Les caves de la Gestapo, classées pour l’histoire
Le Moniteur belge a publié le classement définitif des caves du 453, avenue Louise.
Publié le 12-04-2016 à 10h31 - Mis à jour le 12-04-2016 à 10h33
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Cette fois, les passionnés d’histoire et plus particulièrement celles et ceux de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance belge, peuvent se réjouir…
Dans ses éditions du 5 avril dernier, le Moniteur belge a en effet publié, dans le cadre de la protection du patrimoine, un arrêté du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 14 janvier 2016 classant "comme monument la totalité du niveau du sous-sol à l’exception des équipements techniques existants, tels que les compteurs, tuyaux et canalisations, ascenseur et sa machinerie, installation de chauffage, dispositifs d’éclairage - de la résidence Belvedère sise avenue Louise 453, à Bruxelles, en raison de son intérêt historique".
Un immeuble moderniste
Connu au cadastre de Bruxelles en tant que 22e division, section R, 6e feuille, parcelle n°223w4, il s’agit en réalité des caves de l’immeuble où, pendant la Deuxième Guerre, les services de la Gestapo enfermèrent les prisonniers politiques et aussi raciaux en transit vers d’autres lieux de détention et d’extermination encore plus terribles.
Pour les amateurs d’architecture, on précisera qu’il s’agit d’un immeuble à appartements de style moderniste, conçu en 1936-1937 par l’architecte Stanislas Jasinski. Celui-ci y remplaça en fait un hôtel particulier de 1900 des architectes C. Bosmans et H. Vandeveld.
La police nazie ne s’installa pas qu’au 453 de l’avenue Louise : dans le quartier, elle avait aussi jeté son dévolu sur des locaux sis aux numéros 347, 418 et 510.
L’acte héroïque de Jean de Selys
C’est cependant le numéro 453 qui était entré dans l’histoire. Il avait en effet été pris pour cible le 20 janvier 1943 par le capitaine Jean de Selys Longchamps qui, désobéissant à ses supérieurs, avait voulu montrer que les Belges ne s’inclineraient jamais face à l’occupant. Occupé dès 1940 par les forces allemandes, l’immeuble fut en effet pris comme cible par ce vaillant pilote belge de la Royal Air Force qui, après avoir réalisé une mission du côté de Gand, décida de poursuivre sa route jusqu’à Bruxelles. Il avait piqué avenue Emile Demot pour ensuite faire feu sur le bâtiment qui se trouvait directement dans sa ligne de mire.
Une plaque apposée au rez-de-chaussée et une stèle rappellèrent cet acte de bravoure sur place. Par contre, on ignorait que certaines de ses caves, qui servaient de cellules, abritaient toujours des traces d’inscriptions ou de dessins incisés dans les murs par les détenus. Depuis plusieurs années, les milieux proches des survivants avaient tout mis en œuvre pour qu’on sauve ces sites comprenant encore des appels écrits ou dessinés, témoins de l’horreur. Justice est faite, avec l’espoir que l’on n’oubliera pas les autres sites de la barbarie nazie…