André Antoine: "Le Brabant wallon est au bord de l’asphyxie"

Le CDH dresse un portrait-robot alarmiste de la Jeune Province.

Y. N.
André Antoine: "Le Brabant wallon est au bord de l’asphyxie"

Le CDH Brabant wallon a réalisé un travail de fourmi pour compiler des dizaines de données permettant de dresser un portrait-robot de la province du Brabant wallon. Avec un constat résumé par André Antoine : "La province est au bord de l’asphyxie".

Selon celui qui est à la fois président du Parlement wallon et bourgmestre de Perwez, les décideurs politiques doivent se pencher rapidement sur l’avenir de la province, sans quoi la qualité et le cadre de vie des Brabançons wallons risquent d’être fortement altérés avec une évolution démographique estimée à 23 % d’ici 2060.

Parmi les principaux enjeux, on retrouve inévitablement celui du logement. Avec une augmentation des prix nettement plus importante dans la Jeune Province (+7 % en un an) que dans le reste de la Wallonie (+0,8 %). Et une pression foncière qui devrait aller en augmentant avec l’évolution démographique. "Ce qui est une problématique particulièrement aiguë en Brabant wallon, confie André Antoine. Les prix risquent de continuer à s’emballer. Et c’est un véritable problème pour l’accès au logement".

Cette hausse des prix risque de générer une émigration des personnes les moins nanties vers d’autres provinces plus accessibles. "Là où on aurait besoin d’une réponse de solidarité pour les familles monoparentales, les seniors, les personnes handicapées, les jeunes et les moins nantis en général, nous n’avons que 4,86 % de logements publics sur notre territoire. Si les choses ne bougent pas, l’émigration vers d’autres provinces va se poursuivre."

Avec comme conséquence un vieillissement de la population et les "soucis" que cela peut impliquer, comme l’accueil des personnes âgées en maison de repos. Actuellement, on compte en moyenne 250 lits pour mille personnes âgées de plus de 80 ans. "La pénurie est en vue. Et c’est d’autant plus inquiétant que les enfants de ces personnes n’auront peut-être pas l’espace ou les moyens financiers d’assumer la prise en charge de leurs parents."

Enfin, l’autre enseignement de cet almanach 2016 du BW concerne la mobilité. "Il s’agit de l’un des critères les plus inquiétants pour le futur du Brabant wallon. Le nombre de véhicules sur nos routes a tendance à augmenter et le nombre de deux véhicules par ménage est bientôt atteint en Brabant wallon."

Avec une conséquence que tous les automobilistes ont déjà constatée : les routes sont saturées. Et pas seulement sur les voiries régionales. "Les routes communales sont aussi prises d’assaut. Notamment par des automobilistes qui s’en servent comme routes de délestage pour éviter des voiries régionales encombrées. Les habitants de la province étouffent littéralement tant la congestion automobile augmente. Il y a désormais une sensation de trafic permanent, même durant le week-end."

Le CDH formule ses propositions

Si le CDH a dressé son portrait-robot du Brabant wallon, il formule aussi quelques propositions. D’abord vis-à-vis du fédéral qui, en raison d’un retard de l’enrôlement, aura fait perdre 12 millions d’euros aux communes du BW en 2015. Une somme que les communes devraient toutefois récupérer, mais sans les intérêts. André Antoine propose dès lors que le pourcent, attribué à l’Etat sur les recettes à l’IPP, pour service rendu, ne soit plus accordé.

En matière de logement, le CDH veut imposer 5 % d’exonération du précompte immobilier pour les citoyens qui s’installent dans les quartiers nouveaux définis par la Wallonie. Ce qui permettrait de rendre ces logements plus accessibles aux moins nantis. Il veut aussi inciter les communes à construire davantage de logements publics sur leur territoire. Notamment en pénalisant moins celles qui doivent faire face à une forte hausse de leur démographie.

En matière de mobilité, le CDH implore le fédéral à établir d’urgence un calendrier RER et à le respecter. Ceci afin de limiter la congestion automobile sur nos routes. Le groupe souhaite aussi la création de parkings de délestage et la relance des Proxibus.

En matière d’enseignement, les Humanistes prônent la création de deux nouveaux établissements secondaires. Dont un à Genappe. Lequel serait "une évidence", selon André Antoine.

Enfin, le CDH veut augmenter les places d’accueil de la petite enfance et pour seniors par la création de nouvelles infrastructures.

Le Brabant wallon en quelques chiffres

6. En moyenne, chaque habitant de la Jeune Province paie 6 euros par an pour le financement des cultes.

41. L’âge moyen en Brabant wallon a augmenté de près de deux ans entre 2005 et 2015, passant de 39,3 à 41 ans. Ce qui fait dire à André Antoine que "la Jeune Province n’est plus si jeune que ça".

49. Le taux de couverture de l’accueil de la petite enfance tourne autour des 49 % en Brabant wallon, contre une moyenne wallonne de seulement 33 %.

313. Les Brabançons wallons paient en moyenne 313 euros d’impôt sur les personnes physiques (IPP). Et 304 euros de précompte immobilier.

360. C’est la densité de population en Brabant wallon, contre 213 habitants par km2 en Wallonie. Ramillies est la commune la moins dense du BW avec 128 habitants/km2 contre 1 407 h/km2 pour Waterloo, commune la plus dense.

4 639. En Brabant wallon, il resterait 4 639 hectares de terrains urbanisables. Soit une moyenne de 172 hectares par commune.

36 000. Le revenu moyen en Brabant wallon tourne autour de 36 000 euros par habitant. Avec des écarts parfois conséquents selon la commune où l’on habite. A Tubize, le revenu moyen est de 29 000 euros contre 45 000 euros à Lasne.

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