Boitsfort: Opposition citoyenne résolue à la mutation de St-Hubert
Des riverains demandent le rejet du projet, vaste argumentaire à l’appui.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/453e8700-1cbe-41e1-ad18-bdfa91a560ca.png)
Publié le 12-06-2018 à 10h38
:focal(1025.5x520:1035.5x510)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/HZUBDJWLNZFJHLDVHKDB3QO6YE.jpg)
Des riverains demandent le rejet du projet, vaste argumentaire à l’appui. Le projet de réaffectation de l’église St-Hubert fait des vagues à Boitsfort. Ainsi à l’attention de la commission de concertation qui doit se prononcer fin juin, des citoyens de la commune, dont certains directement affectés par le projet mais aussi mus par le souci de l’intérêt général, ont déposé hier une note très détaillée. Avec d’emblée de nettes réserves sur son insertion dans le tissu urbain…
Vu qu’il s’agit d’un lieu de moult passages, les signataires constatent que "l’image que suscite l’aménagement proposé est celle d’une juxtaposition d’alvéoles de formes tristes, serrées les unes contre les autres, accompagnée de deux tours dont l’une, existante mais transformée, sans élégance, dont la signification première ne s’impose plus en rien. L’autre la concurrence sans autre raison qu’utilitaire. De l’avis exprimé sur ce point par la Commission royale des Monuments et des Sites, cette ignorance de la dimension religieuse caractérise aussi le reste du corps du bâtiment. En particulier les mezzanines dans les toitures. Globalement, cela révèle un souci d’entassement et d’amoncellement, qui génère une impression d’encombrement."
Un peu de fierté et d’audace, SVP !
Pour ce "point de repère emblématique", les riverains plaident pour "une plus belle image, plus ambitieuse sur le plan artistique, dessinée par des architectes de talent". Cela "l’inscrirait dans l’esprit et la tradition de réalisations telles que les bâtiments de l’ex-Royale Belge (Stapels), de Glaverbel (Jacquemin et Mulpas), de ex-CBR (Brodsky) ou encore, des ‘Cités-Jardins’ (Van der Swaelmen et Eggericx), des logements en habitat groupé de l’Abreuvoir (Wolff) ou de la maison personnelle de l’architecte Volckrick au Jagersveld, ainsi que de nombreuses autres réalisations (telles que celles de Doyen, Libotte et Fontaine). Et de déplorer "l’abandon de toute intention esthétique au plan urbanistique et architectural". Les signataires s’étonnent aussi des dérogations par rapport au site protégé comme zone d’intérêt culturel, historique, esthétique ou d’embellissement, comme zone de protection du parc Jagersveld et près d’un site Natura 2000. Aucune dérogation de hauteur par rapport au RRU (Règlement général d’urbanisme) ne se justifierait.
Une tour-ascenseur intrusive
Quant à l’accès au culte il n’a pas d’espace de dégagement extérieur et se fait directement sur la rue, en déniant la notion de parvis. La future tour-ascenseur suscite aussi des interrogations. Sur le plan architectural et aussi de protection de la vie privée. Sur le plan environnemental, la création du parking et de la trémie ne semble pas compatible avec la conservation des arbres existants. Et cela n’empêchera pas de rendre encore plus compliqué l’accès en voiture de la zone avec 41 habitations supplémentaires sur le site. Sans parler des difficultés d’accessibilité du bâtiment pour les services d’urgence. La conclusion ? Il faut rejeter la demande de permis d’urbanisme de Bell Tower. Car "le projet n’est pas amendable". En outre "le nombre et l’ampleur des doléances des citoyens directement concernés sont tels qu’imposer ce projet aux habitants de la commune devient impensable d’un point de vue démocratique". Christian Laporte
Un premier réaménagement à ne pas rater
La Commission royale des monuments et des sites (CRMS) ne remet pas en cause le principe d’une réaffectation de l’église Saint-Hubert en équipements collectifs et aménagement de logements tout en maintenant un lieu de culte sur place. Mais la CMRS est "défavorable à la manière dont le projet a ambitionné cette transformation".
A ses yeux, la charge du programme paraît beaucoup trop dense mais la Commission déplore aussi "la faible prise en compte des spécificités de l’édifice religieux, de son architecture et de sa spatialité".
En fait, l’espace de l’église a été considéré comme un volume brut disponible mais, selon la Commission, l’édifice ne se prête pas vraiment à une pareille approche. Il n’est pas tenu assez compte de la structure du lieu et de ses caractéristiques architecturales et stylistiques.
"Une meilleure compréhension des spécificités de l’édifice"
Dans son avis, la CRMS déplore la perte de la spatialité intérieure de l’édifice mais aussi la banalisation qu’encourerait son enveloppe extérieure sans parler de la dévalorisation de sa toiture. Et puis l’érection d’une seconde tour engendrerait aussi une transformation regrettable de la silhouette de l’église.
Dès lors, les experts plaident pour une révision profonde du projet en faveur d’un plus juste équilibre entre l’édifice religieux actuel et les affectations nouvelles prévues. La CRMS demande donc "une meilleure compréhension des spécificités de l’édifice".
La Commission conclut en rappelant que l’église Saint-Hubert sera la première en Région bruxelloise à bénéficier d’une réhabilitation en logements de grande envergure. Elle espère donc que "la réorientation du projet permettra de définir une conduite d’intervention à la hauteur du lieu et de sa présence urbanistique emblématique sur le territoire communal et régional".