Les véhicules les plus polluants seront bannis de Bruxelles à partir de l'an prochain
- Publié le 28-09-2017 à 14h22
- Mis à jour le 29-09-2017 à 13h53
Le gouvernement bruxellois a confirmé jeudi l'entrée en vigueur de la zone basse émission de polluants étendue à tout le territoire de la capitale, et de facto l'interdiction d'y circuler pour les véhicules diesel les plus polluants à partir du 1er janvier 2018.
Nonante caméras de contrôle intelligentes seront installées un peu partout d'ici la fin de l'année. Une vaste campagne d'information et de sensibilisation étalée sur plusieurs semaines, sera lancée d'ici la semaine prochaine.
Sous le coup d'une procédure de sanction de l'Union européenne pour dépassement de plusieurs normes anti-pollution, Bruxelles ne pouvait plus attendre, a dit d'emblée le ministre-président bruxellois, participant à la présentation de la campagne de communication aux côtés des ministres Fremault (Environnement), Smet (Mobilité), Debaets (Sécurité routière), Gosuin (Economie), et Jodogne (Santé), à l'issue de la réunion du gouvernement.
Plusieurs fois évoquée depuis le début des années 2000 (ndlr: le premier fut l'actuel ministre de l'économie Didier Gosuin qui ne fut cependant pas suivi par ses collègues de l'époque) la zone basse émission sera permanente et sur tout le territoire.
Le gouvernement bruxellois ne doute pas un instant de l'impact de ce dispositif sur la santé des habitants dès lors que l'on dénombre chaque jour 175.000 déplacements de Bruxellois et 190.000 de navetteurs dans les rues de la capitale.
Déjà annoncées en juin 2016, les premières restrictions progressivement renforcées jusqu'en 2025 seront d'application à partir de janvier prochain lorsque sera instaurée une mesure phare de 144 actions du Plan Air Climat Energie de la Région bruxelloise, l'instauration de la "Low Emission Zone" (LEZ), a précisé Céline Fremault (cdH). Ce plan a été adopté pour réduire de 30% la production de gaz à effets de serre à Bruxelles à l'horizon 2025.
Les premières interdictions concerneront les véhicules diesel de norme Euro 0 et Euro 1, soir ceux immatriculés avant le 1/1/1997. Dès 2020 ceux qui respectent la norme euro 3 (avant janvier 2006) seront interdits.
Les véhicules essence catalogués des catégories Euro 0 et 1 seront interdits à partir de 2019, comme les diesel de type Euro 2 (avant le 1/1/2001). Mais pour ce type de carburant, l'interdiction ne frappera les véhicules de type Euro 2 (avant janvier 2006) qu'à partir de 2025.

Ne sont pas concernés par l'interdiction: les véhicules "oldtimer" (30 ans et plus), les véhicules adaptés pour les personnes handicapées, les véhicules de secours, ..., et les poids lourds de plus de 3,5 tonnes.
Dans ce contexte, le ministre de l'Economie, Didier Gosuin, a annoncé l'instauration d'une prime destinées à aider les entreprises à remplacer leur(s) camionnette(s), dans le cadre de la réforme des aides au développement des entreprises. Une autre visera l'achat de camions moins polluants.
D'ici la fin de l'année, nonante caméras intelligentes seront installées pour assurer le contrôle, suivies de cinquante autres l'an prochain. Selon Bianca Debaets, ces caméras pourront être utilisées à d'autres fins (contrôles de vitesse, calcul de flux de circulation, ...). La Région a prévu un budget de 5 millions d'euros pour leur installation.
Le non-respect de la LEZ sera passible d'une amende administrative de 350 euros. Toutefois, l'instauration de la zone basse émission ira de pair avec une phase transitoire de neuf mois durant lesquels les amendes ne seront pas exigées. Les automobilistes seront verbalisées et avertis.
Par la suite, ceux qui se seront vu imposer une amende disposeront d'une période de trois mois de latence (exonération d'une autre).
Le pivot de la campagne d'information et de communication qui démarre sur le thème "Il ya 1001 façons de circuler à Bruxelles sauf en auto trop polluante" est le site web www.lez.brussels accessible en trois langues. Un callcenter géré par Bruxelles environnement est par ailleurs géré par Bruxelles Environnement.
Différents supports seront exploités: des clips radio sur de multiples stations publiques et privées; des séquences vidéo entre autres sur des sites de ventes de véhicules d'occasion, des affiches, des dépliants, des partages d'animations sur Facebook, ...
Le brouillard persiste selon Ecolo
La décision de la Région bruxelloise de mettre en place une zone basse émission (Low Emission Zone, LEZ) à partir du 1er janvier prochain constitue un pas dans la bonne direction de la préservation de la santé des habitants et de leur cadre de vie, mais elle ne résout pas tous les problèmes. Les taux d'émissions mesurés resteront largement au-delà des normes OMS et nettement au-dessus des promesses des constructeurs automobiles. C'est le point de vue défendu jeudi par le député bruxellois Ecolo Arnaud Pinxteren, après le lancement, par le gouvernement bruxellois, le même jour, d'une large campagne d'information sur la concrétisation de ce projet annoncé en juin 2016. "Les taux d'émissions mesurés resteront largement au-delà des normes de l'Organisation Mondiale de la Santé OMS et des promesses des constructeurs automobiles. Le flou demeure quant à la fiabilité des tests d'émissions polluantes des véhicules motorisés et en particulier des moteurs diesel. C'est pourquoi les écologistes rappellent leur volonté de bannir le diesel de notre capitale à l'horizon 2025, comme l'ont déjà décidé de nombreuses grandes villes européennes", a commenté le député vert.
Pour lui, les Bruxellois sont toujours dans le brouillard à propos des mesures d'accompagnement prévues, notamment sociales.
L'élu écologiste estime par ailleurs qu'il faut avant tout s'attaquer au changement d'habitudes de mobilité plutôt qu'au renouvellement du parc automobile en stimulant les alternatives à la voiture, de court terme et finançables, tel que le renforcement des dessertes ferroviaires et de surface.
De son côté, le chargé de la campagne "Qualité de l'air" chez Greenpeace Belgique, Joeri Thijs, a également jugé que la zone à basse émission est une première étape positive pour remédier à l'air "particulièrement malsain de la capitale".
"Les voitures diesel récentes ne font parfois font même pire que les plus anciennes peu à peu mises au ban. Paris, Madrid ou Athènes ont donc décidé de mettre en place une zone à basse émission qui bannit rapidement tous les véhicules diesel. Si le gouvernement bruxellois se souciait vraiment de la santé de ses citoyens, il devrait interdire tous les véhicules diesel dès que possible", a-t-il commenté.