Un forain dit sa foire "fichue"
Abattu, Eduard, qui exploite le Challenger, considère qu’il n’a rien à se reprocher suite au drame survenu dimanche à la Foire du Midi.
- Publié le 04-08-2014 à 23h09
- Mis à jour le 05-08-2014 à 09h03
Avec Yassine, 16 ans, électrocuté dimanche après-midi en voulant récupérer son jeton tombé en dessous de la cabine du Challenger, c’est un deuxième incident qui frappe de plein fouet, en deux semaines, l’attraction à sensations fortes de la Foire du Midi. Il y a près de 15 jours, un enfant aurait ainsi manqué de tomber de l’attraction. Un deuxième incident aux allures de catastrophe pour Eduard, l’exploitant du Challenger.
L’homme de 46 ans, qui gère l’attraction avec son beau-frère Jarry depuis déjà cinq ans, dit ne pas comprendre ce qui lui arrive. " Hier, on avait juste une envie : arrêter cette foire et démonter l’attraction. On a bien été obligé de continuer mais on ne comprend pas. On n’a rien fait de mal. C’est la première fois en cinq années qu’on a un seul problème", insiste-t-il.
Pour Eduard, la faute n’est certainement pas à chercher de son côté. Pour preuve, rappelle-t-il, l’attraction aura fait l’objet, en seulement trois semaines, de trois contrôles menés par des organes indépendants.
Une première fois avant que la Foire ne soit ouverte au public, puis encore à deux reprises à la suite des deux incidents évoqués ci-dessus. "Les deux premiers contrôles ont été effectués par OCB et ce dimanche soir, c’était par AIB-Vinçotte. A chaque fois, ces entreprises sérieuses ont jugé que l’attraction pouvait rouvrir. C’est bien la preuve que nous n’avons rien à nous reprocher", insiste-t-il.
Qui serait responsable selon Eduard ? S’il ne veut pas polémiquer et dit attendre avec impatience que la fin de l’enquête policière fasse la lumière sur l’incident, le forain semble savoir où il faudrait chercher les responsables. Si Eduard ne formule aucune accusation claire contre Sibelga, il semble sous-entendre que l’entreprise détient une part de responsabilité.
Quoi qu’il en soit, l’exploitant du Challenger indique que sa foire est fichue. "J’ai une belle perte ! Cela fait deux journées que je dois fermer et puis après, les clients reviennent moins nombreux" , explique Eduard.
Les jeunes Hilal et Aline, respectivement 26 et 24 ans, font partie des premières personnes à être montées sur l’attraction depuis sa réouverture. Elles sont sorties du Challenger avec le sourire. Pas au courant de l’incident survenu dimanche, les jeunes filles considèrent que l’attraction était "super sécurisée". "Nous avions la tête en bas et nous restions bien attachées" , expliquent-elles.
Maigre consolation pour Eduard. "Je suis cassé", lâche-t-il, regardant son attraction tourner quasiment à vide.
L'ultimatum de Sibelga aux forains
L’entreprise a obligé trois forains à mettre leur installation en conformité.
Petit suspense ce lundi midi à la Foire du Midi. Sibelga, l’entreprise ravitaillant les forains en électricité, a en effet menacé trois attractions de ne pas les laisser rouvrir à 15h si celles-ci ne conformaient pas leurs installations électriques aux normes de sécurité.
Constatation
Après avoir été requis dimanche après-midi par les pompiers, les techniciens de Sibelga, le gestionnaire bruxellois du réseau électrique, avaient constaté que l’installation électrique de l’attraction Challenger n’était pas conforme. Selon Philippe Massart, porte-parole de Sibelga, les exploitants sont en effet responsables de la mise à terre de leurs fils électriques. "Nous ne sommes normalement pas contrôleurs car la loi dit juste que l’on doit installer un raccordement électrique."
Contrôle
Même si Sibelga insiste sur toute absence de responsabilité de sa part, l’entreprise a pourtant pris l’initiative lundi matin de contrôler une centaine de grosses attractions présentes sur la Foire. Trois d’entre elles ne respectaient pas, selon Sibelga, la règle de la mise à la terre.
Ultimatum
Le gestionnaire bruxellois du réseau électrique a alors posé un ultimatum : les attractions en question ne rouvriraient pas à 15h, c’est-à-dire au début de la Foire, si ses exploitants ne procédaient pas à la mise en terre de leurs fils électriques.
Une menace qui ne sera mise en application puisque Sibelga a constaté à 14h que les attractions étaient en ordre. "Les forains avaient le matériel, ce qui prouve bien que c’était à eux de le faire", affirme Philippe Massart.
Climat électrique donc entre les forains et Sibelga.