Maisons de repos : "Tout n’est pas mis en œuvre pour éviter que ce qu’on a vécu ne se reproduise"
Karine Lalieux, présidente du CPAS de la Ville de Bruxelles dresse un premier bilan de la crise pour anticiper une deuxième vague.
Publié le 28-07-2020 à 09h10 - Mis à jour le 28-07-2020 à 09h11
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Alors que le nombre de contaminations repart à la hausse, le CPAS de la Ville de Bruxelles tente en interne de tirer des leçons de la crise pour anticiper une éventuelle deuxième vague. Le premier constat de sa présidente Karine Lalieux (PS) est sans appel : "L’impréparation des autorités, particulièrement dans les niveaux de pouvoir supérieurs. On a d’abord pu compter que sur nous-mêmes. Mais je suis très contente de la réactivité et du professionnalisme de tout le personnel du CPAS qui a permis la mise en place du télétravail en l’espace de quinze jours seulement pour que nous puissions continuer à garantir les droits des personnes les plus précarisées."
Outre le renforcement du soutien à son public habituel, le CPAS a dû faire face à l’arrivée d’un nouveau public, composé d’étudiants, d’indépendants et de travailleurs des secteurs Horeca et culturel. "Les travailleurs pauvres mais aussi les jeunes sont touchés de plein fouet par la crise : la moitié de ce nouveau public a moins de 35 ans et la crise risque d’avoir des conséquences sur l’emploi jusqu’en 2025. Il va donc falloir mettre le paquet sur les jeunes ces prochaines an nées."
Un nouveau public pour lequel franchir les portes du CPAS ne va pas forcément de soi. "Demander de l’aide au CPAS n’est pas toujours bien vu. Toute une série de personnes travaillent et ne s’imaginaient pas avoir un jour besoin de nous mais je tiens à leur dire qu’on peut les aider, à plein de niveaux, soins de santé, aide psychologique, factures, loyers. Il ne faut pas hésiter à venir nous voir", insiste Karine Lalieux.
Pour assurer à ce nouveau public un accompagnement, le fédéral a débloqué 115 millions d’euros, permettant au CPAS de la Ville de Bruxelles de recevoir 4,5 millions d’euros d’aides complémentaires. "C’est une aide bienvenue qui permettra à nos bénéficiaires de passer la crise avec le moins de dégâts possibles. Mais les délais imposés par le fédéral sont trop courts : tous les dossiers doivent être clôturés d’ici la fin de l’année. Il faut repousser cette deadline pour laisser le temps aux CPAS de gérer l’afflux de demandes."
Le testing dans les maisons de repos
Satisfaite du travail fourni par le CPAS durant la crise, Karine Lalieux l’est beaucoup moins de l’accompagnement des maisons de repos. "Les Régions et le fédéral ne mettent pas tous les moyens en œuvre pour éviter que ce qu’on a vécu ne se reproduise."
Fortement touchés ces derniers mois, les homes font aujourd’hui tout leur possible pour que le Covid-19 ne rentre plus dans leurs établissements. "Maintenant qu’on a les capacités de tester la population, il faut en profiter pour que le virus reste en dehors des maisons de repos. Mais les niveaux de pouvoir supérieurs ne nous en donnent pas les moyens : on doit payer nous-mêmes les tests et on en est réduits à devoir faire semblant de tousser puisque les asymptomatiques ne sont pas testés."
À Bruxelles-Ville, tout nouveau collaborateur, quel que soit son statut, et tout membre du personnel revenant de congé sont désormais soumis à un test PCR. Depuis une semaine, des tests sérologiques sont également réalisés. "Je pense que c’est indispensable si on veut vraiment prévenir une deuxième vague. Mais cela a un coût, plus de 60 000 euros, que nous sommes capables de débourser mais que les plus petits CPAS ne peuvent pas se permettre. C’est là que la Région doit intervenir, tout comme dans la mise en place d’une réserve de matériel. On ne peut pas exiger des établissements qu’ils en constituent une sans leur en donner les moyens."