Marie-José, dernière remailleuse de Bruxelles
La nonagénaire répare les vêtements depuis 1939 dans sa boutique des Marolles.
Publié le 19-08-2015 à 18h07 - Mis à jour le 20-08-2015 à 09h57
:focal(465x240:475x230)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KWAK6QJJFBEPNC3KD2JWXPSZG4.jpg)
La nonagénaire répare les vêtements depuis 1939 dans sa boutique des Marolles.
Non ! Je ne veux pas m’asseoir !" répond immédiatement, et sur un ton qui ne souffre aucune discussion, Marie-José, lorsqu’on lui propose de se reposer pour continuer l’entretien. La question semblait pourtant légitime. Après tout, voilà déjà 20 minutes que cette nonagénaire se trouve debout à parler de son métier de stoppeuse-remailleuse. Une profession qui consiste à redonner une seconde jeunesse à des vêtements troués et abîmés.
Mais Marie-José, petit bout de femme débordant d’énergie, est à l’image de sa profession : unique en son genre. "Je suis la seule de Bruxelles, voire peut-être même de Belgique. J’ai même, depuis peu, des clients français qui n’en trouvent plus dans leur pays", explique Marie-José, dans son atelier situé dans les Marolles.
Décorée de l’Ordre de Lopold II
Le remaillage et le stoppage, deux techniques professionnelles consistant à réparer les déchirures et les trous des vieux vêtements, semblent en effet tout doucement appartenir au passé. C’est qu’il est parfois aujourd’hui plus facile, voire meilleur marché, de racheter un vêtement neuf dans une grande surface plutôt que faire appel aux services de Marie-José.
Sa singularité, mais aussi son savoir-faire lui permettent en tout cas de compter la famille royale parmi ses clients. Tout comme d’avoir été récompensée, en 2012, par la décoration de chevalier de l’Ordre de Léopold II, remise par le roi Albert II en personne.
C’est en 1939, soit il y a 75 ans, que Marie-José débute dans un atelier de la rue des Minimes, avant de s’installer, quelques années plus tard, au 15 de la rue Haute. "A cette époque-là, on ramenait encore à vélo le produit réparé aux clients", sourit-elle.
Marie-José n’habite cependant pas dans la capitale, mais à Petit-Enghien, dans le Hainaut. Chaque matin, du lundi au vendredi, cette femme de 90 ans se réveille donc… à 5h, car il lui faut prendre le train de 6h20. Arrivée à la gare Centrale, elle doit encore parcourir en 20 minutes la distance la séparant de sa boutique. "Mais j’ai souvent des personnes qui proposent de m’emmener en voiture jusqu’à la gare ou jusque chez moi ! Vous savez, il suffit d’être gentil avec les gens, et ils vous le rendent", assure-t-elle.
Quel est le secret de Marie-José pour conserver une telle énergie ? Le plaisir de travailler, explique-t-elle, avant de finalement confesser son péché mignon quotidien : les deux verres de rosé et les deux tranches de saucisson à l’ail qu’elle se permet avant de passer à table…