Un lieu marial centenaire, à Jette
Depuis cent ans, les Bruxellois viennent y vénérer la Vierge, comme à Lourdes.
- Publié le 01-07-2015 à 16h07
- Mis à jour le 02-07-2015 à 08h49
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La saga autour du maintien de l’église Sainte-Catherine sur le "Vismet" nous l’a encore rappelé ces jours-ci : de réels problèmes d’entretien et des commentaires sociologiques pas toujours autorisés sur la fréquentation des églises, parfois mâtinés de quelque pointe d’anticléricalisme font que plus d’un lieu d’un culte menace de passer à la trappe dans les grandes villes. Nihil novi sub sole : en 1982, certaines autorités civiles mais aussi ecclésiales envisageaient sérieusement de fermer l’un des rares sites mariaux de la région centrale du pays. En l’occurrence, la grotte Notre-Dame de Lourdes, à Jette.
Il a fallu, à l’époque, toute la détermination et le jusqu’au-boutisme d’un comité des Amis de la Grotte qui a accepté de prendre en mains à la fois la gestion temporelle et spirituelle du site pour qu’il n’en soit pas ainsi.
Dieu merci, oserait-on dire… En effet, grâce à eux, la grotte fête cette année son centenaire. Mieux encore : elle continue à drainer quotidiennement plusieurs dizaines de pèlerins et des personnes désireuses de marquer un temps d’arrêt spirituel dans des journées de plus en plus folles où on court derrière sa montre. Voilà une réplique de la célèbre grotte de Massabielle qui ne peut souffrir de sarcasme car même si elle ne draine pas les foules de celle de Lourdes, elle accueille tantôt des groupes mariaux ou charismatiques - la Légion de Marie, le Réveil de l’Espérance, etc. - à côté de modestes fidèles qui viennent invoquer ici la Mère du Christ ou faire le Chemin de Croix dans l’espoir d’exaucer l’un ou l’autre vœu.
"Un lieu vraiment à part, bilingue"
Comme l’expliqua dans une livraison récente du magazine archiépiscopal "Pastoralia", le recteur de la grotte et de sa chapelle Benoît Hauzeur, "c’est un lieu à part, bilingue qui accueille une grande diversité de personnes"...
On rappelle par ailleurs son histoire mais une certitude : son centenaire est fêté dignement, cette année. Il le fut déjà en mai, mois marial. Il le sera encore ce dimanche 9 août avec la retransmission en Eurovision d’une messe multiculturelle et bilingue suivie, le 15 août par une célébration exceptionnelle de l’Assomption sous la présidence de l’évêque de Bruxelles, Mgr Jean Kockerols. Enfin, le centenaire se terminera le 31 octobre, par un concert du Gents Madrigaalkoor.
Albert Ier et Elisabeth furent aussi des mécènes de la grotte de Lourdes
La paroisse Notre-Dame de Lourdes fut fondée en 1913 par l’abbé Swalus à la demande du cardinal Mercier. Jusqu’en 1924, elle vécut à l’ombre de sa prestigieuse grande sœur Notre-Dame de Laeken avant de prendre son indépendance. Comme l’église devenait trop petite, il fut décidé d’en construire une nouvelle. Il fallut cependant attendre encore une décennie avant son érection. La première pierre fut posée le 9 mai 1948 et ce n’est finalement que le 10 octobre 1954, que la nouvelle église Notre-Dame de Lourdes fut consacrée par le futur cardinal Suenens.
Dès le début de la Première Guerre mondiale, des pèlerins avaient envahi la petite église pour supplier Notre-Dame de Lourdes de protéger la Belgique. Le lundi de Pâques 1915, ils étaient même plus de quatre mille. L’abbé Swalus décida de les accueillir sur un terrain vague attenant à l’église. Le même jour, émergea l’idée d’y construire une grotte. La première pierre fut posée le 14 juillet et un mois plus tard, le jour de l’Assomption, en présence du RP Harveng, grand prédicateur de Notre-Dame de Lourdes, près de 20 000 pèlerins assistaient à l’inauguration de la Grotte par le cardinal Mercier. En 1919, Albert Ier vint visiter le domaine. Ce dernier s’est développé en trois étapes : la chapelle, la grotte attenante et dans les années 1930, enfin, le terrain qui accueille aujourd’hui le rosaire et le Chemin de Croix.
Des bénévoles déterminés ont permis le miracle !
Entre les deux guerres, le domaine devint un but de promenade pour les familles du Nord-Ouest de Bruxelles avant de se muer en lieu de pèlerinage très connu. Après avoir accueilli des milliers de croyants chaque année, la fréquentation du site baissa dans les années 1970-1980 et il risqua vraiment d’être fermé en 1982. Mais une poignée de fidèles organisa une action de protestation et une pétition. En 1988, ils créaient l’ASBL "Les Amis du Domaine marial de la Grotte" visant à promouvoir le culte marial tant auprès des néerlandophones que des francophones. Grâce à ces bénévoles et à leur engagement sans limites, la grotte a retrouvé son rayonnement de jadis. Selon son recteur, l’abbé Benoît Hauzeur "si on s’y arrête, c’est peut-être parce qu’on peut y trouver du calme, de l’espérance. Et peu importe que l’on soit fervent ou non, de passage, catholique ou même musulman. Selon moi, Marie c’est aussi un des visages attachants de Dieu, parfois perçu comme trop dur ou trop lointain" .
Un beau programme
Expositions. Il y aura plusieurs animations d’ici la fin octobre. Dont une expo permanente de photos de la Grotte. Il sera question, en juillet, de la dévotion, en Brabant flamand, et, en août, des dessins d’enfants sur le thème de la mère de Jésus.
Conférences. Epinglons aussi un joli cycle de conférences, le samedi matin. Trois exemples : on ira de "Marie dans la tradition orthodoxe" (Daniel Lossky) à "Marie dans la spiritualité de Maximilien Kolbe et Jean Paul II" (Jean Simonart) en passant par "la grotte et l’Europe" (Vincent Dujardin)… Rens. : www.paroissesdejette.be