Une majorité musulmane en 2030 ?
Le 13 novembre 2010, l’association "La Pensée et les Hommes" organisait à l’Université libre de Bruxelles (ULB) le colloque intitulé "Une majorité musulmane à Bruxelles en 2030 : comment nous préparer à mieux "vivre ensemble"?.
Publié le 14-01-2012 à 15h26
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Le 13 novembre 2010, l’association "La Pensée et les Hommes" organisait à l’Université libre de Bruxelles (ULB) le colloque intitulé "Une majorité musulmane à Bruxelles en 2030 : comment nous préparer à mieux "vivre ensemble"?.
Pourquoi ? "L’explosion démographique attendue à Bruxelles dans les dix à vingt ans à venir (NdlR : + 170 000 habitants d’ici 2018) est un sujet de préoccupation, pour ne pas dire d’affolement, expliquait alors Chemsi Cheref-Khan, administrateur de "La Pensée et les Hommes". S’il y a bien unanimité à souligner l’urgence et l’ampleur des mesures à prendre en vue de faire face aux besoins nouveaux en écoles, crèches, formations qualifiantes, etc., il y a aussi comme une étrange conspiration du silence quant à la question de savoir qui seront les nouveaux habitants de la capitale."
Pour M. Cheref-Khan, en effet, "peu nombreux sont les spécialistes qui mettent l’accent sur le fait que l’accroissement démographique à Bruxelles sera majoritairement le fait d’habitants de culture ou de confession musulmane". Ce qui, à terme, pose la question du "vivre ensemble".
Une question qui a été posée lors de ce colloque "sans tabou, sans parti pris, avec l’aide de spécialistes et de témoins privilégiés (l’abbé Eric de Beukelaer, l’historien Elie Barnavi )", en présence de mandataires politiques bruxellois (Rachid Madrane (PS), Francis Delpérée (CDH), Bernard Clerfayt (FDF), Tamimound Essaïdi (Ecolo), Ann Brusseel (Open VLD) et Mischaël Modrikamen (PP)) qui ont pu en débattre, sous la houlette de notre collègue Christian Laporte.
Les actes de cette table ronde sont désormais compilés dans l’ouvrage éponyme "Une majorité musulmane à Bruxelles en 2030 : Comment nous préparer à mieux "vivre ensemble" ?" aux éditions "La Pensée et les Hommes".
On pointera ici quelques interventions comme celle de l’historien et essayiste Elie Barnavi qui déclare : "Je pense qu’il y a dans la manière dont les pays occidentaux traitent l’immigration une espèce de démission lâche qui se masque de bienveillance démocratique, libérale, et qui est au détriment à la fois de la société d’accueil et des communautés immigrées. A force de lâcheté, à force de ne pas saisir le problème à bras-le-corps, on fait le lit de tous les extrémismes, à la fois immigrés, mais aussi au sein des sociétés d’accueil."
Nadia Geerts, initiatrice du Réseau d’action pour la promotion d’un Etat laïque, réagit : "Aujourd’hui, on a affaire à des deuxième, troisième, voire quatrième génération de descendants d’immigrés avec lesquelles on ne peut plus raisonner en termes d’intégration. On ne peut plus leur dire : "Ecoutez, voilà le deal : si vous venez chez nous, c’est comme cela qu’il faut fonctionner" puisque ces gens ne sont pas venus chez nous, ils sont nos concitoyens. J’ai une question. Qu’est-ce qu’on peut faire aujourd’hui pour rattraper ce train qu’on n’a pas pris ?" Et M. Barbavi de répondre : "Je pense qu’il faut briser les ghettos de manière autoritaire, ce que j’avais dit à mes amis français. Tant que vous ne détruisez pas physiquement les cités et que vous ne répartissez pas les populations, il n’y a aucune chance d’avancer où que ce soit. Ici, vous n’avez pas des cités dans les banlieues puisque les cités se trouvent au cœur de la ville. Le problème, quoi que les Belges en disent, est un peu le même. Il faut une politique très volontariste d’intégration."
Les actes du colloque sont enrichis d’une série de contributions complémentaires. On retrouve ainsi la plume de Corinne Torrekens, docteur en sciences politiques et sociales (ULB) et chargée de recherches FNRS, sur le "Bon usage des statistiques et labels religieux" ; de Jan Hertogen, sociologue, sur la "Majorité musulmane à Bruxelles", méconnaissance de la réalité ?"; d’Ahmad Aminian, philosophe, historien des religions et chercheur à l’ULB, sur "La gestion de la diversité culturelle et"‘vivre ensemble"; de Fatoumata Sidibé, députée bruxelloise FDF, sur les "Femmes musulmanes et la laïcité"; ou encore de Françoise Schepmans, députée bruxelloise MR, sur "L’accompagnement des migrants, gage de cohésion sociale".
"Une majorité musulmane à Bruxelles en 2030 : Comment nous préparer à mieux "vivre ensemble"?", La pensée et les Hommes, 55e année, n° 84, 2011.