Rajae Maouane : "Il faut sauvegarder la friche Josaphat et sa biodiversité urbaine"
Écolo s’oppose à la première mouture du PAD Josaphat et plaide pour des alternatives. Un problème de gouvernement en vue?
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Publié le 09-06-2021 à 20h43 - Mis à jour le 15-06-2021 à 20h13
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Elle est attendue pour la fin de l’été. La nouvelle mouture du Plan d’aménagement directeur (PAD) qui concerne la friche Josaphat, située dans la capitale, est sur le point d’être finalisée par le gouvernement bruxellois. Après quoi, une seconde enquête publique sera lancée, vraisemblablement à partir de la rentrée de septembre. L’exécutif Vervoort a en effet été forcé, face à l’avalanche de critiques émanant de riverains, de naturalistes, de la commune de Schaerbeek mais également de la Commission régionale de développement (CRD), de revoir sa copie.
Un projet impulsé avant l’arrivée des verts
De quoi parle-t-on ? De cet écrin de nature et de biodiversité de 24 hectares, situé sur les communes de Schaerbeek et d’Evere, qui fait aujourd’hui l’objet d’un grand projet d’urbanisation dans la capitale. La majorité régionale a en effet décidé, au terme de la législature précédente (2014-2019), de créer, sur le territoire de cette ancienne gare de triage, un écoquartier de 1 600 logements assortis d’écoles, de centres sportifs et culturels et d’un espace vert public de quatre hectares. Mais voilà, de nouvelles espèces (oiseaux, abeilles sauvages, papillons…) sont régulièrement répertoriées sur ce site abandonné et laissé à l’état de friche depuis plusieurs décennies. D’aucuns estiment dès lors que ce projet d’urbanisation de la friche Josaphat, tel qu’il a été pensé juste avant les élections de mai 2019, ne présente pas de garanties suffisantes quant à la protection de la biodiversité qui s’y est développée.
Espaces verts et logements abordables
C’est notamment la position des verts francophones et néerlandophones qui sont montés dans l’attelage gouvernemental bruxellois en juillet 2019. "C’est précisément la raison pour laquelle Écolo/Groen a réclamé le lancement d’une seconde enquête publique", martèle Rajae Maouane. Pour la première fois, la coprésidente d’Écolo sort du bois pour clarifier la position de son parti par rapport à l’avenir de cette friche, considérée comme l’un des derniers réservoirs fonciers de la Région bruxelloise. "Il y a deux urgences à Bruxelles : l’urgence climatique et l’urgence du logement, souligne-t-elle d’emblée. Nous manquons cruellement d’espaces publics verts et de logements de qualité qui soient abordables. L’équilibre est à trouver entre ces deux enjeux fondamentaux." Pour Rajae Maouane, cette réflexion doit par ailleurs inclure certains changements, parmi lesquels les effets de la crise sanitaire et les nouvelles prévisions démographiques. "Le boom démographique n’est plus une réalité aujourd’hui à Bruxelles. Il suffit de voir les prévisions à l’horizon 2030 et de les comparer à celles d’il y a dix ans. En outre, je constate que la crise du Covid a rebattu les cartes et a intensifié, dans le chef des Bruxellois, ce besoin de profiter d’espaces verts."
Une manière pour l’intéressée d’en venir au but : "Pour Écolo, il est clair qu’il faut sauvegarder la friche Josaphat et sa biodiversité urbaine. Quelque 1 200 espèces y sont dénombrées, c’est une denrée inestimable au cœur de Bruxelles. Les villes sont des lieux importants de propagation des maladies. En sauvegardant cette friche, c’est la santé physique et mentale des Bruxellois que nous préservons. C’est aussi une manière de convaincre les familles et la classe moyenne de rester à Bruxelles."
Transformer les bureaux vides
Dans ce dossier, Écolo et l’opposition MR (qui plaide pour la création d’une réserve naturelle sur la partie ouest de la friche) se disputent des parts de marché sur le plan électoral. Il n’est donc pas désintéressé de la part de ces deux partis de défendre, à plusieurs nuances près, la sauvegarde de la friche Josaphat et les bénéfices qu’elle procure à la classe moyenne.
Au sein de la majorité régionale, c’est le PS, par la voix de son ministre-Président Rudi Vervoort, qui a impulsé le projet d’urbanisation de la friche, tel qu’il a été adopté en première lecture sous la précédente législature. L’objectif poursuivi était et reste de répondre à la crise du logement que connaît Bruxelles. "Avant la crise sanitaire, la capitale dénombrait plus d’un million de mètres carrés de bureaux vides. Aujourd’hui, le phénomène s’est accentué avec le télétravail. Il est tout à fait envisageable de transformer ces bureaux en logements", suggère Rajae Maouane.
La coprésidente d’Écolo souligne enfin que son parti travaille à dégager le meilleur compromis possible au sein de l’exécutif bruxellois. "Nous sommes ouverts à toutes les alternatives, celles qui sont sur la table du gouvernement et celles qui pourraient émerger à l’issue de la seconde enquête publique. Le processus n’est pas terminé", temporise-t-elle.