Bruxelles : des balayeurs pénalisés à cause de leur lieu de résidence ? D’anciens échevins parlent d’une "règle non écrite"
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Publié le 27-04-2022 à 06h35 - Mis à jour le 27-04-2022 à 13h10
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Bruxelles accorde-t-il une préférence communale à ses habitants pour l’octroi de certains contrats et postes ?
Du côté du collège communal, on ne se bouscule pas au portillon pour répondre à cette question. Tant Fabian Maingain (Défi), échevin de l’Emploi, que Zoubida Jellab (Écolo), échevine de la Propreté publique, affirment ne disposer d’aucune vue sur le sujet. À l’instar de Philippe Close (PS), bourgmestre de Bruxelles, ils nous renvoient vers Faouzia Hariche (PS), échevine en charge des Ressources humaines de la commune. C’est elle qui décide de l’étape finale des engagements. Elle dément tout système de préférence communale.
"C'est inexact de dire qu'on ne recrute que des Bruxellois, même en niveau C, D ou E. Seul un tiers de nos employés habitent la commune. Inévitablement, si le vivier où on recrute nos agents est composé d'une majorité de Bruxellois, une majorité de Bruxellois vont être engagés. Mais l'administration bruxelloise ne contourne aucune règle. Elle suit les consignes : la priorité, c'est ceux qui travaillent déjà à la Ville pour diverses filières d'insertion professionnelle (articles 60, contrats Jeunes, Rosetta, etc.) et ont reçu une évaluation positive. Car il existe toute une procédure de recrutement. Les personnes sont invitées à postuler et sont ensuite reçues par un jury. Il y a beaucoup de candidats mais peu d'élus, car on ouvre peu de postes par rapport au nombre d'agents qui postulent. Ceux qui reçoivent une évaluation positive, si on estime qu'ils sont compétents, on les engage", assure Faouzia Hariche.
Dans ce type de dossiers, en l’absence d’écrits, c’est bien souvent la parole des uns contre celle des autres.
Des ex-échevins confirment
Cette priorité qui serait accordée aux résidents communaux semble constituer une pratique connue des ASBL de mise à l'emploi, laquelle ne se limiterait pas à la commune de Bruxelles. "Beaucoup de communes ont une préférence pour les personnes qui habitent dans leur commune. Mais je ne peux pas le quantifier", pointe le directeur d'une ASBL qui travaille avec la Ville de Bruxelles.
"C'est une règle non écrite, assure Geoffroy Coomans Brachène (MR), échevin de l'Urbanisme de 2012 à 2018. Cela m'a heurté quand j'étais membre du collège communal. Philippe Close, quand il était échevin, nous disait à chaque fois que pour tout ce qui était poste de niveau A et B (universitaire et bachelier) était préférentiellement réservé aux personnes résidant en Région de Bruxelles-Capitale. Pour les niveaux C, D et E (secondaire supérieur, secondaire inférieur, primaire), ils devaient habiter la Ville de Bruxelles. Je ne crois pas que cela ait changé. La Ville engage plusieurs personnes par semaine. Vous imaginez le réservoir de voix ? Cela me dérange."
Els Ampe (Open VLD), échevine de la Ville de Bruxelles de 2012 à 2018, assure avoir été confrontée elle aussi à cette problématique. "Les membres du collège, quand ils engagent, veulent des personnes qui habitent à Bruxelles de préférence. Normalement, c'est illégal. Mais c'est bien la politique menée par les Philippe Close et Faouzia Hariche. Ils le disaient ouvertement en réunion ou en collège communal, souligne-t-elle. Ils donnent des consignes aux personnes qui font le recrutement, leur disant d'insister pour que le personnel déménage. L'idée derrière cela, c'est : 'Je vous donne un job, mais il faut voter pour moi.' C'est du clientélisme. De plus, Bruxelles n'a pas à se mêler de la vie privée de son personnel. Les gens ont leurs raisons pour vivre où ils vivent." Philippe Close, de son côté, ne souhaite pas réagir.
"Pour les postes qualifiés, comme une assistance sociale, le lieu de résidence importe peu. Mais pour les postes moins qualifiés, il y a toujours eu une préférence à qualité égale pour quelqu'un qui habite la Ville. Même si ce n'est pas une règle écrite", confirme un autre ancien échevin bruxellois, membre d'un autre parti.