Brabant wallon: le CDH dresse un bilan mitigé de la majorité provinciale, à mi-législature.

Si l’année écoulée a été une bonne année pour les 27 communes du Brabant wallon, qui ont été "choyées" par la Province, c’est par contre une "annus horribilis" en terme de gouvernance provinciale.

Natelhoff Yannick
Canicule : boom sur la pataugeoire du Bois des Rêves. / Eau, se rafraîchir
Canicule : boom sur la pataugeoire du Bois des Rêves. / Eau, se rafraîchir ©Jean-Philippe de Vogelaere

Les élus provinciaux du CDH Brabant wallon ont dressé, jeudi, un bilan plutôt mitigé de la majorité MR-PS, à mi-législature. Avec un double constat : si l’année écoulée a été une bonne année pour les 27 communes du Brabant wallon, qui ont été "choyées" par la Province, c’est par contre une "annus horribilis" en terme de gouvernance provinciale.

Une mauvaise gouvernance mise en lumière par le fiasco dans le cadre du marché d’attribution de l’Horeca du domaine provincial d’Hélécine (lire ci-dessous).

Et le CDH Brabant wallon de pointer "le manque de vision d’avenir du collège provincial". Lequel se bornerait à "répondre aux besoins spécifiques et ponctuels" des communes, sans aucune vision à long terme. "Dans sa déclaration de politique générale, en début de législature, le collège provincial avait repris une citation de Maurice Blondel : l’avenir ne se prévoit pas, il se prépare, confie Philippe Matthis, chef de file du groupe CDH à la Province. Malheureusement, le collège, tout en poursuivant une gestion au quotidien de ses dossiers, omet de leur apporter une touche prospective pour les 10, 20 ou 30 prochaines années. Or, préparer l’avenir, cela implique de voir loin."

Et le président du CDH brabançon, Benoît Thoreau, d’appuyer ces propos : "Sur les trois dernières années, la Province a distribué 14,8 millions d’euros aux communes, dans 584 dossiers. C’est une très bonne chose car les communes sont devenues les cibles privilégiées du gouvernement fédéral. Mais le problème, c’est que la Province distribue ses subsides sur base d’appels à projets. Elle envoie les lignes directrices et attend qu’arrivent les projets. Nous demandons plus de proactivité pour avoir une vision politique à long terme qui permette de répondre aux enjeux provinciaux. Et les défis sont nombreux."

Et le CDH de déplorer notamment l’absence de soutien pour les projets intercommunaux. "La Province n’encourage pas les communes à travailler ensemble pour l’intérêt commun. Or il faut qu’elle favorise les coopérations transcommunales pour des projets d’envergure en lien avec les défis auxquels le Brabant wallon sera confronté dans le futur."

"Un collège au côté bling-bling"

Alors que le budget pour l’action provinciale en matière d’aide sociale est en diminution de près de 92 500 € en 2016, le CDH a dénoncé que, d’ici 2020, 37 millions d’euros seront investis dans les domaines provinciaux d’Hélécine (22 millions) et du Bois des Rêves (8 millions) ainsi que dans le déménagement du centre provincial de l’agriculture et de la ruralité (7 millions).

"Que ferons-nous dans 10 ou 20 ans avec de superbes domaines provinciaux clinquants neufs, hyperéquipés et très confortables, et une population vieillissante et peu accompagnée, ou obligée de quitter la province à cause d’un immobilier rare et cher ?", interroge Olivier Van Ham, qui préférerait que le collège provincial s’attelle davantage à trouver des solutions aux enjeux du futur, dénonçant ainsi son côté bling-bling.

Un côté bling-bling qui serait la raison du fiasco dans l’attribution du marché de l’Horeca au Domaine d’Hélécine. "Le collège voulait à tout prix attribuer le marché à Olivier Saxe (NdlR : créateur de la Fête des Belges à Saint-Tropez), quitte à ne pas respecter les conditions d’attribution et malgré les avertissements du directeur général de la Province, déplore Philippe Matthis. Résultat, ce qui devait arriver est arrivé. La tutelle a cassé le marché et tout est à recommencer. On a perdu plusieurs mois. Fort heureusement, Mathieu Michel (NdlR : président du collège provincial) a l’avantage d’apprendre de ses erreurs."

Quatre grands défis pour le futur

Le CDH Brabant wallon a identifié quatre grands défis auxquels sera confronté le Brabant wallon dans un futur relativement proche. Quatre défis auxquels les Humanistes demandent à la majorité d’apporter des solutions dès aujourd’hui.

1. Le vieillissement de la population. La proportion des plus de 65 ans devrait grandement augmenter d’ici 2030. "Le BW a déjà du retard en termes de capacité d’accueil sur le reste de la Wallonie, confie Olivier Van Ham. Il faut donc mettre en place une vraie politique en la matière en mettant sur pied un plan de développement d’infrastructures pour seniors à l’horizon 2030. Agir trop tard rendra l’équation intenable au moment où les faits s’imposeront à nous."

2. La Mobilité. D’ici 2030, le BW devrait compter 34 000 habitants supplémentaires. Et, a posteriori, entre 20 000 et 30 000 véhicules de plus. "Il faut avoir une vision de la mobilité qui passe par l’aménagement du territoire, explique Philippe Matthis. Le RER (NdlR : en sursis) ne pourra pas tout solutionner."

Et le CDH de préciser que, plutôt que d’intervenir pour résoudre des points noirs sur les routes, mieux vaudrait anticiper pour éviter que ceux-ci se forment. Cela passe notamment par une vision à plus long terme de l’aménagement du territoire. "Est-il encore logique de construire des lotissements en pleine campagne où les transports en commun se font rares plutôt que de densifier les centres-villes ?", interroge le CDH qui préconise la création d’un plan de développement territorial, que la majorité promettrait depuis dix ans déjà et qui permettrait d’objectiver les endroits où il serait judicieux de construire.

3. Les inégalités sociales. Le CDH dénonce les écarts de revenus qui s’agrandissent entre les mieux nantis et les plus pauvres et qui créent un phénomène de dualité sociale alors même que le budget provincial dédié à l’action sociale diminue. Le CDH réclame la mise à jour de l’étude des besoins sociaux en Brabant wallon, datant de 2007, pour mieux objectiver les actions à mener dans le futur.

4 Le réchauffement climatique. Le CDH souhaite que l’institution provinciale devienne énergétiquement neutre à l’horizon 2030.

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