Le confinement impacte aussi les personnes handicapées : "les familles ne tiendront pas longtemps"
Les centres d'hébergement des personnes en situation de handicap appliquent les mêmes mesures que les maisons de repos.
Publié le 21-03-2020 à 13h11 - Mis à jour le 21-03-2020 à 13h12
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Les centres d'hébergement des personnes en situation de handicap appliquent les mêmes mesures que les maisons de repos.
Seniors, personnes en situation précaires, sans-abri : les mesures luttant contre la propagation du coronavirus tendent à isoler certaines tranches de la population. Qu'en est-il des personnes en situation de handicap ? Comme nous, elles se voient obligées de rester un maximum chez elles.
Ainsi, les enfants atteints d'une déficience intellectuelle ne peuvent plus se rendre à La Clairière, à Watermael-Boitsfort. L'établissement accueille habituellement 400 personnes en situation de handicap. Comme les autres écoles du pays, il ne dispense désormais plus aucun cours mais reste prêt à accueillir les enfants qui ne peuvent rester chez eux. "Nous avons gardé une dizaine d'enfants en début de semaine, seulement deux aujourd'hui", indique Vincent Stainier, secrétaire général de l'institution.
Une partie du personnel, rappelable si besoin, a ainsi été libéré. "Notre inquiétude, c'est les familles. Elles sont mises a mal et ça risque d'être encore plus dur pour elles dans le futur. Les personnes en situation de handicap, enfants ou adultes, ont besoin d'un suivi particulier et il peut être difficile de les occuper. Les familles risquent de ne pas tenir longtemps en confinement. Nous aimerions les aider mais nous n'avons pas beaucoup de solutions pour l'instant : nous sommes pris entre l'importance de maintenir la continuité du service et notre responsabilité d'employeur qui nous oblige à assurer la sécurité de nos travailleurs."
La Clairière héberge par ailleurs des adultes. "Les mesures prises dans notre centre d'hébergement sont similaires à celles en vigueur dans les maisons de repos. Les usagers sont donc confinés, comme nous tous, même si certains ne comprennent pas toujours bien ce qu'il se passe. Ils se demandent pourquoi il y a aussi peu de monde sur le site."
"Il n'était pas possible de garantir une distanciation sociale"
Du côté de la Ferme Nos Pilifs, entreprise de travail adapté à Neder-over-Heembeek, l'estaminet, comme tous les établissements horeca, est fermé depuis la semaine dernière. Hier soir, la direction a décidé de suspendre l'ensemble de ses activités. "Nous avons estimé qu'il n'était pas possible de maintenir une réelle distanciation sociale et nous étions donc mal à l'aise à l'idée de rester ouverts. L'activité est donc complètement suspendue. Notre chiffre d'affaires en prendra un sacré coup mais la sécurité des travailleurs prime", explique Benoit Ceysens, directeur de la Ferme.
Le directeur de la Ferme assure faire son possible pour aider financièrement ses travailleurs. "Certains étaient sous certificat médical, d'autres en récupération d'heures et d'autres encore seront mis au chômage temporaire. Nous allons trouver des solutions." De leur côté, les travailleurs ont accueilli la nouvelle avec résignation. "Ceux qui étaient inquiets face à l'absence de mesures sont soulagés. Ceux qui voulaient continuer à travailler car n'ayant pas peur sont déçus mais comprennent."
Inquiète quant à l'état de la situation pour un public particulièrement fragilisé, Céline Fremault, cheffe de groupe CdH et ancienne ministre en charge des personnes handicapées demande au gouvernement bruxellois de prendre urgemment les instructions les plus lisibles pour le secteur en charge du handicap - centres de jour et d’hébergement - mais aussi d'accorder un soutien massif aux entreprises de travail adapté durement frappées.