L’État aidera Molenbeek dans sa lutte contre le radicalisme

Le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) apporte son soutien à Molenbeek dans sa lutte contre la radicalisation religieuse.

J. Th.
Jan Jambon Maison Communale Molenbeek
Jan Jambon Maison Communale Molenbeek ©Stephanie Lecocq

Le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) apporte son soutien à Molenbeek dans sa lutte contre la radicalisation religieuse. La lutte contre la radicalisation religieuse, celle visant à détecter les éventuels départs vers la Syrie et à prévenir ceux-ci, est en grande partie menée au niveau local. Les communes ont une responsabilité énorme sur les épaules et il faut les soutenir le mieux possible.

Tel était le message que le ministre fédéral de l’Intérieur et de la Sécurité Jan Jambon (N-VA) a voulu délivrer jeudi en visitant la commune de Molenbeek. À la suite de ses différents entretiens, le ministre a également promis des moyens financiers supplémentaires dans la lutte contre le radicalisme religieux.

"C’est un après-midi extrêmement utile. J’avais trois objectifs en venant ici : souligner l’importance des autorités locales dans ce combat contre le radicalisme, garantir mon soutien total à celles-ci et enfin, prendre connaissance du travail de tout le monde ici", a expliqué Jan Jambon. "Notre cellule radicalisme, qui est composée de quatre personnes et gérée par la police locale, a fait un état des lieux de son action au ministre. On a ensuite rencontré les travailleurs sociaux. Concernant le phénomène du radicalisme, avoir une bonne collaboration est essentiel", a indiqué, de son côté, la bourgmestre Françoise Schepmans (MR).

Mais le ministre fédéral n’était pas venu à Molenbeek les mains vides. Celui-ci a promis des moyens budgétaires au bénéfice des dix communes belges les plus concernées par le phénomène des départs en Syrie. Parmi celles-ci, se trouvent quatre entités en Flandre, deux en Wallonie, tandis que les quatre autres sont bruxelloises : à savoir Molenbeek, Anderlecht, Bruxelles-ville et Schaerbeek.

Le subside fédéral qui a permis à ces dix entités de recruter un Monsieur Radicalisme va ainsi passer de 40.000 à désormais 60.000 €. Le cabinet de Jan Jambon devrait également mettre à disposition de ces dix communes une enveloppe d’un million d’euros. Ceci afin de financer différents projets permettant de lutter contre le radicalisme sur le terrain.

Quel est le profil du jeune partant en Syrie ?

Quels sont les jeunes Molenbeekois qui partent combattre en Syrie ou sont susceptibles de le faire ? Quelles sont leurs motivations et comment les recruteurs parviennent-ils à les convaincre ? Autant de questions sur lesquelles s’est penchée la cellule de prévention contre le radicalisme de la commune. Et grâce à un très important travail de terrain de ces fonctionnaires, le profil de ces jeunes commence tout doucement à prendre forme.

Les jeunes, qui partent ou songent sérieusement à partir, ont ainsi entre 15 et 35 ans et sont d’origine marocaine. Ils sont souvent issus d’un milieu précarisé. Leurs motivations peuvent être très différentes. Il y a ceux qui souffrent de problèmes de santé mentale, les petits délinquants cherchant à échapper à leur passé judiciaire, ceux qui n’ont plus aucun moyen financier, les universitaires empreints d’idéologie, mais aussi ceux partant dans le cadre d’un regroupement familial en Syrie.

Tous semblent néanmoins partager un point commun : ils souffrent d’un très important mal-être personnel. Manquant de confiance en eux, ces jeunes n’ont une bonne image d’eux. "En partant là-bas, ils se disent qu’ils passent du statut de zéro qu’ils ont en Belgique à celui d’héros", résume Olivier Vanderhaegen, le fonctionnaire de prévention de la commune.

Le jeune qui se radicalise coupera progressivement tous ses liens avec son entourage. Une rupture qui s’opère d’abord à l’école, puis dans son club de sport, et enfin avec la famille et les amis proches. C’est quand le jeune semble avoir complètement disparu des radars, que la cellule prévention est généralement contactée par des familles complètement paniquées.

Les proches deviennent eux-mêmes victimes de la radicalisation du jeune. D’une part, parce qu’ils perdent un membre de leur famille, mais aussi car ils sont mal vus par le reste de la communauté, et ne sont pas reconnus en tant que victimes. "On tente d’établir la biographie des jeunes et de comprendre pourquoi ils ont basculé. Les recruteurs agissent presque comme dans une secte. Certains donnent même des tablettes ou de l’argent", explique Olivier Vanderhaegen.

Pas assez de dialogue avec… les mosquées !

La hausse de 50 % du subside fédéral concernant le Monsieur Radicalisme, comme le million d’euros qui devrait être débloqué afin de financer de nouveaux projets, sont loin d’être inutiles à Molenbeek.

Si la cellule mise en place par la commune travaille d’arrache-pied, se concentrant principalement sur les familles des personnes susceptibles de partir, les défis restent encore nombreux. Le premier challenge à réussir sera la gestion du retour plus que probable de certaines personnes parties en Syrie, explique l’entité. Un autre défi sera de parvenir à renforcer les contacts entre la commune et les mosquées présentes sur son territoire.

"Ce n’est pas toujours évident d’avoir des liens avec les mosquées molenbeekoises. Nous avons de bonnes relations avec le Conseil consultatif des mosquées à Molenbeek, qui compte une quinzaine de mosquées, mais il y en a au total 41 sur le territoire de la commune !", indique Françoise Schepmans.

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