et vers les trois Kiss and ride : celui des Villas qui sera amplifié, le second prévu aux Droits de l’homme et le troisième côté Congo, accessible via une future voirie à créer sur le site actuel de Benelmat.

La gare, elle, est envisagée au-dessus des voies un peu plus en arrière que son emplacement actuel et elle sera prolongée par une galerie le long de l’esplanade.

Le café Duchêne et la friterie, eux, sont voués à disparaître, tout comme le passage à niveau : des accès piétons sont prévus depuis le parking des Droits de l’homme vers la gare en dessous des voies. "Puisque la gare sera en cul-de-sac, il faut réussir son accessibilité" , conclut l’échevin.

Faire d’Ottignies un pôle d’attractivité

La gare d’Ottignies est l’une des principales de Wallonie et tout est à faire. S’y ajoute un potentiel foncier fantastique. Il existe un vrai potentiel de développement des abords de la gare sur 15 à 20 ha. Ce que la Ville veut faire entendre à tous les niveaux de pouvoir.

C’est pourquoi, une motion a été envoyée au gouvernement fédéral : au Premier ministre Charles Michel, à la ministre de la Mobilité en charge de la SNCB, Jacqueline Galant, mais aussi à la Région wallonne. Elle prévoit d’interpeller les autorités concernées par les aménagements indispensables pour "recevoir confortablement les navetteurs, une bonne réalisation du RER, un développement optimal de la gare et de ses alentours" .

La motion rappelle aussi l’absolue nécessité de conditionner tous ces projets (RER, PCAR, accès parking) puisqu’ils sont intimement liés. La non-réalisation de l’un pouvant entraîner l’échec des autres. "Plus qu’un lieu, la gare doit être envisagée comme un espace d’intermodalité , précise Cédric du Monceau. La Ville a permis de transformer une zone verte en une zone constructible, mais il faut que le phasage soit bon. Et si 60 millions d’euros investis permettent de vendre 50 000 m², on arrive peut-être à une opération blanche."

En plus, la Ville a fait savoir à l’Europe qui recherche 100 000 m² de bureaux qu’il y aurait peut-être moyen, après le départ de Benelmat (12 ha) d’accueillir des bureaux aux abords immédiats de la gare. "Il faut qu’Ottignies devienne un pôle d’attractivité", conclut Julien Tigel-Pourtois.

60 millions d’euros de la SNCB

La vision de la gare et de ses abords proposée par Eurogare est une vision à dix ou vingt ans, qui nécessitera des investissements publics et privés. Coût du projet ? 100 millions d’euros pour les aménagements SNCB, TEC et le rond-point. Et si l’étude d’orientation est bien portée par la SNCB, la Ville et Infrabel qui sont donc en accord sur l’orientation proposée, les autorités communales veulent s’assurer que les 60 millions promis précédemment et inscrits au budget du plan pluriannuel de la SNCB pour la période 2016-2022 permettent bien de lancer les premiers chantiers à l’horizon 2017. "La gare accueille 22 000 voyageurs montants dont 6 000 viennent des alentours d’Ottignies , précise le bourgmestre Jean-Luc Roland (Ecolo) . Elle manque cruellement de confort, mais sa fréquentation augmente."

Et Cédric du Monceau (CDH) de compléter : "La gare n’a jamais été finie, elle a toujours manqué d’un soutien politique." Quant à Michel Beaussart (PS), il déplore que les personnes à mobilité réduite doivent passer en surface : "C’est un scandale."

Enfin, pour le MR, Julien Tigel-Pourtois indique qu’"il faut essayer de transformer les retards annoncés et les diminutions de budget en apportant du positif".

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