Une mère et sa fille tuées à Wavre: le médecin légiste pointe plusieurs invraisemblances dans le récit du mari
Abdullah Saad prétend avoir utilisé un petit couteau à lame recourbée pour égorger son épouse Noura Horiya et leur fille Samira, le 17 décembre 2013 à Wavre. Pour le légiste, il est peu vraisemblable que cette arme seule ait été utilisée, et que ce couteau de petite taille ait permis de pratiquement décapiter l'enfant.
Publié le 22-06-2016 à 13h43
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Entendu au troisième jour du procès d'Abdullah Saad devant la cour d'assises du Brabant wallon, le médecin légiste qui a pratiqué l'autopsie des victimes et a assisté à la reconstitution a mis en doute plusieurs points de la version de l'accusé. Y compris à propos de l'arme utilisée: Abdullah Saad prétend avoir utilisé un petit couteau à lame recourbée pour égorger son épouse Noura Horiya et leur fille Samira, le 17 décembre 2013 à Wavre. Pour le légiste, il est peu vraisemblable que cette arme seule ait été utilisée, et que ce couteau de petite taille ait permis de pratiquement décapiter l'enfant.
L'examen des corps des deux victimes montre que les blessures sont uniquement localisées au niveau du cou de Noura Horiya et de Samira. Certaines de ces blessures ont été infligées en se servant d'une lame pour piquer - elles sont parfois très profondes - et d'autres blessures révèlent des mouvements pour trancher. Sur le cou de Noura Houriya, le légiste a relevé les traces d'entre dix et douze actions distinctes avec un couteau, alors que l'accusé parle de deux mouvements uniquement. Pour l'enfant, le légiste a relevé au moins cinq passages de la lame dans le cou.
Abdullah Saad affirme que son épouse ne s'est pas défendue lorsqu'il l'a égorgée, mais qu'elle a tenté de se relever une fois au sol. Le légiste a pour sa part relevé sur le corps de la victime des plaies de défense caractéristiques d'une tentative de préhension de la lame. Et il estime que médicalement, avec la gorge entièrement tranchée comme c'était le cas, il était impossible que la victime ait tenté de se relever.
L'examen du corps de la petite Samira, 13 mois, montre qu'elle a été pratiquement décapitée, et que sa colonne vertébrale a été sectionnée. L'arme qu'Abdullah Saad a confirmé avoir utilisée, une nouvelle fois à l'audience mercredi, a été présentée au médecin légiste pour savoir si ce petit couteau à lame recourbée pouvait avoir servi pour faire cela. "La réponse est définitivement non", a répondu le professionnel.
Un autre couteau, piquant et avec une longue lame, a été retrouvé quelques mois plus tard sur l'autoroute E411, à l'endroit où l'accusé a été victime d'un accident peu après les faits du 17 décembre 2013. Pour le médecin légiste, ce couteau est davantage compatible avec les blessures infligées aux victimes.
La position de Noura Horiya, telle que décrite par l'accusé lors de la reconstitution, ne semble pas non plus vraisemblable au légiste. Celui-ci a au passage qualifié l'attitude de l'accusé de "théâtrale" lors de la reconstitution, Abdullah Saad ayant simulé une syncope après avoir refusé de répéter les gestes commis envers sa femme et sa fille.