Hervé Doyen, ex-bourgmestre de Jette, inculpé
Il est question de faux et de falsification de documents administratifs.
Publié le 01-06-2022 à 06h51 - Mis à jour le 01-06-2022 à 07h39
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L a DH apprend que le parquet demande à la chambre du conseil de Bruxelles de renvoyer devant le tribunal correctionnel, notamment pour faux par fonctionnaire, le bourgmestre jusqu'il y a peu (Hervé Doyen a quitté la fonction, jeudi passé) de la commune bruxelloise de Jette. Le parquet poursuit pareillement l'ex-secrétaire communal jettois Paul-Marie Empain, ainsi que l'ancien directeur des travaux communaux, Eric J., 63 ans.
Les trois sont suspectés d’avoir, étant fonctionnaires ou officiers publics, dans l’exercice de leurs fonctions, falsifié la chronologie de la présence d’amiante dans le couloir d’une école communale, l’école Aurore, établissement maternel et primaire situé rue Maurice Van Rolleghem, dans le nord de la commune.
Ainsi que La DH avait pu l'annoncer dès le 11 janvier 2011 et le 23 février suivant, des inquiétudes étaient apparues quant à la présence d'amiante dans le mur d'un couloir. Devant le risque d'inhalation de substances cancérigènes aujourd'hui totalement interdites, des enseignants, soutenus par la directrice, avaient menacé de partir en grève et les élèves étaient évacués, tandis que, écrivait-on à l'époque, "les autorités tenaient des propos rassurants", soutenant "qu' aucun amiante n'était présent".
En 2018, le bourgmestre Hervé Doyen, le secrétaire communal et le directeur des travaux, alors tous trois toujours en exercice, remettaient au parquet une chronologie destinée à cacher qu’il y avait bel et bien de l’amiante dans le mur du couloir. C’est du moins ce qu’estime le ministère public. Le mot "mur" n’était curieusement noté nulle part dans les chronologies fournies aux parents, aux conseillers communaux et au parquet.
Entre-temps, deux des trois inculpés ont quitté leurs fonctions avant terme, Hervé Doyen en particulier étant remplacé depuis la semaine passée par Mme Claire Vandevivere, tout en étant nommé à la tête de Lojega, la société de logements jetto-ganshorenoise.
Selon nos informations toujours, Hervé Doyen se voit reprocher d'avoir, "dans l'intention frauduleuse d'échapper à ses responsabilités en sa qualité de bourgmestre", rédigé, ou fait rédiger, une note récapitulative de la prise en charge de l'amiante présent dans l'école, en faisant débuter frauduleusement le point de départ de l'historique le 10 octobre 2007, en lieu et place du 1er octobre 2007, et en "omettant frauduleusement de signaler la présence d'amiante dans les murs d'un couloir" de l'établissement accueillant plusieurs centaines d'enfants.
Cette entourloupe présumée sur les dates ne serait pas innocente. Elle avait sa raison d’être. Quand l’affaire éclate dans les médias, grâce à la directrice, en janvier 2011, MM. Doyen, Empain et Eric J. savaient depuis 2007, ou devaient savoir, qu’il y avait en effet de l’amiante. Une étude de la société Fibrecount était arrivée à la commune le 1er octobre 2007. On connaît même l’heure : très précisément le 1er octobre 2007 à 16 h 09.
Malgré cela, des propos rassurants étaient tenus en 2011, quatre ans plus tard. Et l’étude de 2007 était confirmée par AIB-Vinçotte le 13 janvier 2011, soit après l’incident et l’intervention de la presse.
Empain et J., les deux co-inculpés de M. Doyen, font face à la même prévention.
À ce stade, les trois sont présumés innocents. L’affaire sera examinée par la chambre du conseil de Bruxelles, après la rentrée de septembre.