L’Enclos des fusillés, un cimetière bruxellois méconnu en l'honneur des résistants
C’est au Tir national que furent fusillés par l’occupant allemand l’infirmière Edith Cavell, l’architecte Philippe Baucq ainsi que Gabrielle Petit.
Publié le 23-08-2020 à 14h04
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Entre les bâtiments des chaînes nationales RTBF et VRT, et la crèche de la RTBF, se cache discrètement un très beau cimetière honorant 365 résistants, dans l’Enclos des Fusillés, lieu de mémoire de la résistance
Historiquement les militaires ont toujours disposé de terrains pour s’exercer et s’entraîner au maniement des armes de guerre. Pour répondre à l’engouement que suscite l’exercice du tir en Belgique, un stand de tir national permanent, les "Cibles Nationales", fût inauguré en 1861 place Dailly à Schaerbeek.
Vingt ans plus tard, le perfectionnement des armes à feu, à la portée de plus en plus longue, ne permet malheureusement plus un entraînement optimal dans des stands devenus trop petits. De plus, l’expansion urbanistique du quartier rapproche dangereusement la zone bâtie du champ de tir. Le Tir National s’installe à Schaerbeek en 1889, le long du boulevard Reyers, sur un terrain de 30 hectares aux abords d’Evere et de Woluwé,. Ce grand bâtiment de style néo-médiéval en briques et pierre blanche, avec un imposant pavillon central à tourelles, abritant des locaux de tir, sera démoli en 1963 pour faire place aux nouveaux locaux des télévisions nationales RTBF et VRT.
Mais le Tir National, est malheureusement synonyme de réquisition par les forces allemandes pendant les deux guerres mondiales, devenant le lieu où des résistants et héros ont été fusillés.
Haut lieu de l’héroïsme belge pendant les deux guerres, c’est au Tir national que furent fusillés par l’occupant allemand l’infirmière Edith Cavell (enterrée toutefois à Westminster Londres) et l’architecte Philippe Baucq, tous deux principaux membres d’un réseau qui cachait et soignait des soldats belges et alliés, ainsi que Gabrielle Petit (enterrée au cimetière de Schaerbeek), une jeune fille qui appartenait à un réseau qui espionnait les mouvements des troupes d’occupation sur la partie de la Belgique occupée par l’Allemagne.
Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux résistants furent également exécutés par l’occupant allemand au Tir National : les poteaux d’exécution, un mémorial et les sépultures sont restés jusqu’au 29 avril 1963 époque du dynamitage des édifices et des deux tours monumentales dans le cadre du chantier des nouveaux bâtiments de la RTBF-VRT.
Ce cimetière où reposent 365 véritables héros belges et français de la Résistance, est situé 102 rue Colonel Bourg à l’endroit même de leur exécution sous un nom d’Enclos des Fusillés qui ne le met pas réellement en valeur, et est heureusement classé depuis le 12 janvier 1983. Son entretien doit être assuré par la RTBF, et le lieu doit être conservé intact dans le projet de construction du nouveau quartier Mediapark, incorporant les nouveaux locaux de la RTBF.
Par sa sobriété, l’Enclos des Fusillés, alignant des croix, des étoiles de David et des stèles de béton, s’inscrit dans la lignée des cimetières commémoratifs des deux guerres, situé sur un terrain rectangulaire en forte déclivité et entouré d’arbres, l’ensemble est partiellement bordé d’une haie et longé au sud par une butte de l’ancien Tir national, lieu de recueillement et de souvenir, il mérite d’être mieux connu.