21% de trafic en moins à Bruxelles : le gouvernement planche sur un plan favorisant le télétravail
Publié le 23-06-2020 à 09h48
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Bruxelles Mobilité constate un trafic moindre sur les Ring O, dans les tunnels, à la Stib également. Mais aussi et surtout des heures de pointe moins denses et étalées dans le temps. L'effet du télétravail et le fruit d'une réflexion dans le chef des employés. Une attitude que compte exploiter le gouvernement bruxellois.
Les navetteurs l'ont peut-être observé : les embouteillages aux entrées de la capitale et sur le Ring ont très largement diminué. La semaine dernière - du 8 au 15 juin donc -, alors qu'entrait en vigueur la phase 3 du déconfinement, le trafic dans les tunnels bruxellois était inférieur de 21% par rapport à la même période l'an passé. Pour la ministre en charge de la Mobilité Elke van Den Brandt, c'est l'occasion rêvée pour mettre le paquet sur le télétravail. Le gouvernement bruxellois planche sur un cadre précis destiné à rendre sa pratique positive.
Très concrètement, Bruxelles Mobilité analyse le trafic dans les dix tunnels bruxellois, du mardi au jeudi de 6h à 22h. "Pour les dix tunnels analysés, on observe une diminution du trafic routier entre 50% et 75% pendant la première semaine complète de confinement, du 23 au 27 mars. Alors que le confinement était en cours sans changement majeur, nous avons constaté une augmentation de la circulation automobile d’en moyenne 20% entre la première semaine de confinement et la semaine du 20-27 avril" , commente Bruxelles Mobilité.
21% de trafic en moins dans les tunnels la semaine passée
"La phase 1A du déconfinement a marqué, quant à elle, une augmentation du trafic routier de 47% en moyenne. La phase 1B a renforcé la croissance du trafic. En ne tenant pas compte des tunnels Rogier et Botanique, fortement influencé par la fermeture du tunnel Léopold II, le trafic a augmenté en moyenne de 86% depuis son point le plus bas (73% Rogier-Botanique inclus). La phase 2 du déconfinement a quant à elle vu une augmentation du trafic de 106% (90% Rogier-Botanique inclus). En d'autres termes, le trafic a doublé par rapport à la première semaine de confinement. Idem lors de la phase 3 du déconfinement où l’augmentation du trafic a atteint 121% depuis la première semaine du confinement, soit plus du double." Il n'empêche, la semaine passée, le trafic dans les grands axes était 21% moindre qu'en temps normal.
"Ce trafic a logiquement influé sur les temps de parcours. Entre Berchem-Saint-Agathe et Ganshoren via Charles Quint, le temps de parcours oscillait autour d’une douzaine de minutes en heure de pointe matinale. Depuis le confinement, alors que le tunnel Léopold II est fermé, ce temps est réduit à une moyenne de 4 minutes tout au long de la journée et reste nettement inférieur à l’avant confinement. De même, le temps de parcours sur Loi, entre l’entrée du tunnel Cinquantenaire et le carrefour Arts-Loi, jusqu'à fin mai avoisinait les 4 minutes durant les heures de pointe du matin et du soir, alors qu’en temps normal, celui-ci oscille vers les 6,5 minutes avec des maxima d’un peu plus de 9 minutes en heure de pointe du matin et 8,5 minutes en heures de pointe du soir."
Sur le Ring 0, le trafic à -8% de la circulation pré-Covid
Sur le Ring O, Bruxelles-Mobilité a constaté une diminution de plus de 60% du trafic par rapport aux premières semaines du mois de mars 2020. "La croissance de la circulation est plus rapide que dans les tunnels, entre autres, par la présence des poids lourds, ainsi que l’importance du Ring 0 dans la circulation à travers la Belgique."
L'analyse permanente de Bruxelles Mobilité constate néanmoins un étalement de l'heure de pointe. "Pour le tunnel Delta, nous pouvons constater que le pic de l’heure de pointe est décalé plus tardivement d’une heure par rapport à la normale, et que le 2ème pic de la matinée, présent en temps normal et durant le confinement a été lissé par peu à peu. Nous arrivons à un trafic supérieur à la moyenne 2019 en heure de pointe du matin, mais nettement en deçà en heure de pointe du soir" , explique ainsi l'organisme régional.

Ce constat est encore plus flagrant à la Stib. Au 15 juin, soit vendredi dernier, la fréquentation de la Stib en souterrain (métro, prémétro) atteignait 43% du trafic observé à la même période l'an passé. Et 45% pour le trafic en surface. "Le réseau souterrain a été moins utilisé que celui en surface alors qu'en temps normal, c'est l'inverse", constate Françoise Ledune, porte-parole de la Stib. La raison est simple : le métro est surtout utilisé par les navetteurs et les élèves et étudiants qui se rendent dans leurs écoles, universités. Le réseau de surface aussi mais il est plus utilisé en mode interquartiers, pour aller rendre visite à quelqu'un, faire des courses, etc."
"Nous constatons le retour d'une vraie pointe du matin depuis la semaine du 8 au 15 juin. En période hors Covid, la pointe du matin dure 2h30, celle du soir 4h30. En ce moment, la pointe du matin ne dépasse pas un tiers de ce qu'elle atteignait en temps normal. Cela correspond au retour à l'école, en partie. Par contre, la répartition du trafic est meilleure sur l'ensemble de la journée. Tant le matin que le soir. Nous avons l'impression que les gens tentent d'éviter autant que possible l'heure de pointe. Soit en travaillant d'abord chez eux avant de se rendre au bureau, soit en utilisant d'autres modes de transports, tels que le vélo. Mais, en tous les cas, pas la voiture."
"Si le nombre de voitures diminue de 20%, les embouteillages disparaîtront"
Depuis le début de son mandat, la ministre bruxelloise en charge de la Mobilité Elke Van den Brandt (Groen) martèle que "si le nombre de voitures diminue de 20%, les embouteillages disparaîtront". Au regard de la situation actuelle, son analyse semble pertinente. L'occasion rêvée pour le gouvernement bruxellois de mettre le paquet sur le télétravail : "la crise sanitaire que nous venons de vivre a démontré que la pratique du télétravail est possible pour de nombreuses personnes, dans la mesure bien sûr où les enfants vont à l’école. Celle-ci est porteuse d’un potentiel important d’amélioration de la mobilité à Bruxelles. Nous travaillons aujourd’hui en collaboration avec la Chambre de Commerce de Bruxelles (Beci) et les ministres concernés à établir le cadre nécessaire pour rendre sa pratique positive tant pour les travailleurs que pour les employeurs."