Alain Courtois: "Je n’ose plus aller à De Brouckère"

Pour Alain Courtois, tête de liste MR à la Ville, il faut ramener le sentiment de sécurité au cœur de Bruxelles. Rencontre...

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Alain Courtois: "Je n’ose plus aller à De Brouckère"

Pour Alain Courtois, tête de liste MR à la Ville, il faut ramener le sentiment de sécurité au cœur de Bruxelles.

Qu’est-ce qui provoque ce sentiment d’insécurité qui, selon vous, est en augmentation à Bruxelles?

“Le manque d’éclairages, la saleté, des agglomérats de personnes qui traînent, le fait que l’on ne sait pas où se trouve le commissariat, les chancres, les maisons délabrées, etc. Il y a des endroits où ces facteurs sont réunis. Ces endroits doivent être prioritaires.”

Quels sont ces endroits?

“Les quartiers Anneessens, Chicago (NDLR : entre la place de l’Yser et la place Sainte-Catherine), la place De Brouckère, la place Rogier. Là-bas, il doit y avoir une présence policière permanente. Il faut que tout le centre-ville soit couvert. Il faut également un commissariat ouvert la nuit à Neder-over-Heembeek ainsi qu’à Haren.”

Est-ce que vous trouvez que la situation se dégrade?

“Je trouve qu’il y a des quartiers qu’on laisse aller, qu’on abandonne. Le quartier près du petit château, Bockstael. Je n’ose plus aller place De Brouckère après 21 h 30, c’est inacceptable. Ce n’est pas normal.”

Qu’est-ce que vous préconisez?

“Avant tout une présence policière accrue. Prenez les horodateurs : une firme privée, qui fait du racket organisé, a la possibilité d’être présente dans tous les quartiers de la capitale. Pourquoi pas la police ? Il faut aussi lutter contre la saleté, les incivilités et les immeubles laissés à l’abandon. Ainsi, je multiplierais par 15 les amendes administratives pour lutter contre ces incivilités. Autre mesure essentielle : que les rues soient bien éclairées.”

Mais concrètement…

“Je trouve par exemple aberrant qu’il n’y ait pas de systèmes Télépolice pour les commerçants à Bruxelles. Alors que ça fonctionne très bien. Il n’y a que deux communes où c’est le cas dans la Région. Il y a aussi l’utilité des caméras de surveillance. Il y en a, mais il faudrait encore les renforcer. On pourrait aussi augmenter les compétences des agents en charge du roulage avec une formation pour la constatation de délits supplémentaires et pour l’intervention.”

Vous êtes également le partisan d’une justice qui traite les dossiers plus rapidement…

“Je reste convaincu, mais ça, c’est peut-être mon défaut d’ancien procureur, que dès qu’on touche à l’intégrité physique de quelqu’un, il faut intervenir tout de suite. Je trouve qu’il faudrait, un peu à l’image des justices de paix, un certain nombre de tribunaux pénaux de première ligne, ou alors revoir les compétences du tribunal de police. Mais tout cela nécessite évidemment des moyens.”

Justement, les défis de la sécurité à Bruxelles-ville sont grands mais le budget, lui, est restreint. Finalement, la majorité ne fait-elle pas avec ce qu’elle a?

“Je reconnais qu’avec 650 manifestations par an sur le territoire de la ville, ce n’est pas facile. Mais on pourrait mettre 50.000 policiers, si à l’autre bout de la chaîne, il n’y a pas de sanctions, ça ne sert à rien! Pour moi, pour l’instant, la balle est surtout dans le camp de la justice.”

Des sanctions plus nombreuses et plus sévères, c’est l’unique solution?

“Non, il faut aussi investir dans la formation. On voit beaucoup trop de jeunes d’une vingtaine d’années, déambuler. On est en train de préparer un ensemble de jeunes qui n’ont pas d’avenir. Ils sont là, ils tournent en rond, etc. Donc, ce n’est pas tout de sanctionner et de sécuriser, il faut travailler aussi en amont. Et ça, c’est la responsabilité et de la Région et de la ville. C’est l’enseignement, c’est l’apprentissage d’une langue étrangère dès l’école primaire, c’est la fameuse liaison entre l’école et les Arts et Métiers à Bruxelles. On ne donne pas d’avenir alors qu’on a une richesse incroyable avec le plus grand nombre d’organisations internationales, le plus grand nombre de cabinets de lobbyistes et de missions diplomatiques. Je reste convaincu que des jeunes d’ici, avec deux, trois langues étrangères, ont leur place là-dedans.”

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