Ce lundi, la Région bruxelloise demandait à Etterbeek de supprimer ses nouvelles pistes cyclables : "C'est schizophrénique"

Les suites de la saga de la piste cyclable sur l'avenue de Tervueren.

S. Le.
Ce lundi, la Région bruxelloise demandait à Etterbeek de supprimer ses nouvelles pistes cyclables : "C'est schizophrénique"
©JC Guillaume

Ce lundi, des ouvriers ont construit une piste cyclable "monodirectionnelle" sur la latérale en direction du Cinquantenaire. Ce chantier fait suite à une ordonnance de police prise vendredi par le bourgmestre d'Etterbeek, Vincent De Wolf (MR). "Il y a de plus en plus de cyclistes qui circulent, d'enfants, de vélos cargo… La situation devient dangereuse et il fallait prendre une mesure", défendait le libéral.

Mais ce lundi soir, on apprend que la Région a adressé un P-V à la commune, demandant non seulement l'arrêt des travaux, mais en plus la remise en état des lieux pour ce mardi 17h. Sans quoi la Région menace d'elle-même procéder à l'évacuation du matériel placé en voirie, tout cela aux frais de la commune.

Sur Twitter, le bourgmestre d'Etterbeek a fait part de sa stupéfaction à la lecture de ce P-V. Il avait en effet discuté ce lundi midi avec la ministre bruxelloise en charge de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen), et rien n'indiquait un tel scénario.

Contacté par La Libre, le libéral s'explique . "Lors de notre entrevue, la ministre était très fâchée qu'on ait commencé les travaux. Mais j'étais moi aussi très fâché parce que Bruxelles-Mobilité a donné l'ordre à l'entrepreneur d'arrêter en lui rappelant que c'était cette administration qui était l'entrepreneur principal de la Région. J'ai donc indiqué à la ministre que ce n'étaient pas des pratiques acceptables dans un pays démocratique et que si on veut s'opposer à une décision légitime prise par un organe démocratique officiel - à savoir le collège communal - alors il faut aller en justice, mais pas faire pression sur un entrepreneur. Finalement, dans la demi-heure, les travaux ont pu reprendre. La ministre a voulu revoir les plans, ce qu'on a fait et elle a par contre marqué clairement son accord sur ce qui avait déjà été fait, en disant même que ce n'était pas si mal. De l'autre côté, Bruxelles-Mobilité chipotait pour 10 cm, car la largeur de notre piste est de 1,40 mètre et il estime selon leur vademecum - qui je le rappelle n'est pas une règle juridique - qu'il faudrait au moins 1,50 mètre. Avec Bruxelles-Mobilité, j'ai pu m'entretenir par la suite et on va travailler à une solution pour faire droit à leur demande."

"C'est schizophrénique", ajoute encore Vincent de Wolf. "Car quand ils viennent dire qu'on a violé les règles, c'est totalement faux. Il y a un 'machin' qui s'appelle la 'Coordination de chantiers', remis en cause d'ailleurs au parlement bruxellois car il ne fonctionne absolument pas du tout. Tous les entrepreneurs et échevins des travaux de Bruxelles vous le diront, ce 'truc' ne ressemble à rien: il y a 40 intervenants, ils changent tout le temps d'avis et c'est totalement ingérable. Mais de notre côté, avant le début des travaux, on avait clairement inscrit dans la 'Coordination des chantiers' le début et la nature des travaux. Je signale en outre que la sécurité routière reste une compétence du bourgmestre. Je constate aujourd'hui qu'il y a un réel danger parce qu'il y a des conflits entre piétons et cyclistes, il y a de plus en plus de trottinettes ou vélos électriques, des enfants de plus en plus nombreux - trois fois plus qu'il y a deux ans - donc moi j'arrête d'attendre et j'ai pris cette mesure."

Et à quoi faut-il s'attendre ce mardi ? "Moi je ne m'attends à rien", réplique le libéral. "Je continue. Aujourd'hui, une piste cyclable est déjà opérationnelle du côté nord et demain on poursuit les travaux du côté sud. Leur P-V je leur réponds et c'est tout. S'ils veulent tirer les conséquences de leur P-V, ils n'ont qu'à aller en justice. Mais je sais qu'ils ont tort. Je le répète: ni mes services ni moi-même sommes impressionnés par ce P-V. C'est une réaction de frustration de l'administration régionale parce que c'est difficile pour eux de voir qu'on va faire en trois jours ce qui aurait dû être fait depuis déjà plus de deux ans."

Quant à la discordance entre la réunion avec la ministre et le P-V adressé en soirée, Vincent De Wolf souligne: "Je pense que la ministre Van den Brandt est de bonne volonté, mais j'ai la conviction qu'elle n'en sort pas avec son administration et qu'elle n'a pas d'autorité sur elle. Mais c'est tout de même dingue parce qu'on avait convenu que la ministre arrêtait de s'opposer. Alors qu'elle fasse un P-V pour dire que ça ne va pas et qu'on ne pouvait pas faire ça, d'accord je le comprends. Mais qu'on confirme l'ordre d'arrêt des travaux, ça n'a pas de sens."

Mise à jour (09/11/2021 12h30)

Découvrez ici la réaction de la ministre Elke Van den Brandt, que nous avons recueillie ce mardi matin

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