Sophie, restauratrice à Tubize: “L’heure n’est plus aux effets d’annonce !”
Publié le 28-04-2020 à 08h44
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Elle déplore la lenteur des aides qui sont censées leur être octroyées.
“Six semaines aujourd’hui que le restaurant est fermé. Six semaines que nous allons être aidés et épaulés. Six semaines que vous vous sentez concernés et que vous mesurez l’urgence, l’impact économique et humain. Six semaines que nous, indépendants et restaurateurs passionnés, sommes confrontés à une angoisse permanente. L’heure n’est décemment plus aux effets d’annonce.” Ces mots, ce sont ceux de Sophie Marcelis, gérante du restaurant “Marguerite&Moi” à Tubize, que l’on retrouve au travers d’une lettre ouverte qu’elle a envoyée au Gouvernement wallon.
Une lettre qui n’arrive pas par hasard. Car si la Tubizienne peut encore un peu tenir le coup financièrement, ses ressources ne sont pas éternelles et elle attend toujours ces aides qui ont été promises. “J’aimerais leur faire comprendre qu’il y a un décalage entre ce qu’ils racontent et ce qu’on vit au quotidien. Je me suis renseignée pour savoir ce qu’il en était de ma demande d’indemnisation et on m’a dit que mon dossier était en ordre. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’on a été payé et visiblement, je ne suis pas la seule à être dans le cas. D’après mes renseignements, 44 000 dossiers sont encore à l’étude par une trentaine d’agents qui en traitent 30 par jour. Alors quand on me parle d’urgence, je me pose des questions.”
Quant au montant de 5 000 euros promis pour aider les indépendants, pour Sophie, c’est loin d’être suffisant. “Ce sont quatre chiffres qui sont tombés du ciel. Une aide qui dédouanerait le gouvernement de ses responsabilités et apaiserait sa conscience. Actuellement, cette somme ne répond plus à l’enjeu réel car il ne s’agit plus d’aider le secteur de l’Horeca mais bien de le relever.”
Ce combat, Sophie le mène pour elle mais aussi pour tous ses collègues qui souffrent de cette situation depuis plusieurs semaines maintenant. Et elle n’a pas hésité à contacter directement les ministres personnellement. “J’ai eu une conversation avec le ministre Crucke sur les réseaux sociaux. Je pense que mon message est passé et qu’il faut arrêter de jouer car derrière, il y a des gens qui souffrent. Il m’a dit qu’il allait faire suivre ma requête et j’ai le sentiment d’enfin commencer à être entendue”, conclut la restauratrice tubizienne.
“Une impression de mendicité publique !”
La situation dans laquelle se trouvent ces indépendants est difficile et certains ressentent un sentiment partagé, parlant même de mendicité. “Je dirais de la mendicité publique, note Sophie Marcelis. C’est triste mais j’ai l’impression qu’on arrive là dans le sens où il existe une plateforme d’aide pour l’Horeca (HorecaComeback) qui permet aux gens de payer aujourd’hui des plats qu’ils ne recevront plus tard. C’est une forme de mendicité. Je pense que les gens le font pour nous faire plaisir et par solidarité mais où est la solidarité des pouvoirs publics ?”
Un sentiment particulier pour Sophie qu’elle estime “dérangeant. C’est dérangeant d’aller demander à nos clients, qui eux aussi ont des difficultés car il n’y a pas que les indépendants qui souffrent, de nous aider comme ça. Je trouve que cette situation devrait déranger les pouvoirs publics. Je lis pas mal de choses, notamment qu’on en est là car on a flambé notre argent mais ce n’est pas le cas. Avant la crise, on était déjà acculé de partout. Aujourd’hui, on fait de notre mieux pour tenir le coup.”