Empoisonnement à Jodoigne : Émilie Nieuwland condamnée à 27 ans de prison

La Jodoignoise avait empoisonné Dimitri, puis vidé son compte en banque.

Vincent Fifi
Empoisonnement à Jodoigne : Émilie Nieuwland condamnée à 27 ans de prison
©BELGA

Le verdict de la cour d’assises du Brabant wallon est tombé hier vendredi en début de soirée, après plus de cinq heures de délibérations. La Jodoignoise Émilie Nieuwland, née en 1977 et déclarée coupable du meurtre par empoisonnement de Dimitri Henry, est condamnée à 27 ans de réclusion. Ce qui correspond à la peine lourde demandée en matinée par l’avocat général Stéphane Lempereur.

Une seule circonstance atténuante a finalement été reconnue à l’accusée : son absence d’antécédents judiciaires, à part pour un fait de roulage. Conformément aux réquisitions également, une mise à disposition du tribunal d’application des peines durant une période de dix ans s’appliquera au terme de la peine principale.

L'arrêt rendu précise que pour fixer la durée de cette peine, les jurés et les magistrats ont tenu compte des traits de personnalité borderline de l'accusée, des "regrets succincts" que celle-ci a exprimés vendredi matin, ainsi que de ses aveux récents. Ces aveux après plusieurs mois de déni devant les enquêteurs et la juge d'instruction "semblent représenter", selon les mots de la cour, une "amorce de prise de conscience".

Mais ces éléments relativement positifs sont sérieusement contrebalancés par la gravité extrême des faits, le "caractère machiavélique et réfléchi" des actes posés par la Jodoignoise en 2020, ainsi que l'atteinte intolérable qu'elle a portée à une valeur essentielle de la société, c'est-à-dire le respect de la vie humaine.

Caractère manipulateur

La décision rendue hier soir fustige également l'avidité d'Émilie Nieuwland : il est relevé qu'alors que Dimitri Henry agonisait ou venait de mourir chez lui, l'accusée était en train de tenter de vider ses comptes bancaires. Notamment via un virement effectué à son profit personnel pour lequel elle avait pris soin d'écrire, en communication, "parce que je n'ai jamais tant aimé". Une tentative claire de faire croire à un don volontaire de la part de celui qu'elle disait son ami, peut-être avant un suicide…

Le caractère manipulateur de l'accusée est d'ailleurs explicitement mentionné dans l'arrêt, lequel précise que cette manipulation s'est aussi exercée à l'égard des parties civiles. La souffrance des victimes a également été prise en compte, tout comme la "cruauté" dont l'intéressée a fait preuve lorsqu'après avoir versé de l'atropine dans la boisson de Dimitri Henry, elle a quitté les lieux, en l'abandonnant à une mort certaine.

Voilà ce qui, selon la motivation de l'arrêt, justifie la peine de 27 ans de réclusion. Mais d'autres éléments ont été ajoutés : "l'extrême dangerosité" de l'accusée et ses ruminations de vengeance, un risque de récidive qualifié de latent, et la "victimisation systématique" dont Émilie Nieuwland fait preuve, et qui constitue un frein à une prise de conscience complète. De quoi ajouter, au terme de la peine principale, cette mise à disposition du tribunal d'application des peines durant dix ans, afin de maintenir une surveillance d'Émilie Nieuwland.

"Madame, vous avez entendu que c'est une peine sévère, et même très sévère qui a été prononcée, a indiqué le président De Grève à l'attention de la Jodoignoise en pleurs dans le box. Ce sont des faits extrêmement graves que vous avez commis et Dimitri Henry, lui, n'est plus là et n'a pas eu de procès… La sanction est sévère, bien sûr, mais la vie n'est pas finie. Vous avez une famille autour de vous et nous avons pensé à eux également. La vie n'est pas finie parce qu'au bout du chemin, un jour, il y aura une libération. Au fond de chacun il y a des choses positives : essayez de les exploiter au mieux."

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