Une formation pour bien tuer les moutons

Les sacrificateurs des abattoirs temporaires seront amenés à suivre une formation obligatoire pour la fête du Sacrifice.

Arnaud Farr
Anderlecht: abattoir temporaire pour les sacrifices de moutons durant l' Aïd El Kébir.
Anderlecht: abattoir temporaire pour les sacrifices de moutons durant l' Aïd El Kébir. ©Bernard Demoulin

Les sacrificateurs des abattoirs temporaires seront amenés à suivre une formation obligatoire pour la fête du Sacrifice. La fête de l’Aïd est la plus importante de l’islam. Chaque année, à Bruxelles, des milliers de moutons sont traditionnellement abattus, sans étourdissement, pour les besoins du rituel. Une pratique tout à fait légale et autorisée lors des rites religieux.

Ainsi, la Ville de Bruxelles installe, pour l’occasion, des abattoirs temporaires, vu que ceux d’Anderlecht ne peuvent pas répondre à la demande. En 2014, 1.144 moutons et chèvres y ont été abattus, contre 1.566 animaux aux abattoirs temporaires de Bruxelles-Ville, Molenbeek Saint-Jean et de Schaerbeek.

C’est pour atténuer la douleur de ces animaux que Bianca Debaets (CD&V), secrétaire d’État en charge du Bien-Être animal, impose désormais une formation obligatoire aux sacrificateurs des abattoirs temporaires. "Cette formation permettra d’améliorer le bien-être animal tout en respectant les traditions religieuses. Les sacrificateurs bénéficieront d’une formation rigoureuse, dispensée par un vétérinaire des abattoirs d’Anderlecht, afin de réduire le stress et les souffrances des animaux au moment de la mise à mort", commente-t-elle.

À l’issue de la formation, l’Exécutif des musulmans délivrera un certificat aux sacrificateurs qui leur permettra d’obtenir, auprès des communes, un permis d’abattage dans les abattoirs temporaires. Concrètement, ces formations seront-elles effectuées avec de vrais moutons ? Les modalités pratiques de la formation devront "être négociées dans les prochains jours", répond-on du côté du cabinet de la secrétaire d’État.

Cette formation a été mise au point en concertation avec les abattoirs, l’Exécutif des musulmans et les communes. Son objectif principal : permettre au sacrificateur d’effectuer le geste le plus efficacement possible : "Il s’agit d’une question de mouvement et de rapidité", explique Pierre Migisha, porte-parole de la secrétaire d’État. "L’idée, c’est que l’animal souffre le moins possible et qu’il ne se retrouve pas dans une situation de stress, comme ça peut être le cas, car le stress intensifie la douleur", poursuit-il.

Bianca Debaets souligne l’importance de la concertation avec les différentes communautés religieuses. "J’espère parvenir à un consensus, à terme, en faveur de l’étourdissement avant l’abattage", conclut la secrétaire d’État au Bien-Être animal, dont le projet fait déjà l’objet de critiques ( voir ci - contre .)

Michel Vandenbosch, Président de Gaia: " Des actions en justice sont prévues"

Que déplorez-vous ?

"Le fait que la secrétaire d’État au Bien-Être animal piétine la loi européenne ! Bianca Debaets autorise l’abattage de moutons sans étourdissement sur des sites temporaires non agréés, ce qu’interdit la législation européenne. Si elle refuse de revoir sa décision, nous irons en justice !"

Avez-vous été concerté pour les formations des sacrificateurs ?

"Jamais. Pourtant, j’ai vu les conditions terribles dans lesquelles sont abattues ces bêtes. Pour les moutons, c’est un calvaire qui dure de longues minutes ! "

Pensez-vous que ces formations vont atténuer la douleur des animaux ?

"Ce n’est que du vent ! Je veux voir des actes. C’est un véritable scandale et j’appelle au bon sens des parlementaires bruxellois pour faire respecter le droit européen. "

Interview > A. F.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...