À Waterloo, un contrôle de police dans une maison familiale dégénère : "C’était une relative lockdown party"
La famille dit avoir été physiquement agressée par des policiers. Ceux-ci affirment que trois membres de la famille ont frappé les premiers.
Publié le 20-12-2020 à 17h07 - Mis à jour le 21-12-2020 à 22h17
Les vidéos et les photos qui nous ont été envoyées par Jérôme et Valérie, parents de trois enfants, sont interpellantes. Elles ont été prises vendredi soir après 22 heures lors d’un contrôle Covid alors que 5 autres jeunes (mineurs et majeurs) sont à l’intérieur du domicile familial, ce qui est contraire aux mesures de confinement et qui a été dénoncé par un voisin. “Quand nous sommes rentrés vers 22h30, nous n’étions pas contents de voir tant de monde chez nous mais, finalement, on a compris leur besoin de relations sociales”, explique Jérôme.
La première vidéo est filmée par Valérie. Elle montre des policiers, “une quinzaine" commente-t-elle, à l’intérieur et à l’extérieur de la maison. À l’extérieur, une policière lui demande d’arrêter de filmer, ce que Valérie refuse. Au bruit, on imagine ensuite une altercation puis la vidéo se coupe.
Sur la deuxième vidéo, filmée par une amie des enfants alors que Valérie est au sol, on entend une jeune fille en pleurs s’écrier : “vous l’étouffez. Tu la lâches.”
Enfin, sur une photo, le visage de Valérie est ensanglanté. Aujourd’hui, elle souffre d’une fracture du nez. “Quatre policiers de Lasne, de la zone de la Mazerine, ont sonné chez nous et ont demandé pour entrer afin de vérifier l’infraction”, témoigne Jérôme. “Je leur ai dit qu’il fallait un mandat. Ils sont revenus vingt minutes plus tard avec l’accord du parquet pour entrer. Entre-temps d’autres équipes policières sont arrivées, de Waterloo et de Braine-l’Alleud.”

Après la coupure de la vidéo, les choses s’enveniment. Valérie déclarera avoir reçu une baffe de la policière. La fille aînée a tenté d’intervenir.
“Mon épouse s’est retrouvée mise à terre par deux policiers”, poursuit Jérôme. "Elle criait. Je suis allé voir, on m’a dit de m’éloigner. J’ai, à mon tour, été plaqué au sol, après balayage, avec des policiers sur les jambes, sur le dos et un genou sur le cou. On m'a menotté et on m’a gazé les yeux aussi. Je ne voyais plus rien. J’ai juste entendu ma fille aînée crier ‘Arrêtez, vous l’étouffez’. Ma fille cadette a alors appelé notre fils de 16 ans en criant ‘Ils sont en train de tuer maman’. Il a tenté de forcer le passage pour la secourir, s’est fait attraper puis a crié ‘Je n’ai que 16 ans’, ce qui a calmé les policiers.”
Jérôme et son fils sont ensuite mis au cachot à Lasne. Valérie les rejoindra en cours de nuit après avoir été emmenée à l’hôpital. C’est, par contre, dans un cachot de Waterloo que la fille aînée a été placée.
Contacté par nos soins, le procureur du Roi du Brabant wallon Marc Rézette, confirme l’incident mais la version des policiers diffère. “À chaque fois, le papa, la maman et la fille aînée ont été les premiers à donner un coup. Il y a eu ensuite usage légal de la force et privations de liberté”, explique Marc Rézette.
Le procureur confirme aussi que le parquet a bien donné l’autorisation aux policiers pour entrer. “Il y avait de la musique à l’intérieur. Deux des invités se sont échappés par une porte latérale, trois invités mineurs ont été retrouvés à l’intérieur, dont un sous un lit. Disons que c’était une relative Lockdown Party.”
Jérôme, Valérie et leur fille aînée de 19 ans ont été auditionnés dans la matinée de samedi et libérés en début d’après-midi. Ils sont cités à comparaître, le 25 janvier, devant le tribunal correctionnel de Nivelles. Ils devront répondre de rébellion non armée en bande, de coups et blessures volontaires envers quatre agents de police dans l’exercice de leur fonction et d’infraction aux mesures Covid.