Waterloo: le propriétaire du domaine d'Argenteuil renonce à sa vente

On peut comprendre l’engouement : le vaste domaine de 136 hectares entouré d’une enceinte, comprend des zones de prairies et des zones boisées, ainsi que trois étangs. S’y trouve également une chapelle nichée au creux d’un terrain vallonné, parcouru par une centaine de cerfs et de biches.

En confiant la vente du “château Tuck” entre les mains de l’Immobilière Le Lion et de Sotheby’s, l’homme d’affaires de 80 ans avait pourtant la ferme intention de quitter le domaine d’Argenteuil qu’il a acquis à l’État belge il y a quinze ans pour la somme de 7,8 millions d’euros. Il estimait alors que le domaine demandait trop d’entretien et n’était pas adapté pour ses vieux jours. Pour l’acquérir, il fallait allonger une vingtaine de millions d’euros sur la table. Mais un an et demi plus tard, le “châtelain” a décidé de faire marche arrière. Non pas qu’il n’a pas reçu d’offres alléchantes – il était même prêt à faire un geste sur le prix – mais parce qu’il se dit déçu de ne pas avoir trouvé un candidat porteur d’un projet intéressant.

“ J’aurais voulu vendre à un Belge qui aurait eu une entreprise familiale ou philanthropique, plutôt qu’à un étranger , explique Jean-Marie Delwart. J’ai créé une fondation il y a trente ans (consacrée à l’étude du monde vivant et de son évolution, NdlR), c’était l’endroit merveilleux pour étudier cela. C’était dans l’esprit d’Argenteuil qu’avait imaginé Léopold III avec ses deux fondations. J’aurais souhaité qu’une université ou une institution européenne y développe un centre de recherches par exemple .”

Un ascenseur pour ses vieux jours

Mais ce ne fut pas le cas. Il y a bien eu quelques offres intéressantes, dont celle d’un candidat qui projetait d’y établir un centre d’art européen, mais ça n’a pas abouti. En janvier dernier, le propriétaire a donc décidé de ne pas prolonger les contrats qu’il avait conclus avec les deux agences immobilières. Il restera dans sa propriété mais il ne perd pas tout à fait espoir qu’un jour, il puisse la céder à un candidat avec un projet à son goût.

“ Je le retire de la vente mais si quelqu’un vient avec un beau projet autour de la biodiversité, l’écologie, l’art ou la recherche, je crois que je dirais oui. S’il n’y a pas un beau projet derrière, c’est non. Même si on m’offre beaucoup d’argent. Si ce jour n’arrive jamais, je finirai mes jours à Argenteuil. De toute façon, je ne me vois pas déménager encore à 80 ans. Et puis, j’ai investi tellement d’énergie, notamment dans le jardin où j’ai planté 3 000 plantes. Il y a un ascenseur donc ça ne posera pas de soucis si je suis en chaise roulante ”, sourit-il.

Le Waterlootois continuera donc à partager son temps entre Argenteuil et l’Écosse, où il mène des recherches botaniques, notamment sur les vertus des myrtilles.

Deux fois plus de ventes de châteaux en Belgique en 2020

La crise sanitaire n’a pas freiné les ardeurs des candidats aspirant à la vie de château, bien au contraire. Il n’y aurait même jamais eu autant de ventes de châteaux que l’année dernière dans notre pays. " L e marché a été très dynamique en 2020" , affirme David Chicard, le CEO de Sotheby’s International Realty Belgique, l’agence spécialisée dans l’immobilier de luxe qui s’est occupée de la vente du château d’Argenteuil. "Al ors qu’on était sur 20-25 millions d’euros de ventes de châteaux avant la crise sanitaire, on a grimpé à une quarantaine de millions d’euros de ventes de châteaux. On sent que les gens ont besoin de recréer du lien et de s’établir en Belgique. Beaucoup de vendeurs étaient allemands, luxembourgeois ou hollandais mais ce sont des Belges qui ont racheté. " 

Le CEO de Sotheby’s n’entrera pas dans le détail du processus de vente du domaine d’Argenteuil, mais il indique que beaucoup de châtelains, et c’est le cas ici avec Jean-Marie Delwart, se sont finalement ravisés dans leur décision de mise en vente.