La friche Josaphat, un écrin de nature au milieu du béton
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Publié le 09-06-2021 à 20h45 - Mis à jour le 10-06-2021 à 15h41
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Avec sa superficie d’environ 24 ha, la friche de l’ancienne gare de Schaerbeek-Josaphat est un des derniers grands espaces ouverts en Région bruxelloise, explique René-Marie Lafontaine. "Ce qui en fait la valeur, c’est le fait que c’est un milieu ouvert relativement jeune du point de vue de l’évolution de la végétation", poursuit ce chercheur de l’unité Biologie de la conservation à l’Institut royal des Sciences naturelles.
Un écosystème très spécifique y a vu le jour de manière presque accidentelle. Dès les années 1980, une végétation remarquable s’était installée entre les installations de la gare - qui a cessé ses activités en 1994 - et autour d’elle. Au début des années 2000, le site était ainsi considéré comme étant de très haute valeur biologique, rappelle un article publié dans la revue du cercle des naturalistes de Belgique.
Mais son visage va fortement se transformer à partir de 2012, en raison de divers travaux d’aménagement et du déversement de dizaines de tonnes de sable extraites lors du creusement du tunnel Schuman-Josaphat. Paradoxalement, "avec cette couverture sablonneuse, on est revenu à un stade où il n’y avait quasiment aucune végétation. Cette situation a favorisé l’apparition d’une série d’espèces pionnières qui sont petit à petit en train de coloniser l’ensemble de la zone et plus particulièrement les mares", creusées par quelques bénévoles, décrit notre interlocuteur.
Une très grande diversité d’espèces
Si le site ne répond pas aux critères qui permettraient de lui accorder un statut écologique particulier (de type Natura 2000), il n’en abrite pas moins une biodiversité très riche. Près de 1 000 espèces y ont été observées, selon les dernières données des recensements qui y sont régulièrement réalisés.
"Les deux groupes pour lesquels il présente un intérêt majeur sont les hyménoptères (guêpes, abeilles…) et les libellules. Pour les hyménoptères, je pense que c’est le site qui compte le plus grand nombre d’espèces observées en Belgique. Il est aussi intéressant pour les orthoptères (criquets et sauterelles)", souligne le biologiste. À Bruxelles, il reste peu de zones refuges pour ces espèces, note-t-il. En outre, l’orientation de la friche Josaphat en fait également un point de passage très apprécié de nombreux oiseaux migrateurs, complète-t-il.
Une solution de compromis pourrait être de concentrer les projets de logements au nord-ouest de la voie de chemin de fer - là où se trouvent actuellement une série de dépôts industriels - et de garder la zone verte en l’état au sud-est ; tout en la gérant pour qu’elle conserve cette végétation pionnière sans être envahie par les buissons et les arbres. Du point de vue de la biodiversité, c’est une approche "acceptable", juge le scientifique, avançant que le site pourrait devenir un terrain d’études et d’éducation pour les scientifiques qui pourraient y organiser des visites encadrées pour le grand public et les écoles.
Et de souligner cet autre paramètre, largement mis en évidence ces derniers mois : "Les Bruxellois sont loin de la nature et une grande partie de la population le regrette. Pour les gens qui habitent en milieu urbain, ce genre de zone contribue à rendre la ville beaucoup plus agréable dans un environnement très minéralisé."