La lettre de Jambon qui irrite le Mayeur
Alors que le bourgmestre PS réclamait 16 millions pour sa police, son budget est finalement raboté par le ministre N-VA. La dotation fédérale de la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles sera rabotée d’un montant d’un million d’euros
- Publié le 22-04-2015 à 20h49
- Mis à jour le 23-04-2015 à 13h14
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Yvan Mayeur (PS), bourgmestre de la Ville de Bruxelles, en aurait avalé son café de travers. Début avril, il reçoit par courrier une circulaire du ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA), l’informant que la dotation fédérale de la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles sera rabotée d’un montant d’un million d’euros. Raison invoquée : "une surévaluation de l’indexation". "Inadmissible" et "insoutenable" pour le bourgmestre qui voit ainsi le budget de sa zone passer de 48 à 47 millions.
D’autant qu’il sollicitait depuis de nombreux mois que la dotation fédérale soit réévaluée à la hausse. Depuis le mois de février, plusieurs entrevues avaient eu lieu entre représentants de la Ville, de la police et du ministre.
L’idée défendue par les autorités bruxelloises est que le surcoût engendré par le rôle national et international de Bruxelles s’élève très exactement à 16.515.355 €. Le bourgmestre justifie : "Ce montant tient compte du fait que la charge de travail s’est considérablement intensifiée pour la police depuis 2003. Par exemple, à cette date, il y avait trois sommets européens par an. L’année passée, il y en a eu 10. Sans compter le nombre de manifestations qui a augmenté de 40 % en quatre ans", plaide Yvan Mayeur, qui avait encore bon espoir que le ministre Jambon lui obtienne des budgets supplémentaires au conclave budgétaire, début mars.
Aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence, il n’y aura pas de soutien fédéral, que du contraire : on demande à la police de faire plus avec moins. "C’est inqualifiable, pour nous la situation est intenable", tempête le bourgmestre. "Il faut que le fédéral revoie sa copie, il faut que le ministre de l’Intérieur fasse un effort d’écoute et de compréhension en faveur de la capitale."
Car, prévient le bourgmestre, dans le cas contraire, "il y a des missions que la police ne pourra plus assumer". "J’ai déjà décidé que les missions de la police territoriale, c’est-à-dire la police de proximité, ne souffriraient pas des manques de moyen. Cela va créer des tensions car on ne pourra pas assumer ce que l’on exige de nous."
Pour le socialiste, il n’y a que deux solutions pour ne pas en arriver à cette extrémité. "Soit il y a en renforcement de l’appui fourni par la police fédérale, mais le ministre ne dispose pas de tels effectifs; soit notre budget est renforcé de manière cohérente."
Enfin, Yvan Mayeur se demande s’il ne s’agit pas là d’une manœuvre politique de la N-VA contre Bruxelles. "Ce serait gravissime parce qu’alors, il faut avoir le courage de mettre ce débat sur la table. On dit que l’on ne parle pas de communautaire mais en réalité, on le fait par des moyens détournés. C’est un jeu de dupe."