Uccle Sud-Ouest, le nouvel eldorado des promoteurs
Bourdon, Engeland, Calevoet, Homborch … le Sud-Ouest d’Uccle se densifie depuis 20 ans au grand dam des riverains.
Publié le 21-01-2022 à 10h27
:focal(1275x858:1285x848)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ZZNOS7II6NGSVCPSDLY7KK6TIU.jpg)
Ils se sont improvisés cartographes. Fin 2021, Marc Schmitz et Martine De Becker du comité de quartier Kinsendael-Kriekenput ont produit une carte "non exhaustive" des projets de logements récents et à venir au Sud Ouest d'Uccle. "1000 logements déjà aujourd'hui et demain, 2000 ?"
Une étude menée par la commune sur les projets de plus de 10 logements montre une création de 2100 logements à Uccle entre 2000 et 2020. Jonathan Biermann, échevin MR au logement et à l'urbanisme, constate que les quartiers du Sud-Ouest ont été rapidement densifiés depuis 20 ans. "C'était une zone plutôt préservée avant avec des sites de production." Des sites aujourd'hui convoités par des promoteurs comme l'ancien Illochroma.

“Les projets se cumulent sans vue d’ensemble”
Ces propos d’Ann Mary Francken du comité Calevoet sont partagés par tous les comités de quartier que nous avons contactés. Voirie trop étroite ou trop encombrée pour soutenir un flux plus fort de voiture, places d'école ou de crèche manquantes obligeant justement les riverains à prendre leur voiture, projets qui n'incluent pas de commerces locaux… Des nuisances encore plus incompréhensibles pour les riverains qui estiment voir trop de nouveaux projets par rapport à la demande effective de logements.
Face à ses considérations, Jonathan Biermann explique que pour chaque quartier, des normes de densification sont prévues (la zone la plus protégée reste le quartier de Prince d'Orange) . De plus "les charges d'urbanisme que touche la commune pour chaque projet sont réinvesties dans des infrastructures" comme la construction d'un nouveau bâtiment pour dédoubler les classes de maternelles à Calevoet. La commune utilise aussi la conversion des charges d'urbanisme en charge de logement pour obliger un promoteur à inclure une partie de logements sociaux dans son projet et en déléguer la gestion à une agence immobilière sociale.
Conseil d’État : le seul recours
Les chiffres transmis par la commune nous apprennent qu'entre 2000 et 2020, 49 % des nouveaux logements ont été construits sur des zones non bâties. Une réalité exaspérante pour Thérèse Verteneuil qui habite juste à côté du projet Engeland. Pour elle, tout a commencé avec la plan régional d'affectation du sols (Pras) de 2001 "Plein de zones sont alors devenues constructibles. Les promoteurs ont vite cherché la rentabilité au détriment de l'environnement. Pour Engeland,1800 arbres ont été abattus en 3 jours." Thérèse se sent alors impuissante face aux promoteurs. "Ils proposent toujours des chiffres bien au-dessus du nécessaire pour ensuite revoir à la baisse si l'on bloque. Notre seul vrai moyen de pression c'est un recours devant le Conseil d'État qui est saturé"

Interrogé sur cette prédominance de la confrontation sur le dialogue, le cabinet du ministre bruxellois de l’urbanisme, Pascal Smet, nous explique que la concertation en amont de la création d’un projet et non en aval sera un point central de la réforme à venir du Le Code Bruxellois de l'Aménagement du Territoire (CoBAT).
Alors dans dix ans ?
La commune estime que d'ici dix ans, 1800 logements pourraient être construits à Uccle. Ce chiffre compte les projets qui sont déjà à l'étude et les potentiels projets à venir au vu des zones constructibles. Dans cette estimation 400 nouveaux logements seraient dans la zone Caleveot et 500 dans la zone Bourdon. Parmi ses hypothétiques 1800, 300 logements seraient publics, principalement implantés sur des terrains régionaux non bâtis. On peut ici penser au projet Keyenbempt.
Espaces inoccupés : une vraie solution ?
Souvent invoquée comme solution miracle, la réhabilitation de site en logement est plutôt complexe. En 2020 Uccle ne comptait que 213 logements inoccupés. Pour les récupérer "les outils légaux disponibles pour les communes sont quasi inexistants" nous précise le service des rénovations urbaines ucclois. "Le seul outil actuellement en vigueur et mis en œuvre par la commune est la taxation sur les biens inoccupés." Uccle a également tenté une procédure d'expropriation "déboutée par la justice en juin dernier."

Autre piste : les bureaux. Perspective.Brussels nous explique que sur les 235 000 m2 de bureaux à Uccle, 16 580 étaient inoccupés au 31 mars 2021. Cependant, ces chiffres prennent en compte des espaces qui sont entre deux baux et donc potentiellement reloués une semaine suivante. La Région prévoit la conversion de bureaux en logements avenue Brugmann ou encore rue de Stalle. Si l’implantation sur des sites déjà existants limite l’impact environnemental, elle ne règle pas le problème de densification pour les riverains qui s’opposent notamment au projet de reconversion des anciens sites d’Illochroma ou d’AstraZeneca.