Ixelles: l’émoi autour de violences sexuelles ne s’éteint pas
Quelque 1 300 personnes ont marché à Ixelles. Le politique se saisit du dossier alors que le parquet travaille discrètement.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/0906a181-9f27-446f-986d-ad9375b3fa83.png)
Publié le 15-10-2021 à 22h38 - Mis à jour le 18-10-2021 à 09h13
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VO45B2JYKNAZFANHCQUE3725TQ.jpg)
La secrétaire d’État à l’Égalité des genres Sarah Schlitz (Écolo) tient à se saisir du dossier des agressions sexuelles qui auraient été commises dans des bars du quartier du Cimetière d’Ixelles, proche de l’ULB. Elle a invité les ministres de l’Intérieur et de la Justice à une "réunion d’urgence" programmée mercredi.
Dès dimanche, de nombreux témoignages de jeunes femmes ont déboulé sur les réseaux sociaux, d’abord sur les comptes du groupe "Féminisme libertaire Bruxelles". Elles font état de malaises inexpliqués après des consommations pourtant modérées de boissons, qui ont débouché sur des agressions sexuelles dans ces cafés ou alors qu’elles avaient été raccompagnées.
Un serveur en particulier, qui a travaillé dans deux bars, est pointé, pour des faits datant parfois d’il y a quelques années. Le spectre du GHB, "drogue du viol", subrepticement glissé dans un verre et qui annihile les défenses mentales, est évoqué.
Des plaintes ont été déposées ces derniers mois, a confirmé le parquet de Bruxelles, qui a ouvert une enquête pour faire la lumière sur les circonstances exactes des faits. C'est là une annonce qui n'a guère apaisé les esprits. Jeudi soir, quelque 1 300 personnes ont défilé dans les rues d'Ixelles pour dénoncer une culture du silence autour des violences sexuelles et soutenir les victimes. "Victime, on te croit. Agresseur, on te voit", pouvait-on ainsi lire sur un calicot.
Le politique se mobilise
Le bourgmestre d'Ixelles, Christos Doulkeridis (Écolo), a rencontré jeudi soir les organisatrices de la Marche "pour un moment d'échanges très instructifs", précise-t-il sur son compte Facebook. Il annonce un plan d'action. Des associations spécialisées recueilleront la parole des femmes. La commune veut mobiliser le secteur Horeca ixellois pour rendre l'ensemble des établissements women friendly.
La secrétaire d'État Sarah Schlitz n'est pas en reste. "Nous voulons déterminer comment endiguer le phénomène. Il y a un problème persistant au Cimetière d'Ixelles. Beaucoup de témoignages nous remontent ces derniers jours", dit-on à son cabinet. Mme Schlitz a dès lors décidé de convoquer, comme elle l'indique sur Twitter, une "réunion d'urgence" avec les ministres de l'Intérieur et de la Justice mercredi. La forme que prendra cette réunion n'est pas encore gravée dans le marbre : les ministres seront-ils présents ? Ou cela se tiendra-t-il entre collaborateurs de cabinet ?
Un précédent dans le quartier
Si ces allégations de viol sont confirmées, ce ne serait pas le premier important dossier mœurs dans ce quartier d'Ixelles. En novembre 2019, une étudiante avait lancé un avertissement sur un groupe Facebook, expliquant avoir été violée par un chauffeur de taxi Collecto. Une autre étudiante y avait fait écho. L'enquête avait débouché sur une arrestation et l'identification de neuf victimes. L'homme fut condamné à 12 ans de prison.