Bruxelles: les habitants sont-ils si libres?
IEB, dans sa dernière publication, critique la multiplication des piétonniers.
- Publié le 21-07-2014 à 21h59
- Mis à jour le 22-07-2014 à 08h08
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Inter-Environnement Bruxelles. En 40 années de combat "pour l’espace public", l’ASBL qui fédère 80 comités de quartier et groupes d’habitants a bossé sans relâche. En son n°271, le bimestriel de juillet-août, "Bruxelles en mouvements", se penche - et s’épanche - sur l’évolution de la cité. Décryptage, en compagnie de Thierry Kuyken, l’un des coordinateurs de ces 16 pages.
Pourquoi avoir titré, en une, "Libre comme un piéton", accompagné d’un dessin… de pigeon ?
Le pigeon doit se comprendre dans deux sens. Et pas nécessairement dans le sens négatif. C’est un animal emblématique, dans la ville. En même temps, on ne l’aime pas; on le chasse. Mais finalement, il s’en accommode pas mal.
Un peu comme les piétons ?
Depuis des décennies, l’aménagement a fait la part belle à la bagnole, en laissant une large place à la bétonnisation de la ville, au détriment de la qualité de vie. Petit à petit, on se rend compte qu’il est plus convivial et important pour les habitants de réduire le trafic automobile. Ainsi a-t-on vu naître et voit-on naître des projets de piétonniers, ou de semi-piétonniers, pour limiter la place de la voiture.
IEB analyse toutefois cette évolution de façon critique…
Oui. Nous sommes, évidemment, bien heureux que la ville devienne plus agréable, tel qu’on le perçoit en termes d’impact social. Mais on remarque que la logique qui prévaut est presque toujours la même : beaucoup de projets de piétonniers sont très localisés, concentrés dans le centre-ville ou sur des places publiques. Et on les mue en espaces multifonctionnels. Mais quelle en est la finalité ? Améliorent-ils vraiment la vie des habitants ? Ou n’est-ce que (ce que craint IEB, NdlR) l’attractivité ?
Quels sont les exemples qui viennent à l’esprit ?
La place Flagey. Les boulevards du centre, etc., où il n’y a pas trop d’arbres pour pouvoir y monter des événements. Il faut voir à quel point les gens sont chassés de leur quartier. Regardez la rue Marché aux poulets, par exemple ! Des commerces ont changé. La piétonnisation a changé la nature et l’âme du lieu. Il y a la place de Londres, aussi. L’espace public piétonnier a été envahi par des terrasses de café et ne comprend qu’un banc. Pareil en contrebas des Marolles, quasi privatisé par un tenancier.
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