Les zadistes du Keelbeek: "De toute façon, on reste!"

Les opposants au projet de prison à Haren sont décidés à rester sur le site.

N. G.
Bruxelles - haren: Z.A.D. du Keelbeek: Les opposants à l'établissement de la prison sur le site du Keelbeek attendent l'expulsion
Bruxelles - haren: Z.A.D. du Keelbeek: Les opposants à l'établissement de la prison sur le site du Keelbeek attendent l'expulsion ©©JC Guillaume

Au détour du petit chemin du Keelbeek à Haren surgissent quelques cabanes, une yourte ou une tente marocaine. C’est la ZAD (pour zone à défendre) du Keelbeek, la première du genre en Belgique. On y trouve, un potager, des poules, des chèvres et une citerne d’approvisionnement en eau. Une tente est même dédiée à l’organisation d’un ciné-club.

Depuis près d’un an vit ici un groupe hétérogène à taille variable : des anarchistes, des militants antiprison ou des écologistes. Des habitants de Haren y passent aussi régulièrement. Tous s’opposent à la construction de la mégaprison de Haren, la plus grande de Belgique, qui devrait accueillir, à terme, 1 200 détenus sur ce terrain de 18 ha en partie recouvert autrefois par un champ de maïs.

Mais depuis peu, la dizaine de personnes qui occupent le terrain a reçu par voie d’huissier un ordre d’expulsion, effectif à partir d’aujourd’hui.

Hier pourtant, on était loin de vouloir quitter les lieux, au contraire on accueillait de nouveaux arrivants dans le campement. "Je suis venu, entre autre, à cause de l’avis d’expulsion , explique Camille (prénom d’emprunt utilisé par les zadistes). Nous verrons ce qu’il se passe dans les prochains jours. Si les pelleteuses arrivent ou si la police essaye de nous déloger, chacun décidera de ce qu’il va faire" , explique le jeune homme de 25 ans.

"Je ne pense pas qu’il y aura de la violence, du moins de notre côté… Nous avons des techniques pour que l’expulsion soit la plus compliquée possible pour les forces de l’ordre. Par exemple, il y a des cabanes dans des arbres pour nous cacher à plusieurs mètres de hauteur. L’objectif est de gagner suffisamment de temps pour avoir du renfort" , explique le militant.

Petoff lui aussi viens d’arriver. Il se définit comme un activiste endurci, chrétien et anarchiste. Il est venu d’Allemagne pour quelques jours ou quelques mois, on verra bien. D’origine française, il voyage de ZAD en ZAD avec son sac à dos. "On n’a que l’embarras du choix pour trouver un combat à mener. Pour moi, il faut renverser le système et se rendre compte que notre richesse, c’est la nature" , explique Petoff qui dit avoir été emprisonné sept fois pour ses combats écologiques.

Une ferme didactique

Quant à Rudy, qui se dit être un révolutionnaire pacifiste, il a déjà trouvé son alternative à la prison. Il a commencé à mettre en place une ferme didactique qui pourrait servir "à la réinsertion des anciens détenus ou de personnes dans la précarité" , résume-t-il.

Tous ont en tout cas bien l’intention de ne pas obtempérer à la demande d’expulsion. "De toute façon, on reste" , commente Laurent Moulin, président du Comité des habitants de Haren. "Cette demande d’expulsion est très bizarre et nous avons introduit un recours contre elle (lire ci-contre) . On est dans nos droits, ils n’ont toujours pas de permis" , conclut-il.

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